Un évêque au synode sur la famille

19 novembre 2015

Un évêque au synode sur la famille

Monseigneur Luc Van Loy, ancien vicaire général des Salésiens et évêque de Gand en Belgique a participé au synode sur la famille, à Rome. Il est intervenu à Lourdes au rassemblement de la famille salésienne. Il a mis l’accent sur le changement énorme qui est réalisé au sein de l’Eglise à cette occasion. La famille, lieu de référence du christianisme, échappe à tout modèle et interroge l’Eglise sur son fonctionnement et sa mission.

 

Le synode sur la famille a réuni 270 évêques de tous les coins du monde ainsi que 40 laïcs, quelques familles, 20 représentants d’autres Églises chrétiennes et 10 représentants des religieux.

 

Treize groupes linguistiques ont travaillé sur le texte de base

La nouveauté de ce synode a été que le travail s’est étendu sur deux ans. Début 2014, le Pape a fait présenter une enquête au peuple de Dieu dans le monde entier suivi, en octobre 2014, du premier synode sur la famille. Ensuite une seconde enquête a été présentée au peuple de Dieu. Avec ces éléments, un texte de base a été préparé pour le synode d’octobre 2015.

 

Treize groupes linguistiques ont d’abord travaillé sur ce texte de base. Les trois parties du texte ont ainsi été étudiées et amendées avant de passer dans la grande assemblée. Après tout ce processus une commission a rédigé le texte final, qui a été voté paragraphe par paragraphe par les 270 évêques recevant les deux-tiers des votes pour chaque paragraphe. Voilà que l’Église s’est renouvelée, offrant une ouverture fondamentale à la pastorale dans le contexte particulier des régions et des continents.

 

Le synode a déclaré que l’Église ne veut plus juger

La situation des familles est tellement différente dans chaque continent qu’il est difficile de parler d’une application unique de la doctrine de la foi. Il est clair que chaque baptisé est membre de l’Église. Le synode a déclaré que l’Église ne veut plus juger, mais au contraire s’ouvrir à chacun dans la situation concrète où il se trouve, aussi difficile soit elle. Prenons la situation des mariés, séparés et remariés. Dans la presse, on en a beaucoup parlé. Est-ce que ces personnes peuvent se présenter à la communion durant la célébration eucharistique ? La réponse est claire : l’Église doit s’occuper de ces familles nouvelles. On ne les juge pas, par contre on les accompagne pour trouver la façon la plus sûre pour s’intégrer dans la pleine communion de la communauté chrétienne.

 

Le pape François a retourné la pyramide

Entre parenthèse, on disait que l’Église s’est trop longtemps concentrée sur le fait qu’il y avait ou non union sexuelle. Pensons aux hommes qui terrorisent constamment leur partenaire, ou aux industriels qui terrorisent leur personnel, ou aux politiciens terrorisant des peuples entiers. Il nous parait injuste que ces personnes puissent se présenter à la communion alors qu’on la nierait à des personnes en difficulté de relation alors qu’elles ont honnêtement cherché et trouvé une nouvelle union de mariage stable et heureux.

 

L’Église a changé. Il y avait, de temps à autre, une tension entre la doctrine et la pastorale, comme il y en avait entre le principe du sabbat et les guérisons de Jésus, comme il y en a entre réprimander et accueillir, entre juger et accompagner. L’Église a changé grâce au pape François. A la fin de la célébration du 50ème anniversaire du synode Vatican II, le pape François a introduit clairement la notion de « synodalité ». C’est à dire qu’il a retourné la pyramide, donnant la première importance au niveau local des diocèses, après vient le niveau de la conférence épiscopale régionale et à la fin le niveau mondial au saint siège. « Ne me demandez pas de résoudre des questions locales », a-t-il dit, « c’est à vous de le faire » toujours en communion avec le st Père.

 

Les mots-clefs du synode

le synode a travaillé dans la ligne de Vatican II, cherchant une merveilleuse ouverture. Les mots-clefs resteront dans la mémoire. Le premier est celui de la « synodalité », le sens de coresponsabilité à des niveaux différents, en dialogue avec tous. Le deuxième est le « discernement », pour aider les jeunes à bien comprendre le sens de l’engagement pour la vie. Le troisième : la « miséricorde », en exprimant par là que l’Église ne veut plus juger les personnes mais les accueillir. Et enfin il reste le mot « tendresse », pour signifier que l’Église est mère de tous. Comme nous l’avons appris, Don Bosco, lui, parlait de « amorevolezza ». Le pape a traduit ce terme par « miséricorde », et le synode l’a fait par « tendresse ».

 

Le synode a renouvelé le cœur des évêques. Que le cœur des chrétiens puissent également être renouvelé.

 

Mgr Luc VAN LOY,
ancien vicaire général des Salésiens et évêque de Gand en Belgique
19 novembre 2015

 

 

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