En Colombie, les salésiens, guérilleros de l’emploi

4 décembre 2014

En Colombie, les salésiens, guérilleros de l’emploi

En Colombie, au cœur d’un des quartiers les moins sûrs de Bogota, les salésiens de Don Bosco accueillent et forment les jeunes. L’ONG bruxelloise Via Don Bosco et la fondation française Saint Paul Apôtre y ont soutenu un projet remarquable, baptisé Pacto Motor.

 

 

La Colombie : un pays d’une richesse et d’une croissance économique incroyables mais affecté en même temps par une pauvreté et une inégalité sociale extrêmes ; marqué à la fois par un urbanisme révolutionnaire et innovant et par un conflit armé à l’origine d’un exode rural forcé.

 

Le centre Juan Bosco Obrero se situe au cœur de Ciudad Bolívar, l’un des quartiers populaires les plus peuplés, les plus pauvres et les moins sûrs de Bogota. Au cours des dernières décennies, Ciudad Bolívar a accueilli des familles déracinées venues du pays tout entier, fuyant la lutte armée qui oppose les différents groupements (para)militaires et révolutionnaires. Aujourd’hui, à quelque 3 000 mètres d’altitude, ce sont plus de 500 000 personnes qui vivent entassées dans d’innombrables mini-habitations en béton le long d’un lacis inextricable de ruelles.

 

Le centre professionnel : une chance pour les jeunes

C’est ici qu’il y a quinze ans, Padre Jaime – un salésien colombien qui ne manque aucune occasion de rappeler qu’il a étudié trois ans à Louvain – a concrétisé son rêve : la construction d’un centre professionnel et d’un foyer pour les fils et les filles de Ciudad Bolívar. Nombre de jeunes entrent en contact avec le centre JBO via les cours hebdomadaires de rap, de salsa, de capoeira et de break dance organisés par les associations de jeunes du centre. En même temps qu’ils s’adonnent à leur nouveau passe-temps, ils découvrent une nouvelle manière d’exprimer leurs peurs, leurs rêves et leurs désirs.
Ciudad Bolívar connaît un taux de chômage extrêmement élevé, et sur cinq jeunes entre 16 et 24 ans, un seul fréquente l’école. Bon nombre de jeunes cherchent leur salut dans des bandes armées et des pratiques commerciales illégales, un cercle vicieux qui entretient l’image négative du quartier et de ses habitants, et favorise encore davantage l’exclusion socio-économique.

 

Chaque année, au centre JBO, plus de huit-cent jeunes suivent une formation professionnelle et deviennent électriciens, charpentiers ou mécaniciens automobiles. Mais il ne leur suffit pas de suivre une formation pour accéder automatiquement au marché du travail et encore moins pour décrocher un emploi décent. Tant s’en faut. Pour accompagner les jeunes diplômés dans leur recherche d’un emploi, le centre JBO a mis sur pied, voici une dizaine d’années, une agence pour l’emploi, avec le support de VIA Don Bosco. Cette agence a rapidement enregistré des résultats remarquables.

 

Un partenariat entre le public et le privé qui fonctionne

Au lendemain d’un grand salon pour l’emploi en 2010, Rosalba et son équipe ont fait un constat douloureux mais limpide : des dizaines d’entreprises actives dans le secteur automobile et du transport cherchent du personnel, mais les jeunes diplômés de Ciudad Bolívar sont recalés au moment de la sélection. C’est ce manque manifeste de rapprochement entre les attentes des entreprises, d’une part, et « l’offre » de jeunes chercheurs d’emploi, de l’autre, qui a réuni Rosalba et le président de la Fondation Chevrolet autour de la table. Cette rencontre a donné naissance au Pacto Motor.

L’idée centrale du Pacto Motor est que tout le monde profite d’un pacte multi-acteurs en faveur du travail décent dans un secteur déterminé. Le secteur automobile recherche du personnel technique bien formé, les fondations d’entreprises poursuivent un entreprenariat socialement responsable et les salésiens, en tant qu’éducateurs, veulent préparer les jeunes à exercer un travail décent par le biais de programmes de formation de haute qualité.

 

Un modèle exemplaire pour la Colombie

Le projet pilote a remporté un vif succès : en 2013, plus de 150 jeunes ont trouvé un travail décent grâce au Pacto Motor, soit quatre-vingt-dix-huit pour cent des diplômés. Cette année, ce ne sont pas moins de 900 jeunes victimes du conflit armé en Colombie qui ont la chance de suivre une formation gratuite et de haute qualité dans le secteur de l’automobile et du transport. Ce modèle de « Pacte pour un travail décent » a suscité un tel enthousiasme de la part du Ministère colombien de l’Emploi et du Travail que des projets pilotes ont déjà été mis sur pied dans d’autres villes et secteurs. Le secteur touristique se trouve en tête de la liste des priorités.

Pour VIA Don Bosco, Pasto Motor est également un exemple de réussite. Pour le responsable de projet : « Il est très valorisant de constater que les projets dans lesquels nous avons investi avec nos partenaires au cours des dernières années – le centre professionnel avec ses ateliers, son agence pour l’emploi et ses associations de jeunes – peuvent ainsi se développer et s’épanouir. Donner aux jeunes des chances pour l’avenir sans s’arrêter … Voilà notre objectif ! »

 

Kaat Torfs

Responsable des projets pour la Colombie, Via Don Bosco

4 décembre 2014

 

 

 

VIA DON BOSO

Basé à Bruxelle, VIA Don Bosco soutient des organisations en Afrique, en Asie et en Amérique Latine. Celles-ci ont pour objectif d’améliorer les capacités professionnelles et sociales de personnes défavorisées de façon à les intégrer dans le monde du travail. A travers les projets d’éducation au développement, Via Don Bosco créé des liens entre des écoles belges et les partenaires du Sud.

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