Le travail de prévention au Valdocco d’Argenteuil

30 novembre 2018

Le travail de prévention au Valdocco d’Argenteuil

Rejoindre les jeunes dans les quartiers, telle est la mission des éducateurs de rue au Valdocco. Don Bosco Aujourd’hui est allé à interviewer Benjamin, éducateur spécialisé, et Marie Lacombe, directrice de l’établissement d’Argenteuil du Valdocco, pour mieux connaitre la spécificité de la présence sociale des éducateurs dans les quartiers Val d’Argent et les Coteaux. Quelle est la spécificité de leur présence ? Quel est leur objectif ? 

 

DBA : En quoi consiste le travail de rue ? Quelle est votre démarche auprès des jeunes des quartiers ?

La construction de la « relation éducative » : un « A » en plus !

 

  • L’approche : se connaître. L’apprivoisement mutuel.
  • L’accroche : nouer une relation d’alliance et de confiance
  • L’accompagnement : se donner des objectifs pédagogiques et des moyens d’action.
  • L’autonomisation : penser l’avenir et la responsabilisation du jeune.

Cette démarche portée par le Valdocco s’inspire des travaux d’Emmanuel Besnard sur la relation éducative.

Benjamin : Il s’agit dans un premier temps de se faire reconnaître, de se faire identifier comme éducateur. Cela prend énormément de temps. Car au début la plupart des jeunes nous prennent pour des passants. Certains nous prennent pour des policiers. D’autres nous prennent pour des acheteurs (de leurs produits de consommation). L’instauration de la relation de confiance dépend du contexte, de la personnalité des jeunes et de la manière dont le groupe fonctionne. Ensuite on va saisir les opportunités pour parler avec les jeunes de leur problématique. La relation se construit dans la durée.

Marie : Au Valdocco, la démarche de prévention a été théorisée par les mots : approche, accroche, accompagnement. L’approche, c’est la présence, l’animation de rue. L’accroche, c’est la création d’un lien singulier. Et on entre dans l’accompagnement quand le jeune sent que, face à ses difficultés, l’éducateur peut l’aider.

DBA : Qu’est-ce qui est spécifique au travail de rue ?

Benjamin : Le travail de l’éducateur de rue consiste à connaître la dynamique du quartier, les comportements des jeunes en bas des tours d’immeuble : leur type de regroupement, leurs déplacements, leurs relations avec les adultes. Il existe une dynamique propre à chaque quartier.

Depuis 1995…

Depuis 1995, le Valdocco a créé à Argenteuil de nombreuses activités autour d’un même objectif : prévenir la marginalisation potentielle des jeunes des quartiers en agissant le plus tôt possible.

Le Valdocco intervient aujourd’hui dans les quartiers du Val d’Argent Nord, des Coteaux et d’Orgemont par une équipe d’une quinzaine de professionnels permanents (éducateur de rue, éducateurs scolaire, animateurs), des volontaires en service civique, des stagiaires et une quarantaine de bénévoles.

Le Valdocco est à l’initiative des Salésiens de Don Bosco qui anime aussi une paroisse sur le même territoire.

DBA : Dans le système préventif de Don Bosco on parle de « aller vers » le jeune. Quelle est la difficulté que vous rencontrez dans cette première étape ?

Benjamin : Il y a un souci d’équilibre entre le lien à créer et l’obligation d’être le moins intrusif possible. Il faut commencer à sentir pour savoir si on peut être accueilli ou pas. Il y a des indicateurs. Par exemple, si vous dites « bonjour » à un jeune et que les autres à côté vous disent également « bonjour », c’est un indice.

DBA : Quelle est la caractéristique des jeunes en situation de risque de marginalisation ?

Benjamin : Le signe le plus évident chez les 16-25, c’est l’absence d’insertion dans la vie professionnelle, le caractère accidenté du parcours. Chez les plus jeunes, les 11-15 ans, le risque de marginalisation est moins visible mais réel : ils peuvent avoir un rôle de guetteur dans le quartier et s’inscrivent déjà dans un système parallèle.

DBA : Quelle est la difficulté que vous rencontrez le plus souvent chez les jeunes ?

Marie : Il y a une vraie problématique d’enfermement – au sens physique et psychique. Certains jeunes vont à la gare du Nord ou à la Défense, mais leur déplacement s’arrête là. La connaissance du monde, l’ouverture, c’est difficile pour eux. Quand le Valdocco propose des séjours, pour certains c’est la première expérience vécue hors du quartier.

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