Un discours de M. Blanquer décrypté par Emmanuel Petit, salésien de Don Bosco

17 janvier 2018

Un discours de M. Blanquer décrypté par Emmanuel Petit, salésien de Don Bosco

« Ce qui compte c’est le but que l’on poursuit : la réussite des enfants. » « On a besoin d’une école de la confiance ! » Ces phrases prononcées par le ministre de l’éducation, M. Blanquer, pourraient être reprises par tous les éducateurs du réseau. Pour Don Bosco « sans confiance pas d’éducation » et « en tout jeune il y a un point accessible au bien ».

 

Le ministre de l’éducation intervenait le 19 décembre dernier à la Chambre de Commerce de Paris sur le thème de la « disruption » (Lire l’interview dans le journal La Tribune). « Disruption » signifie « rupture », « brisure ».1

Les établissements Don Bosco promeuvent l’esprit d’équipe

« Ce qui fait la différence, c’est un esprit d’équipe, sa stabilité et le projet porté par la communauté éducative. » Sur cette notion de projet porté par la communauté éducative, les établissements salésiens n’ont pas à rougir. Prenez l’Institut Lemonnier à Caen : un projet d’échange international va être mis en place dans le cadre des commémorations du 75e anniversaire du débarquement en 2019. Il rassemble un professeur de chacun des lycées (agricole, professionnel, général et technologique). Autre exemple dans cet établissement, la mise en place des « commissions éducatives » pour échanger en équipe des dynamiques de classe compliquée sans passer par le conseil de discipline.

La responsabilisation des élèves dans la vie quotidienne

Mais, toujours selon monsieur Blanquer, « la communauté éducative, (…) ce sont aussi, au sens large, les 12 millions d’élèves. » Rien de plus vrai : n’est-ce pas précisément le sens du défi citoyenneté et le rôle donné aux différents conseils d’élèves dans notre réseau ? Voyez l’association des élèves (ADELPA) au lycée du Puits de l’Aune, dont le financement est assuré par la participation des élèves à l’entretien des lieux. La GLP du lycée des Ardilliers, qui a coordonné le lancement du label Défi Citoyenneté pour toute la région Ouest du réseau cette année. Ou encore la dernière « mission salésienne » à Chambéry qui a magnifiquement illustré cette réalité en mettant les élèves au cœur de l’organisation et de la réussite de ces journées anniversaires du lycée.

Dans les filières, la sélection des élèves n’a pas de sens

Autre phrase du ministre : « L’éducation est un sujet de long terme, qui doit s’inscrire dans la durée. Nous devons semer des graines, les faire pousser. » Matthieu Nison, professeur au lycée sainte Marie de Bailleul, ne s’en cachait pas lors d’une formation des Fondements de la Salésianité au CJB : « Pour redonner confiance à nos élèves de BAC Pro, il nous faut entre un et un an et demi. On peut alors commencer à enseigner. » Autre témoignage : Odile Jenvrin, professeure de mathématiques au lycée général et technologique de l’Institut Lemonnier de Caen. « Lorsque je prends des élèves en DNL2 (l’enseignement optionnel des mathématiques en anglais), je ne sélectionne pas. Car je porte mon regard sur les trois ans du lycée. Combien j’en ai connu que j’aurais mis de côté si je devais sélectionner, et qui se sont révélés en terminale ! Je les forme à leur futur métier de technicien et d’ingénieur européen, tout autant voir plus qu’à la seule épreuve académique au Bac. »

« Le monde sera de plus en plus technologique. Notre défi est de faire en sorte qu’il soit aussi plus humain. »

La remise en confiance est fait de tous ces petits « trucs » salésiens : l’accueil, la connaissance du jeune, la salle de cours autant que la cour de récré, les sorties, l’atelier, le mot à l’oreille, le « mot du soir » qui conclut le cours, la disponibilité et l’écoute du professeur,… Pour former de bons professionnels, il faut donc commencer par remettre le jeune en confiance avec ses propres capacités. A ce propos, une autre phrase du ministre nous parle à nous qui travaillons en établissement salésien : « Le monde sera de plus en plus technologique. Notre défi est de faire en sorte qu’il soit aussi plus humain. Il faut préparer les enfants à y entrer. Pour cela il faut du discernement et de la pluridisciplinarité. (…) De manière à leur apporter le meilleur viatique pour la vie. »

Une priorité à l’enseignement professionnel et à l’apprentissage

Pour conclure, une belle phrase du ministre sur laquelle nous espérons pouvoir compter avec la réforme prévue de l’apprentissage et de la formation professionnelle l’année prochaine : « Le lycée professionnel est ma deuxième priorité avec le primaire ». L’engagement du réseau salésien dans un enseignement professionnel et agricole de qualité est bien d’actualité !

Avec ses 150 ans d’existence, la pédagogie salésienne reste toujours aussi jeune à en juger par les propos du ministre. Toujours d’actualité !

 

Crédit photo : © Philippe Devernay / Ministère de l’éducation nationale

 

1 : Le mot disruption est un mot utilisé dès 1964 : « L’acte de la découverte a un aspect disruptif et un aspect constructif. Il faut qu’il brise les structures de l’organisation mentale afin d’agencer une synthèse nouvelle. »
Arthur Koestler – 1905-1983 – Le cri d’Archimède, 1964

2 : Le groupe D.N.L. (discipline non linguistique) travaille sur l’enseignement des mathématiques en langues vivantes étrangères (principalement en anglais, en général au sein d’une section européenne).

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