Le lycée de Ressins fête ses 100 ans : connaissez-vous son histoire ?

2 octobre 2021

Le lycée de Ressins fête ses 100 ans : connaissez-vous son histoire ?

Le lycée agricole de Ressins, dans la Loire, vient en ce début octobre 2021 de fêter 100 ans d’existence, lors d’un week-end de fête marqué notamment par la messe télévisée du Jour du Seigneur. Une histoire qui a commencé en 1920 dans un château, généreusement offert par Etienne Gautier, pour y fonder une école en faveur des paysans orphelins et pauvres. Depuis plus de 80 ans, les salésiens y sont présents et font vivre l’esprit de Don Bosco.

À sa mort, en 1903, Etienne Gautier, soucieux du développement des campagnes pauvres et des orphelins, fait don de son château avec ses dépendances – des bâtiments agricoles et 60 hectares de terres – pour y fonder une école d’agriculture. Il faudra attendre quelques années et la fin de la guerre pour que, en 1920, le cardinal Maurin concrétise ce projet, avec quelques prêtres entreprenants du diocèse de Lyon. En 1934, les salésiens prennent le relais et développent l’Institut qui a pris le nom de « Lycée Etienne Gautier ».

 

« Monsieur Etienne »

Il est l’héritier d’une famille d’industriels qui a fait fortune grâce au commerce du coton importé d’Egypte. Tout commence avec le grand-père, appelé lui aussi Etienne, et ses fils Louis et Charles. Homme d’affaire avisé, il investit dans les ponts sur le Rhône et le pont de pierre de Bordeaux, ainsi que dans les chemins de fer. Intéressé par la vie publique, il devient adjoint au maire de Lyon. Avec son fils Charles, l’ancêtre achète le château de Ressins avec quelques centaines d’hectares de pâtures et de bois. Il fait ainsi un placement judicieux dans l’agriculture en plein développement à l’époque.

Charles a quatre enfants, trois filles et Etienne. Aucun des quatre n’aura de descendance. Au début des années 1880, la maman d’Étienne, inquiète de son célibat prolongé, écrit à Don Bosco pour le recommander à ses prières. Ce dernier répond : « Pour Monsieur, votre fils, c’est-à-dire pour son mariage, il ne faut pas vous chagriner ainsi. Si, jusqu’à présent, tous ont échoué, vos projets n’étaient assurément pas aussi heureux que vous le supposiez, puisque la Providence les a fait échouer. Au contraire, dans cette pensée, vous devez vous réjouir et en remercier le Bon Dieu, qui connaît votre vrai bien et le veut à tout prix. Si Monsieur, votre fils est appelé au mariage, ce qui paraît, mais n’est pas certain, le Seigneur saura lui envoyer la personne qu’Il lui a destinée de toute éternité. »

Homme à plusieurs facettes

Il a étudié le droit à Paris, mais il se passionne pour la peinture et y consacre beaucoup d’énergie. Il s’affirmera notamment dans la peinture religieuse. Sa Sainte Cécile, actuellement accrochée dans la cathédrale Saint-Jean de Lyon, est primée en 1878 au Salon de peinture et de sculpture Paris. Cependant, le succès ne lui plaît guère. Il se tourne vers l’architecture et met à profit ses connaissances pour la restauration de châteaux dans la région ou à Paris. Il dresse les plans et intervient dans la construction d’un grand nombre d’écoles et d’églises dans les villages environnants, qu’il finance généreusement.

Il s’intéresse à la vie publique et se met au service des gens des alentours. C’est ainsi qu’il devient maire du petit village de Boyer, proche du château de Ressins. Surtout, il répond généreusement aux demandes des habitants venus le solliciter pour des problèmes personnels, ou pour l’amélioration des chemins et des ponts. Il écoute, conseille, trouve des solutions, use de ses relations pour régler les démarches, paie les dettes, rembourse les dommages, prête de l’argent, assure les études et les apprentissages des jeunes gens du pays.

Il est aussi attentif aux personnes : il visite les malades, se rend au chevet des mourants, prend à sa charge les frais médicaux, apporte les secours nécessaires dans les urgences. Il a des gestes pleins de délicatesse envers le personnel à son service et à celui de ses sœurs au château. De nombreux témoignages recueillis le montrent. Il est un chrétien convaincu, actif et engagé. Son entourage se sent parfois obligé de freiner sa générosité.

L’homélie de la messe télévisée a été prononcée par le père Frédéric Ozanne.

Ses dernières volontés

Atteint d’artériosclérose, sa santé se dégrade. Avant de s’éteindre, le 6 février 1903 à Paris, il prend des dispositions testamentaires en faveur d’un nombre impressionnant d’institutions venant en aide aux pauvres : hôpitaux, écoles, fabriques d’église, communes. Et en particulier ce que nous pourrions appeler l’acte de fondation du futur lycée de Ressins : « Je demande à ma sœur d’organiser aussi rapidement que possible une œuvre de charité chrétienne, de préférence un orphelinat de garçons ou asile rural, tenu par des sœurs ou des religieuses, ou à défaut, par des personnes offrant toutes garanties au point de vue moral et religieux. Les orphelins de Boyer, Nandax, Coutouvre, Saint-Hilaire-sous-Charlieu, Villers seraient admis par ordre de préférence. Ils pourraient apprendre à travailler avant d’être placés ensuite chez de bons fermiers ou chez des propriétaires chrétiens. »

Des élèves ont « repeint » les animaux du lycée…

Le lycée a acquis un large rayonnement dans la région et les départements environnants. Il a formé des personnalités fortes qui ont pris une part importante dans le développement de l’agriculture locale et du monde rural, des citoyens responsables au service de la population, des chrétiens engagés dans l’action sociale et la politique, actifs dans les paroisses. Il compte aujourd’hui plus de 500 élèves.

 

Jean-François MEURS

–> Pour revoir l’homélie prononcée à l’occasion de la messe télévisée, cliquer ici.

Oeuvres salésiennes