P. Jean-Marie Petitclerc sur RCF : « La crise de crédibilité des autorités »

17 novembre 2020

P. Jean-Marie Petitclerc sur RCF : « La crise de crédibilité des autorités »

Chaque mercredi matin, RCF diffuse sur ses ondes nationales la chronique des Salésiens. Cette semaine, le père Jean-Marie Petitclerc, salésien de Don Bosco, éducateur, coordinateur du réseau Don Bosco Action Sociale (DBAS), nous propose « La crise de l’autorité ».

Dans ce contexte plein d’incertitudes, avec cette crise sanitaire qui n’en finit pas de durer, il est beaucoup question aujourd’hui du difficile rapport de bon nombre de nos concitoyens avec l’autorité. Qu’en penser ? J’aimerais tout d’abord distinguer deux notions qu’on a parfois tendance à confondre : celle de pouvoir et celle d’autorité. Le pouvoir, je le reçois de l’institution. L’autorité, si j’y réfléchis bien, je la reçois de ceux et celles auprès de qui je l’exerce. Ainsi, dans une classe, deux enseignants ont même pouvoir, même délégation du chef d’établissement pour assurer la discipline du groupe « classe », mais ils n’ont pas la même autorité. On peut avoir du pouvoir. On n’a jamais l’autorité. : on fait, ou on ne fait pas autorité. D’ailleurs, dans l’évangile, lorsque l’on parle de l’autorité de Jésus, ce sont les gens qui font le constat : « Voilà un homme qui parle avec autorité ». L’autorité, c’est une relation.

 

Comment fait-on autorité ?

Il me semble que ce qui a changé aujourd’hui, avec la crise de confiance dans les grandes institutions, c’est qu’une position de pouvoir ne confère plus de manière systématique une position d’autorité. Celle-ci est de moins en moins liée au statut de la personne qui l’exerce. Les jeunes en particulier y sont de moins en moins attentifs (On se souvient de l’interpellation de notre président de la République par un collégien : « alors, Manu, comment ça va ? ». Il s’adressait au président comme il se serait adressé à n’importe quel voisin !) Mais ce qui leur importe, c’est la qualité de relation nouée avec l’adulte. Et le fondement de l’autorité, c’est la crédibilité de ce dernier. Voilà pourquoi je ne cesse de dire aux politiques que notre pays ne connaît pas une crise de l’autorité, comme le titrent certains journaux, mais une crise de crédibilité des porteurs d’autorité. Et cette crise touche la famille, l’école, les différentes institutions, telles la police, la justice, ainsi que le politique. Pour que la relation d’autorité fonctionne, encore faut-il que le porteur soit jugé crédible ! Telle est à mes yeux la racine du problème rencontré aujourd’hui par le gouvernement et les grandes institutions. Le « flou » concernant le périmètre de certaines mesures du confinement a considérablement nui à la crédibilité des porteurs !

 

Mais comment restaurer cette crédibilité ?

La base de la crédibilité, c’est la cohérence entre le dire et le faire, entre la parole et les actes. Le « Fais ce que je dis, mais pas ce que je fais ! », cela ne marche plus en éducation. Voilà pourquoi Don Bosco était très exigeant vis-à-vis de ses éducateurs sur ce point. Il leur demandait d’être exemplaires auprès des jeunes. D’ailleurs, ce que Jésus reproche le plus véhément aux scribes et aux pharisiens, en charge de transmettre l’Écriture sainte, c’est leur hypocrisie, car cet écart entre leur parole et leur comportement mine leur capacité à faire autorité. Parents, enseignants, éducateurs, politiques, combien il est urgent de veiller à sa propre crédibilité si l’on veut continuer de vouloir faire autorité auprès des jeunes de ce temps !

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