Etre éducateur aujourd’hui (3) : « Comme un bambou »

3 septembre 2025

Etre éducateur aujourd’hui (3) : « Comme un bambou »

En cette rentrée scolaire 2025-2026, sœur Anne-Flore Magnan, salésienne de Don Bosco, directrice de l’internat Don Bosco de Ganshoren, propose trois méditations autour de la mission d’éducateur, autour de trois mots : le phare, le marathonien, le bambou.
Voici le premier volet : « Comme un bambou »

Le bambou ne pousse pas comme les autres plantes. Les premières années, rien ne semble se passer. On arrose, on prend soin du sol, on veille, et à la surface… seulement quelques centimètres de tige fragile.
On pourrait croire que c’est inutile, que rien ne prend.

Mais sous la terre, en silence, le bambou prépare ses racines. Il construit un réseau solide, invisible, capable de soutenir une croissance fulgurante.
Et puis, un jour, sans prévenir, il se met à pousser… parfois plusieurs dizaines de centimètres en quelques semaines.
Être éducateur, c’est accepter que le travail le plus précieux soit souvent celui qu’on ne voit pas tout de suite. On plante des graines de confiance, on nourrit l’estime de soi, on installe des repères.
Rien ne semble changer, et pourtant, sous la surface, le jeune construit ses fondations.
La patience est nécessaire. Ne pas confondre lenteur et immobilité.
Accepter que la croissance ne soit pas toujours visible, mais qu’elle soit bien là.
Et quand vient le moment où le jeune s’élève, cela peut être spectaculaire.
En peu de temps, il prend confiance, il franchit des étapes, il se surprend lui-même.
C’est alors que l’éducateur comprend : chaque geste, chaque mot, chaque moment passé à croire en lui… a nourri cette poussée.
Le bambou est aussi souple et solide à la fois. Il plie sous le vent, mais ne rompt pas. Il encaisse les tempêtes sans se briser.
De la même façon, un jeune accompagné apprend qu’il peut plier sans céder, résister sans se fermer, avancer même après avoir été secoué.
Et surtout… le bambou ne pousse pas seul. Il se développe au cœur d’une forêt, entouré d’autres tiges qui l’aident à tenir droit…une bambouseraie ! D’autres bambous, comme lui.
L’éducateur n’est jamais seul non plus : il s’appuie sur une équipe, une famille, un réseau, et il apprend au jeune qu’il peut s’entourer pour grandir.

Sœur Anne-Flore MAGNAN
Fille de Marie-Auxiliatrice (FMA)
Communauté de Bruxelles

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