A l’Institut Don Bosco de Gradignan, le Moulin de Monjous, un hôtel d’insertion 3 étoiles

14 décembre 2022

A l’Institut Don Bosco de Gradignan, le Moulin de Monjous, un hôtel d’insertion 3 étoiles

Plusieurs institutions du réseau Don Bosco forment aux métiers de la restauration et comportent des restaurants d’application ouverts au public. Mais à ce jour il n’existe qu’un seul hôtel formatif : le Domaine du Moulin de Monjous. DBA vous présente cet hôtel classé 3 étoiles, installé à Gradignan près de Bordeaux.

 

Le Moulin de Monjous fait partie de cette chaîne de moulins qui se suivaient le long de la rivière Bourde, fournissant la ville de Bordeaux en farine. Au fil du temps, il devient le lieu de diverses activités industrielles. Pendant la Première Guerre mondiale, c’est une usine de fabrication d’obus et pendant la Seconde Guerre mondiale, il héberge la congrégation des Salésiens de Don Bosco. Ils y restent 70 ans. En 2000, le moulin tombe complètement à l’abandon.

Un des objectifs de l’Institut Don Bosco de Gradignan voisin est de favoriser l’inclusion sociale et professionnelle d’enfants et adultes en situation de handicap et d’aider leurs familles. Or, non loin de l’Institut, à Mérignac, se trouve l’ESAT « Les Ateliers Saint-Joseph », qui accueille des adultes en situation de handicap, avec le même objectif.
En 2015, Alain Bertin, membre du conseil d’administration de l’Institut Don Bosco de Gradignan,  a l’idée de restaurer le Moulin de Monjous et de le transformer en centre de formation aux techniques hôtelières. Il  propose alors à l’ESAT Saint Joseph d’y faire travailler des adultes porteurs de handicaps.

 

Un établissement qui marche bien

L’hôtel comprend 7 chambres. Il est très souvent complet. Un petit déjeuner copieux est proposé. L’hôtel développe les cocktails et les séminaires. Il y a trois salles de travail pour des entreprises avec possibilité d’accueil avec petit déjeuner le matin, ou bien avec collation l’après-midi, ou bien avec cocktail le soir. Le bar est toujours ouvert et un service de repas style snack est proposé le soir. A midi, les clients qui le souhaitent peuvent prendre leur repas au restaurant d’application de l’Institut Don Bosco qui ouvre ses portes dans le même parc.

Un hôtel comme les autres

Photo : Moulin de Monjous

Même s’il forme des personnes porteuses de handicap, l’hôtel ne met pas le handicap en avant. Il fonctionne comme n’importe quel hôtel. Les travailleurs doivent être considérés par les clients comme des travailleurs ordinaires. Ils sont 7 travailleurs dont 5 permanents. « Je les forme au maximum » dit Lætitia,  la responsable. Ils ne sont pas coincés dans le monde de l’hôtellerie. « Mon but : que leur insertion en hôtel leur permette de partir un jour vers un autre travail dans la société. » Ils sont formés à la communication, la conversation, le respect des horaires, l’acceptation de la difficulté du travail (chaleur, mal au dos…)

« Il faut savoir qu’on a 9,2/10 comme note sur Booking : c’est la meilleure note de Nouvelle Aquitaine et cela est important. Nos salariés le voient et ils peuvent être fiers de leur travail. » Laetitia leur montre les commentaires laissés par les clients sur les livres d’or. Cela leur permet de voir ce qui est apprécié et ce qui est à améliorer. « Ce retour des clients est important. C’est un hôtel 3 étoiles et il faut que le travail y corresponde. Il y a les mêmes règles à appliquer que pour tous les hôtels 3 étoiles, même si l’équipe de travailleurs est différente », nous dit-elle.

 

Un esprit de famille

La clientèle est constituée de nombreux habitués et cela donne un esprit de famille.  Peu à peu, une relation s’instaure entre le client et le personnel : la clientèle manifeste de la reconnaissance au personnel qu’elle appelle même par son prénom. Cette relation dégage un esprit particulier dans la maison.

Si le client est sympa, le personnel essaie d’être sympa. « Il n’est pas rare qu’un client m’appelle six mois après un passage pour me dire : « J’ai eu le concours que je devais passer quand je suis venue dans votre hôtel »  ou bien un habitué remarque que tel ou tel membre du personnel n’a pas le moral ce jour-là et vient me le dire. » nous dit Lætitia.  

 

Sans confiance, pas d’éducation !

Laetitia ne se situe pas comme inspectrice : « Je leur parle sincèrement. Il faut créer du lien avec eux et cela prend du temps. On ne peut avancer qu’en ayant confiance en eux. Et c’est alors qu’ils prennent confiance en eux-mêmes. On arrive à cerner les limites de chacun et on les pousse là où on voit qu’ils peuvent progresser. Ils apprennent le contact avec le client, l’autonomie et la responsabilisation ainsi que le ménage, le service et un peu de cuisine. Au fond, il y a une espèce de coopération. On les forme d’abord. Ça leur permet d’avancer en autonomie. »

 

Travaille et sois joyeux !

« Ils demandent à travailler et ils travaillent bien, mais ils voient aussi si nous, leurs formateurs, nous travaillons autant qu’eux. Moi, leur coordinatrice, ils voient si je travaille ou pas. Ils ressentent tout. Si je n’arrive pas avec le sourire, le travailleur le ressent. C’est important ce que nous générons. Je leur dis : « Si vous  avez du plaisir à venir, quel que soit votre niveau de travail, on peut travailler et s’améliorer mais sans plaisir, on n’avancera pas ». » Le plaisir est un levier. « Ça fait cinq ans que je fais ce travail, ajoute Lætitia. On a démarré sans client, il a fallu se faire connaître. C’est beau de voir l’évolution du chiffre d’affaires et en même temps l’évolution des travailleurs, surtout dans le contact avec les clients. » Et de conclure : « C’est beau de voir que ça marche. »

Sœur Joëlle DROUIN

 

 

La parole au personnel

Claudine, Charlotte et Vanessa, présentes le jour du reportage, s’expriment : « Tout est sympa ici, l’ambiance est cool. On apprécie d’être autonome. On arrive le matin et on sait ce qu’on a à faire. On est tombé sur une bonne monitrice. On s’aide entre nous pour le travail. On est peu nombreux et on se connaît bien, ça fait une bonne ambiance. »

 

 

Oeuvres salésiennes