Cet été… avec le VIDÈS

7 mai 2013

Cet été… avec le VIDÈS

Cet été à nouveau, le V.I.D.È.S. (ONG de la famille salésienne) propose une préparation au volontariat international. Les soeurs salésiennes de Don Bosco, responsables du Vidès, veulent transmettre aux jeunes les bases essentielles pour réussir leur volontariat. Entretien avec Marie-Bé Scherperel, responsable du Vidès en France.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

DBA : Comment accompagnez-vous les jeunes dans leur désir de partir ?

Les jeunes arrivent très souvent avec un enthousiasme débordant ! C’est normal, ils sont à deux doigts de réaliser un rêve : rencontrer des personnes de cultures différentes, voir du pays, expérimenter une autre manière de vivre le quotidien, tester leurs résistances, donner du temps aux plus pauvres, etc. Au fur et à mesure de la formation, l’enthousiasme prend des couleurs du réalisme, les vraies questions se posent, les inquiétudes apparaissent. S’enrichir de la différence est un magnifique objectif mais, au quotidien, il demande beaucoup de décentrement voire d’abnégation.

A travers l’écoute attentive et la parole échangée, l’expérience souhaitée devient aventure consentie ; l’attrait de la différence devient désir de mieux connaître l’autre dans sa réalité, son pays, sa culture, ses richesses et ses faiblesses ; le désir d’apporter ses connaissances devient souhait d’enrichissement mutuel sans préjugé, sans a-priori, sans autosatisfaction.

Le postulant apprend que les enfants et les adolescents dont il aura la charge ne sont pas des anges et que les adultes n’attendent pas le volontaire « comme le messie » ! Il découvrira que les difficultés dues à la langue et aux rites peuvent être difficiles à vivre…et qu’il lui faudra gérer la solitude et parfois les difficultés relationnelles. Il se demandera à nouveau : pourquoi je pars ? Et il apportera sa réponse personnelle.

 

 

 

DBA : Quelle est l’articulation entre les différentes propositions du VIDÈS : un camp de formation à Lille ou à Bruxelles et un volontariat à l’étranger ?

Le camp de juillet à Lille est orienté vers la préparation à un engagement de plusieurs mois et il est obligatoire pour qui veut partager la Mission salésienne. Il est très intense. A travers l’enseignement interactif, l’animation des enfants du Centre aéré, la participation aux tâches ménagères, les échanges informels avec les gens du quartier et les rencontres avec les anciens volontaires, les temps de prière et de réflexion sans oublier la détente, les jeunes découvrent les caractéristiques de l’esprit salésien et la manière de partager la mission éducative avec des sœurs et des frères dans une communauté religieuse. Notre équipe d’accueil se compose de 6 religieuses venant de communautés différentes mais nous formons pour eux une nouvelle communauté.

Vers la fin du séjour, celui qui signe son contrat est plus conscient des réalités engagées mais aussi plus heureux, car il a pris conscience que cette expérience humaine, et souvent spirituelle, allait le faire grandir en humanité et faire grandir les personnes rencontrées.

 

 

DBA : Comment cela se passe pour un jeune qui est prêt à partir ?

Le VIDES : Mode d’emploi

 

Camps de formation au volontariat Vidès

 

 

Les camps de formation au volontariat sont ouverts à tous ceux qui souhaitent préparer une expérience de volontariat à l’étranger ou s’occuper d’enfants et de jeunes qui en ont le plus besoin en Belgique ou en France (Lille).

 

3 semaines à l’étranger avec le Vidès
(18-35 ans)
Ce volontariat allie vie de groupe, animation d’enfants, découvertes culturelles et temps de prière.

 

Pour la Belgique : Sr Bénédicte Pitti

site : www.salesiennes-donbosco.be

 

Pour la France : Sr Marie-Bé Scherperel

site : www.vides-france.com

 

Le postulant indique dans quel continent il souhaiterait partir. Par la suite, lors d’un entretien, nous précisons ensemble certaines données. Suivant son profil et les demandes des communautés d’accueil, le jeune se verra proposer une mission. Tout au long du séjour de formation, le volontaire s’approprie sa mission. Il s’est préparé en amont, a épluché internet, a questionné ses interlocuteurs sur place. Maintenant, il est prêt à partir…il est prêt à «recevoir» sa mission. C’est ce qui se passe durant la célébration eucharistique du dernier dimanche du camp de formation.

 

 

DBA : Et le retour ! C’est un cap difficile pour beaucoup. Les jeunes le redoutent-ils ?

Quand l’expérience a été forte et suffisamment longue, le retour peut s’avérer difficile. Le volontaire veut raconter ce qu’il a vécu mais n’arrive pas à se faire comprendre de son entourage. Ce dernier peut alors se lasser et souffrir. Et puis, la vie a continué sans lui et les relations peuvent avoir changées. C’est pourquoi, dès le départ, nous suggérons au volontaire, de se choisir un référent plus âgé, avec lequel il pourra s’entretenir durant son séjour et surtout après. Nous lui octroyons également un parrain ou une marraine, ancien volontaire afin que, durant son volontariat, il puisse poser ses questions, exprimer ses peurs ou ses difficultés, recevoir des conseils. C’est plus facile de « se lâcher » avec un interlocuteur du même âge qu’avec une personne du VIDÈS ou de la communauté sur place !

Fin septembre, nous proposons gratuitement un WE de « retour » avec un ou une psychologue, qui n’appartient pas au VIDÈS, durant lequel les jeunes prennent le temps de se raconter.

 

 

DBA : Comment vous adaptez-vous en cas de difficulté sur le terrain ?

Votre question évoque deux aspects : l’adaptation des jeunes et des communautés d’accueil durant le séjour des volontaires et notre propre manière d’évoluer au niveau de l’organisation.

Concernant les volontaires, je vais citer deux exemples :

  • Delphine a 22 ans et part pour s’occuper d’adolescentes à l’internat. Elle sait ce qu’est un internat, elle apprend qu’elle sera avec une autre sœur sur le terrain, donc tout va bien. A l’arrivée, elle se voit attribuer la responsabilité d’un foyer de jeunes filles « quasiment de la rue », dont certaines ont son âge et…la plupart du temps, elle est seule ! Elle se rend compte qu’elle ne peut pas faire face à cette responsabilité et en parle avec la responsable. Celle-ci comprend très bien et lui propose une autre activité éducative : d’enfants plus jeunes, qui va la passionner. Ici, l’adaptation est dans les deux sens : à la fois chez la religieuse qui l’accueille et à la fois chez la volontaire.
  • Second exemple : Pauline se rend à Madagascar pour enseigner car elle est professeur des écoles. Elle est également chargée de formation auprès des enseignantes de l’établissement. Elle prépare ses interventions avec soin et les propose à l’équipe malgache. Elle est toujours accueillie avec le sourire, les remerciements et un « oui franc et massif» lorsqu’elle demande si tout le monde a compris. Jusqu’au jour où elle s’aperçoit qu’en fait, personne n’a vraiment compris ce qu’elle disait. Les malgaches ne contrarient jamais, ce n’est pas dans leur culture ! Après une réelle déception, Pauline reprend tous ses cours d’une manière totalement différente après avoir demandé conseil. Et elle finit l’année en beauté !

Durant la formation, nous disons beaucoup de choses, les anciens racontent, discutent, conseillent. Cependant, tout cela reste intellectuel. C’est vraiment sur le terrain, au moment d’agir, que les mots prennent sens et que la capacité d’adaptation du jeune intervient. La formation vise à lui permettre de potentialiser ses capacités et d’aller chercher au fond de lui-même, la manière de se situer.

 

 

DBA : Concernant le VIDÈS, quelles difficultés rencontrez-vous ?

Ce qui a bien fonctionné une année peut ne pas fonctionner l’année suivante, parce qu’une personne ressource a changé ou parce que la mission n’est plus tout à fait la même. Chaque année, nous avons à nous adapter aux personnalités des nouveaux volontaires ainsi qu’aux réalités des communautés religieuses. Celles-ci évoluent, leurs membres changent… nous ne pouvons jamais tabler sur une réalité précise. Ce n’est donc pas facile pour nous de « bien placer » les jeunes. Heureusement, la directrice internationale connaît très bien les maisons d’accueil et peut nous aider d’une manière très efficace et fraternelle.

Notre association française est gérée par un conseil d’administration comprenant des religieux, religieuses et 6 laïcs, anciens volontaires. Ensemble, nous organisons les temps de ressourcement spirituel salésien chaque année, ensemble nous élaborons les projets à venir du Vidès.

 

 

DBA : Quelle est votre ligne d’horizon ? Qu’est ce qui fait l’identité du Vidès ?

Le VIDÈS est un volontariat de jeunes. Nous disons souvent «des jeunes pour d’autres jeunes». Notre particularité est d’accueillir le volontaire dans la communauté religieuse et de partager avec lui, la mission éducative. En tant que salésiennes et salésiens, religieux et religieuses consacrés pour l’éducation des jeunes, les volontaires sont à la fois nos partenaires et nos destinataires. Ils seront donc toujours accompagnés dans leurs démarches, avant, pendant et après leurs engagements car ils ne sont pas chez nous, uniquement pour rendre des services ou pour suppléer au manque de religieux, mais bien pour eux-mêmes, pour la richesse de leur présence, pour une véritable collaboration dans tous les domaines.

Pour parler de notre ligne d’horizon, je reprendrai ici les termes de notre dernier séminaire international de 2011 : « Travailler ensemble à bâtir la civilisation de l’amour »… Ce séminaire a été réalisé par les volontaires eux-mêmes avec les sœurs, dans 5 grandes régions du monde où nous nous trouvons : Amérique du nord et Australie – Asie – Afrique – Europe –Amérique latine.

 

 

DBA : Quel est l’avenir du Vidès ?

Les difficultés existent certes !

  • Beaucoup d’adolescents de 16/18 ans aimeraient s’engager dans une mission mais ils sont trop jeunes et la France a beaucoup d’impératifs de sécurité !
  • Bien des jeunes majeures souhaiteraient une mission durant l’été, mais, soit le pays qui aimerait accueillir est trop dangereux politiquement parlant, soit les activités cessent parce que les religieux ont aussi besoin de s’arrêter, de participer à une retraite spirituelle, de visiter leurs familles, de se reposer.
  • Nous aimerions rencontrer les volontaires plus souvent dans l’année, mais les distances sont importantes et les voyages onéreux.

Il faut donc que nous nous contentions du camp d’été et du temps-source, une fois par an…ce qui n’est déjà pas si mal, malgré tout !

Marie-Bé Sherperel, fma
9 mai 2013

 

 

 

Pour aller plus loin

Le site du VIDES France : http://www.vides-france.com/

Le film témoignage du volontariat d’Amélie (Chili) et d’Alexandre (Madagascar) à visionner sur le site de l’Atelier Multimédia des Salésiens de Don Bosco

 

 

 

 

 

 

 

Famille Salésienne