Au Campus de Pouillé, « un bon tuteur vaut mieux qu’un manuel de pédagogie »

27 avril 2015

Au Campus de Pouillé, « un bon tuteur vaut mieux qu’un manuel de pédagogie »

Comment l’esprit Don Bosco se vit-il dans les établissements scolaires ? Christian-Pierre Séché, adjoint de direction à la vie éducative et à la pastorale du lycée agricole de Pouillé, s’est prêté à l’interview. Don Bosco est-il encore d’actualité ? Usant de nombreuses métaphores horticoles,  Christian-Pierre Séché évoque un Don Bosco bien vivant !

 

 

DBA : Quelle est l’actualité de Don Bosco au Campus de Pouillé ?

Christian-Pierre Séché : « On reconnait l’arbre à ses fruits… » dit un proverbe que l’on connait bien à Pouillé et que l’on cultive ! Notre Maison de Pouillé accueille, forme, accompagne depuis plus de 80 ans. Au fil des années, ce sont des milliers de jeunes qui y ont forgé leur personnalité, développé leurs compétences et noué de solides amitiés. Les plus anciens s’en souviennent encore, les plus jeunes s’en imprègnent toujours. Il est là aussi l’héritage de Don Bosco, bien vivant ! 

 

DBA : Quelle est l’originalité de la pédagogie de Don Bosco ?

C.P.S. : L’originalité de la pédagogie de Jean Bosco, hier comme aujourd’hui, c’est d’envisager cette éducation des jeunes non pas tant comme un problème à régler mais une chance à saisir, non pas tant comme une série d’épreuves à supporter mais un ensemble de défis à relever, non pas tant comme des « individus problématiques à gérer » mais des « personnalités talentueuses à révéler ». On éduque toujours pour demain !

 

Don Bosco n’était pas un théoricien de la pédagogie, mais un éducateur de terrain, un praticien d’humanité qui eut l’intuition de faire rimer (et pas que phonétiquement), avec les jeunes qu’il accueillait, les mots de « confiance », « bon sens », « exigence », « bienveillance », et « persévérance ».

 

« Confiance et exigence,
les mots clés de la pédagogie de Don Bosco
tiennent de l’art de l’équilibre. »

 

La pédagogie salésienne repose en effet d’abord sur un pari de l’éducateur : celui de la confiance. C’est cette conviction selon laquelle chaque enfant, chaque jeune qui nous est confié peut grandir en capacités, en connaissances, en compétences mais aussi en responsabilité, en citoyenneté, en humanité, en spiritualité. Cette confiance, Jean Bosco lui-même l’exprimait sans détour aux ainés de ses maisons : « Sans vous je ne peux rien faire. » Confiance et exigence peuvent être contradictoires ou se rejoindre. Les mots clés de la pédagogie de Don Bosco tiennent de l’art de l’équilibre.

 

 

 

 

DBA : N’est-ce pas une vision naïve ou idéaliste de l’éducation ?

C.P.S. : Lorsqu’à Pouillé, cette année encore, 54 élèves de Terminale se proposent, sur la base du volontariat, pour être tuteurs d’élèves de seconde qui peinent scolairement en ce début d’année, ce n’est pas du virtuel ! Au contraire, outre le service rendu à ces plus jeunes en difficultés scolaires, relationnelles ou disciplinaires, il y a dans ce projet de tutorat, la traduction concrète d’un contrat de confiance entre adultes et aînés de la maison au service des plus petits.

 

Les ainés, valorisés par cette sollicitation et reconnus dans leurs talents, et, en l’occurrence, dans leurs capacités relationnelles et intellectuelles, s’engagent avec sérieux, générosité et efficacité. Il est, du reste, fréquent, et bien au-delà du tutorat, de voir ces aînés œuvrer, ainsi, avec succès pour désamorcer un conflit, renouer un dialogue, débloquer un apprentissage, discuter orientation,…  C’est un projet  gagnant !

 

 

 

 

 « Pour pousser droit, un bon tuteur
vaut parfois mieux que
tous les traités de pédagogie »

 

Plus d’un paysagiste, horticulteur, ou arboriculteur… plus d’un éducateur de Pouillé le diraient mieux que moi : devant un jeune arbre qui dévie, face à une plante qui s’éparpille, un pommier qui fatigue ou bien un jeune qui se décourage… pour pousser droit, un bon tuteur vaut parfois mieux que tous les traités de pédagogie…

 

DBA : Quels exemples d’initiatives vécues à Pouillé illustreraient bien cette pédagogie ?

C.P.S. : La pratique éducative de Don Bosco traverse toute la vie d’un établissement. Très concrètement il y a une « manière salésienne » de dire « bonjour ! », de reprendre un élève, de l’encourager, de l’écouter,… Il y a une « manière salésienne » de surveiller un DS, de corriger une copie, de recevoir une famille, de travailler en équipe. Il y a une « manière salésienne» de remplir un bulletin, de traverser la cour, d’être soi-même. Plus qu’un catalogue d’activités ou un annuaire de gens parfaits, la pédagogie de Don Bosco s’avère d’abord un état d’esprit, une façon d’être.

 

« Plus qu’un catalogue d’activités
ou un annuaire de gens parfaits,
la pédagogie de Don Bosco est d’abord un état d’esprit,
une façon d’être. »

 

 

DBA : Comment découvrir cette façon d’être salésienne ?

C.P.S. : Je vous adresse juste une invitation : venez dans nos maisons !

 

 Propos recueillis par Emilien Aunneau,
Campus de Pouillé
avril 2015

 

 

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