Chambéry : Le Bocage fait de la fête Don Bosco une journée de solidarité internationale

9 février 2017

La réussite de la journée du 31 janvier réside dans la cohésion d’une équipe éducative et la participation des élèves dès sa conception. Plusieurs centaines de lycéens du Bocage ont bénéficié d’une sensibilisation à la dimension internationale autour d’une vingtaine d’ateliers. Hortense Destremau, animatrice en pastorale scolaire, Fabienne Dumas, enseignante en histoire-géo et Julien Cottarel, président de l’association « Les enfants de Bobo » transmettent les clés de cette réussite.

 

Hortense Destremau, animatrice en pastorale scolaire : une solidarité vécue

DBA : Comment est venue cette idée de journée de solidarité internationale ? Quelle a été votre motivation au départ de ce projet ?

Hortense Destremau : Nous voulions que cette journée festive fédère le plus de monde possible : élèves, enseignants, personnels… Nous avons pris le temps de rencontrer plusieurs fois les élèves, les enseignants, de discuter avec eux. Nous avons essayé d’écouter leurs désirs, leurs attentes. Grâce à ces échanges, nous avons relevé deux projets internationaux : le premier sur Fukushima ; et un autre sur le Burkina Faso, avec Les enfants de Bobo Dioulasso, une association très active au sein de notre établissement depuis plusieurs années et créée par des anciens élèves. Nous avons également la chance d’avoir comme surveillante, à l’Internat, Sœur Thérèse qui vient du Burkina et qui donnait aux élèves l’envie de mieux connaître ce pays. L’idée de cette journée de solidarité internationale s’est donc imposée.

DBA : Quelle dimension de la solidarité a été privilégiée ? La différence ou la proximité ?

H. D. : Nous avons décidé tout d’abord de mieux nous connaitre au sein du lycée, car pour être solidaire à l’international, il faut aussi être solidaire entre nous. Chaque équipe comportait une vingtaine de jeunes et était encadrée par des étudiants de BTS. Ils ont pris leur rôles à cœur, ont fait en sorte que chacun trouve sa place dans l’équipe, aussi bien l’élève de 4ème que l’élève de terminale, animant parfois eux-mêmes les ateliers, jouant avec les plus jeunes. Une vraie pédagogie du « faire avec » !

DBA : Comment les jeunes ont-ils vécu ce temps ? Sentez-vous qu’ils sont passés d’une solidarité de discours à une solidarité vécue ?

H. D. : Apres avoir réfléchi avec les élèves, nous sommes arrivés à la conclusion que pour aider l’autre, pour avoir une vraie démarche de solidarité, il fallait apprendre à connaître celui qui est différent. Une élève a relevé qu’elle avait redécouvert les autres élèves de l’établissement qu’elle avait tendance à ignorer. Une autre élève a exprimé que, grâce à la communication par Skype avec des élèves du Burkina, elle s’est rendu compte que finalement les distances ne comptaient pas. Les jeunes sont en demande de découverte de l’autre et de solidarité.

DBA : Comment les jeunes ont-ils été acteurs dans ce projet ?

H. D. : Les élèves, dans la continuité du programme du Défi Citoyenneté, ont pris en charge des ateliers : ateliers foot, atelier Flashmob. D’autres ont témoigné de leur expérience avec le 4l Trofy. Les élèves de l’internat ont offert à tous un petit déjeuner aux couleurs de Burkina. Ils ont décoré le self de manière originale aux couleurs du Japon et du Burkina. Ce qui a également touché les élèves, c’est de voir que de nombreuses personnes ont pris sur leur temps pour venir exposer leur projet de solidarité, faire de la poterie avec eux, jouer des percussions… La solidarité ce n’est pas l’affaire que de certains mais c’est l’affaire de tous !

DBA : Pour vous, comme adjointe en pastorale comment l’avez-vous vécu ?

H. D. : De la bienveillance, de la joie de la bonne humeur, de la paix ! Et oui très peu de discipline ! Un grand nombre d’élèves attentifs, disponibles semblaient heureux. Je ne sais pas s’ils seront tous porteurs de projet demain, mais c´était un temps offert, gratuit. Des étudiants responsables et agréables. Nous avons fait confiance aux jeunes et ce fut une belle journée. Et oui, Don Bosco était avec nous !

 

Fabienne Dumas, enseignante : l’éducation au développement dans les programmes

DBA : Comment êtes-vous entrée, comme enseignante d’Histoire – Géographie dans le projet ?

Fabienne Dumas : Cette journée est en lien avec les référentiels du Ministère de l’Education nationale, notamment celui d’histoire géo dont un des chapitres concerne l’inégalité de développement. Cette journée du 31 janvier a donné un exemple concret de l’inégal développement à l’échelle du monde. L’intervention du chef de service de l’Hôpital de Chambéry qui connait bien le Burkina Faso a permis d’aborder de façon précise les difficultés d’accès aux soins, à l’éducation et la condition des femmes.

DBA : D’autres collègues étaient concernés par cette journée ?

F.D. : Des collègues enseignantes en biologie ont monté un atelier sur les graines typiques du Burkina. Des graines de sésame, arachide, sorgho, mil… ont pu être présentées, touchées et parfois dégustées.
D’autres collègues d’Education Socio Culturelle ont proposé des animations comme la poterie, la création artistique, la décoration d’une silhouette d’arbre avec des motifs africains. Elle sera exposée au lycée puis dans Chambéry dans le cadre d’un festival africain.

DBA : Quel lien avez-vous fait avec votre programme ?

F.D. : Pour ma part, les objectifs étaient triples : l’ouverture sur l’autre à travers un pays, le Burkina Faso, en partenariat avec l’établissement depuis de nombreuses années ; une meilleure connaissance du monde dans lequel on vit, grâce à l’intervention de la Cimade, sur les migrations dans le monde ; le vivre ensemble grâce à ce temps de « fête » de tout l’établissement.

DBA : Comment les élèves ont-ils été sensibles à échanger avec le Burkina ?

F.D. : L’échange Skype a marqué les élèves même si la connexion était parfois difficile. Les élèves se sont présentés, et ont parlé de leur formation respective, de leur pays et de leur région. Ils ont abordé, au gré de la conversation, différents sujets comme l’importance dans les deux pays du portable, de la place de l’agriculture dans la société. Discuter avec des jeunes filles burkinabés de terminale, d’un milieu urbain souhaitant devenir pharmacienne, a aussi permis, pour certains des plus jeunes, de prendre conscience que le Burkina ce n’est pas que la brousse !

 

 

Au programme de la journée :

  • Sport : foot, hand
  • Jeux : Hydraulique sans frontière, Awalé, Boite à graines du Burkina
  • Cuisine du Burkina
  • Musique : Percussions
  • Interventions de l’association Enfants de Bobo
  • Conférence de Savoie Information Jeunesse, Agriculture Tropicale
  • Connexion Skype avec le Burkina et les élèves du lycée
  • Santé : jumelage hospitalier avec un chef de service de l’hôpital de Chambéry
  • Exposition sur les migrations avec la Cimade
  • Chambéry Ouahigouya, 4L Trophy : 700 km dans le désert présenté par un étudiant de BTS

Julien Cottarel, Président de l’association
« Les Enfants de Bobo Dioulasso » et ancien élève du lycée Costa de Beauregard 

 

Quand j’étais lycéen au Bocage, j’ai vu, dans l’association « Les enfants de Bobo », une ouverture de notre formation, en horticulture, vers l’étranger. Mon premier voyage sur place en 2007 m’a permis de me rendre compte du besoin, du mode de vie et de la culture locale. Depuis, nous avons levé des financements, co-construit le projet avec les sœurs pour en arriver, cette année, aux premières récoltes et à la construction du Centre de formation à Bobo Dioulasso à destination des enfants en situation de précarité. Le partenariat ne se limite pas à la construction du Centre mais également à la formation et l’échange entre jeunes d’ici et de là-bas.

Personnellement, j’aimerais dire aujourd’hui aux jeunes du lycée Costa de Beauregard que nous avons besoin d’eux ici et au Burkina Faso. Chacun est le bienvenu quelles que soient ses compétences ou sa volonté de s’impliquer dans l’association !

Pour aller plus loin

Le Lycée du Bocage à Chambery

 

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