La Famille salésienne en visite au Maroc

18 novembre 2016

Voici un peu plus d’un an, les responsables du réseau Don Bosco ont lancé l’idée d’un intermède marocain afin, notamment, de découvrir l’établissement Don Bosco de Kénitra. Ce voyage s’est déroulé du 25 au 29 octobre 2016 et a permis aux cinquante personnes de vivre un temps de découverte et d’amitié hors du commun.

 

Après le voyage en Tunisie voici quelques années, c’est le Maroc qui a donc été choisi pour un séjour vécu entre chefs d’établissements, cadres, formateurs, animateurs et bénévoles du réseau, accompagnés par des salésiennes et salésiens. Le dépaysement et la découverte étaient au rendez-vous (Rabat, Meknès, Fès), mais pas seulement. Il s’agissait de rencontrer le visage d’une Eglise particulière et d’un établissement salésien au cœur d’un pays musulman.

Ce sont ainsi quarante-six personnes de France et de Belgique qui se sont donné rendez-vous pour vivre un temps de partage à la rencontre des diverses réalités du monde marocain. Reconnaissons-le, le contexte international n’aide pas à ce genre de propositions : la peur du terrorisme, notamment, n’incite pas au voyage. Pourtant, l’expérience a démontré qu’il faut dépasser certaines barrières pour entrer dans un dialogue bénéfique.

Une œuvre bien implantée

Les chrétiens au Maroc 

 Au Maroc, l’islam est la religion officielle. Environ 10.000 Marocains sont Juifs. Aucun n’est officiellement chrétien, et le prosélytisme est interdit. Les chrétiens présents au Maroc viennent d’autres pays.

Les salésiens sont présents depuis 1937 au Maroc, avec une œuvre conséquente (paroisses, patronages) jusqu’au moment de l’indépendance. Aujourd’hui, la seule implantation est celle de Kénitra à une cinquantaine de kilomètres de Rabat. Une école maternelle et primaire et un collège accueillent 1200 élèves, et une formation professionnelle est proposée aux jeunes hommes et femmes. Le Centre Scolaire Don Bosco est bien implanté et reconnu. Pas question d’y faire de la catéchèse [voir l’encadré], mais la pédagogie de Don Bosco est mise en actes et permet aux élèves de grandir avec de solides repères humains. D’ailleurs, dans les salles de classe, le portrait réglementaire du Roi côtoie celui de Don Bosco.

 

 

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Parmi les écoles de la province de France et Belgique, l’une d’elle se trouve au Maroc. Près de 400 élèves étudient à l’école Don Bosco de Kenitra. Comment l’esprit de Don Bosco rayonne-t-il dans un pays musulman ?

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Ce sont les élèves qui accueillent les visiteurs, et ils sont fiers de leur présenter leur établissement. Les enseignants également sont heureux de présenter leur « maison ». Voici quelques années, il n’y avait que l’école primaire, et ce sont les parents qui ont demandé aux salésiens d’ouvrir le collège. L’Etat accepte les établissements catholiques, mais ne les subventionne pas du tout. Il faut donc être inventif pour trouver des financements lorsqu’il s’agit de créer des bâtiments. Ces derniers sont propres et fonctionnels. Durant ces dix dernières années, les évolutions ont d’ailleurs été nombreuses.

Le passage du groupe franco-belge à Kénitra a été l’occasion de manifester les liens entre établissements. Ainsi, l’Institut Lemonnier de Caen a concrétisé par une convention son soutien à la Section Professionnelle Electricité, et la Salésienne de St-Etienne a initié un lien avec le Centre de Formation Féminine.

Outre l’action scolaire et formative, l’œuvre de Don Bosco de Kénitra, autrefois Port-Lyautey, ouvre ses locaux (gymnase, terrains de sport, bibliothèque…) à divers groupes du quartier. Quant à la paroisse animée par les salésiens, elle accueille une centaine de personnes, principalement des étudiants subsahariens qui bénéficient des Eucharisties, mais aussi de rencontres, de préparations aux Sacrements, d’activités festives et amicales.

L’Enseignement Catholique au Maroc accueille 12 500 élèves

Don Bosco Kénitra est l’un des douze établissements catholiques au Maroc. Le P. Marc Boucrot, Secrétaire Général de l’Enseignement Catholique, anime ce réseau qui reçoit 12.500 élèves. Non subventionnées, ces écoles sont conventionnées avec l’Enseignement National. Obligation y est faite de dispenser une instruction religieuse sur l’Islam. L’enseignement est bilingue (arabe et français). L’ISESCO (équivalent de l’UNESCO pour les pays islamiques) a son siège au Maroc et manifeste un certain intérêt pour les réalités de l’Enseignement Catholique présent dans les pays qui le concernent.

 

 

En effet, la qualité de l’enseignement dans ces établissements est largement appréciée par les familles. Les élèves se voient proposer une meilleure pratique du français et d’autres langues, une culture et une éducation ouvertes. Les enseignants eux-mêmes bénéficient d’un cadre de travail et d’un accompagnement favorables. Ces douze établissements sont rassemblés au sein de l’ECAM : Enseignement Catholique Au Maroc.

Une Eglise au croisement des frontières

Mgr Landel, archevêque de Rabat, a présenté aux visiteurs son diocèse, où les fidèles sont tous non marocains : étudiants subsahariens, expatriés, épouses de Marocains, migrants. Le christianisme est forcément une religion d’étrangers. Ainsi, s’il y a liberté de culte pour les étrangers, elle n’existe pas pour les Marocains. Pourtant, même cadrée, la vie de cette Eglise est plutôt sereine. Il y a même quelques signes d’ouverture au sein de la société. Le Maroc est un pays où la jeunesse est nombreuse. L’éducation est donc un enjeu important.

La grosse majorité des personnes qui composent les communautés chrétiennes qui se rassemblent dans les lieux autorisés de culte catholique sont des étudiants subsahariens, qui passent au Maroc généralement trois ou quatre années. Ce sont eux qui, par leur jeunesse et leur engagement, apportent un dynamisme à l’Eglise locale et lui permettent de témoigner par une présence significative. L’Eglise joue un rôle essentiel pour eux dans leur vie au Maroc. Ils sont en demande d’accompagnement et de formation chrétienne. Une autre réalité, pour l’Eglise, est également celle des migrants, souvent clandestins. Avec la Caritas, le diocèse de Rabat a créé une structure d’aide et d’accueil.

Les défis de l’Eglise a Maroc, entre l’Europe et l’Afrique

Les prêtres sont des religieux ou des fidei donum d’origines variées. Le diocèse compte aussi environ 150 religieuses de diverses communautés. Mgr Landel travaille à la communion de ces communautés, autour de l’Evangile et du service du Maroc. Notamment, il y a pour l’Église au Maroc trois défis. D’abord la rencontre entre chrétiens et musulmans, qui doit d’abord se manifester dans le vivre ensemble, et au sein d’un Conseil Inter-religieux. Par ailleurs, le défi des migrations Sud-Nord qui passent par le Maroc, concrétisées dans le visage de nombreux jeunes étrangers en détresse, rêvant souvent d’Europe. Enfin, à travers la présence des étudiants subsahariens, transparaissent les difficultés et souffrances de tout le continent, et il s’agit de les accueillir.

 

Au-delà des aspects touristiques, le groupe franco-belge a apprécié la rencontre du peuple marocain : un peuple qui affronte avec détermination son destin et construit son futur avec courage et optimisme. L’accueil a toujours été chaleureux et ouvert. Ce voyage fut l’occasion de confirmer qu’un enjeu majeur de notre monde est celui de la rencontre : toujours nécessaire et enrichissante, pour l’autre comme pour nous.

Au moment de reprendre l’avion, il restait dans les yeux et le cœur des visiteurs, le soleil marocain bien sûr, mais aussi le sourire des enfants, la joie de la découverte, l’expérience de la fraternité.

Jean-Noël Charmoille
salésien de Don Bosco
Responsable de tutelle du réseau Don Bosco

 

 

  

 

 

 

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