Vilaty Krivitskiy, salésien, évêque de Kiev : « La guerre est une épreuve pour l’amour chrétien : parvenir à aimer ses ennemis »

28 mai 2022

Etre évêque en tant de guerre… Le père Vitaly Krivitskiy, 49 ans, est salésien de Don Bosco. Il est, depuis 2017, l’évêque de Kiev-Jytomyr, pour la petite communauté catholique romaine.

Monseigneur Vitaly Krivitskiy, 49 ans, est le jeune évêque du diocèse catholique de Kiev-Jitomir, en Ukraine. Né à Odessa, il a fréquenté à 15 ans la paroisse catholique où œuvrait un salésien polonais, le père Tadeusz Hoppe. Le gouvernement de l’époque interdisait à ce dernier de révéler son identité de salésien, et le jeune Vitaliy a accompli son noviciat et prononcé ses premiers vœux dans la clandestinité. C’est lors de sa formation à Cracovie, en Pologne, qu’il a découvert la pédagogie salésienne et le travail avec les jeunes. Il sera ordonné prêtre le 24 mai 1997, puis travaillera dans diverses paroisses salésiennes et oratoires. Le plus important pour lui ? La formation des animateurs, des jeunes qui n’avaient jamais entendu parler de Dieu. Il décrit Odessa comme une ville où les jeunes sont ouverts à la nouveauté mais manquent de confiance dans l’avenir, car le travail manque. Beaucoup quittent le pays pour s’assurer un avenir.

Jamais, il n’aurait pensé devoir accompagner et guider son troupeau dans le chaos de la guerre. Le bombardement du 24 février a laissé tout le monde abasourdi : « La guerre en cours est une épreuve parmi les plus dures pour l’amour chrétien : parvenir à aimer ses ennemis. »

Un vaste réseau de solidarité

Depuis le début du conflit, il sillonne son diocèse et le pays pour encourager la population  et apporter son aide concrète. Il voit les allées des églises souvent transformées en entrepôts, et il explore les ressources disponibles, le travail accompli et ce qui reste à faire. Il participe par visioconférence aux réunions de l’équipe qui centralise l’aide à l’Ukraine en lien avec Missioni Don Bosco, et qui coordonne la grande solidarité de la grande Famille salésienne du monde entier. Il sait qu’il a derrière lui un vaste réseau de solidarité expérimenté et efficace, notamment les procures missionnaires. Il peut signaler les besoins concrets, suggérer les interventions les plus urgentes et adéquates. La situation change rapidement d’un jour à l’autre. Quand la ville de Tchernihiv n’était plus accessible que par la voie fluviale, ils se sont équipés de bateaux. Le père Vitaly est fier et reconnaissant de cette aide qui va en profondeur, car elle a le souci des familles au-delà du spirituel, elle prend en charge les besoins éducatifs et spirituels.

Lors de son ordination épiscopale, en 2017.

Marioupol, Tchernihiv, Kharkiv

Son expérience de plusieurs mois de combats lui permet de donner un témoignage direct qui, sans cela, ne semblerait pas crédible : « Sans minimiser ce qui se passe à Marioupol, Tchernihiv, Kharkiv… en fait, les gens qui vivent dans les endroits les plus sûrs vivent une expérience plus intense de la guerre. Ils ressentent de la haine dans cette agression et, en réponse, ils ressentent de la haine pour l’agresseur. C’est la peur à l’état pur, c’est la mort qui arpente les rues de nos villes. Au contraire, dans les zones les plus directement exposées aux affrontements, on voit des gens qui ne perdent pas leur optimisme, qui parviennent même à plaisanter en ces temps difficiles, et qui voient Dieu qui les protège lorsqu’ils passent entre les balles. »

Jean-François MEURS

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