Don Bosco, Liège et la Fête-Dieu, une conférence du père Xavier Ernst

25 juin 2025

Savez-vous ce qui a fini par convaincre saint Don Bosco d’ouvrir une implantation pour s’occuper de jeunes en Belgique à la fin de sa vie alors qu’il manquait de prêtres, qu’il était sursollicité et que la révolution industrielle abîmait une certaine jeunesse ? C’est lié à la Fête-Dieu. Réponse dans la conférence du père Xavier Ernst – originaire de Sarolay (Visé), au nord de Liège et élu nouveau provincial des salésiens de la province France-Belgique retranscrite par Jacques Galloy pour 1RCF Belgique

 

Il plaît à la bienheureuse Vierge Marie…

Père Xavier Ernst.

Don Bosco et Liège. En 1883, Mgr Doutreloux, évêque de Liège, écrit à Don Bosco pour lui demander d’installer à Liège un orphelinat et une maison de salésiens pour s’occuper des jeunes de la rue, notamment à cause des décès précoces de jeunes parents travailleurs. Don Bosco décline car il ne dispose pas de suffisamment de moyens pour accéder à cette demande. Tout bascule un mois avant sa mort, le 7 décembre 1887. Don Bosco est à nouveau sollicité par l’évêque de Liège qui le visite à Turin pour ouvrir une mission salésienne à Liège, avec un enjeu majeur relatif à l’éducation des enfants marginalisés par la révolution industrielle. C’est d’ailleurs l’époque où Léon XIII a publié la célèbre encyclique sociale « Rerum Novarum », marquant le début de la doctrine sociale de l’Eglise.

D’après la tradition salésienne, Don Bosco aurait fait, le 8 décembre 1887, un rêve dans lequel il voyait Liège, cette grande cité industrielle pleine de jeunes en difficulté, enveloppée d’une atmosphère lourde ; la Vierge l’y aurait invité, lui montrant que « c’est là qu’on t’attend ».

Nous lisons dans un carnet-journal, rédigé par le secrétaire de don Bosco, le P. Viglietti, et conservé aux Archives Salésiennes Centrales (ASC) à Rome, les lignes suivantes:

« 8 décembre 1887 …….Hier soir arrivait à l’Oratoire l’évêque de Liège, venu expressément pour obtenir une fondation salésienne dans sa ville. Mgr l’évêque, don Durando, Mgr Cagliero se sont réunis autour de don Bosco, mais au bout d’une heure et plus d’entretien, on n’était pas parvenu à une décision; au contraire, à cause du manque de personnel, on penchait pour un non. Ce matin je me suis rendu chez don Bosco pour lui lire le journal. Il m’a fait prendre plume et encrier et m’a dicté les paroles suivantes:

« Paroles littérales que la Vierge Immaculée m’a dites dans une apparition cette nuit. « Il plaît à Dieu et à la Bienheureuse Vierge Marie, que les fils de Saint François de Sales aillent ouvrir une maison à Liège, en l’honneur du Saint Sacrement. C’est là que commencèrent les gloires de Jésus dans des manifestations publiques; c’est là qu’ils devront publier ces gloires dans leurs maisons, leurs familles et spécialement au milieu des jeunes qui sont et qui seront confiés à leurs soins, dans les différentes parties du monde. – Ce jour de l’Immaculée Conception de Marie 1887″ ».

Don Bosco pleurait tout en dictant… Il sanglotait et moi je ne pus contenir mes larmes. Instants solennels, extraordinaires; il faut les avoir vécus pour en juger. Grand Dieu, quand c’est le ciel qui parle !… Sur ces entrefaites Mgr Cagliero, arrivant de l’église, entra chez don Bosco. Celui-ci me fit rappeler et me dit de lire à Monseigneur le message du ciel. Nous étions tous trois très émus. Mgr Cagliero conclut: « Hier je m’opposais, mais à présent le décret est là… il n’y a plus rien à dire ».

Cet appel mystique coïncidait avec la sollicitation de Mgr Doutreloux, évêque de Liège, qui dès 1883 était donc en correspondance avec Don Bosco pour lancer un orphelinat ou une maison salésienne à Liège, concrétisé finalement en 1891 par l’envoi des premiers religieux.

 

Don Bosco et l’Eucharistie

Don Bosco appuyait sa pédagogie sur 2 colonnes : la Vierge Marie et l’Eucharistie. Don Bosco était un grand promoteur du sacrement de l’Eucharistie, qu’il considérait comme un point central de la vie chrétienne. Il encourageait les jeunes à visiter Jésus au Saint-Sacrement, à dialoguer avec Lui, à le contempler et à Lui demander des grâces.
Le père Xavier donne une belle interprétation de l’image de la lune apparue à sainte Julienne avec un fragment manquant, signe de la fête du Corps et du Sang du Christ: « Il n’y a d’Eucharistie que lorsque l’hostie est fractionnée pour être partagée. »

 

Magali, le rayon de soleil

Le père Xavier raconte une expérience personnelle forte relative à sa sœur adoptive Magali « son rayon de soleil » qui fête ses 40 ans ce jour-même. Adoptée en tant que bébé porteur du chromosome 21 ou, mieux, le chromosome de la joie, il est très touché par son attitude lors de la messe.

 

La mystique du jeune et la présence réelle

Le recteur majeur des salésiens demande à ses frères de vivre un 8eme sacrement : celui de la présence réelle, de permettre, au travers des salésiens, la rencontre du Christ avec chaque jeune. Ainsi, la cour de récréation devient un lieu de re-création, lieu de présence gratuite et réelle.

 

Un passage

Projet du Passage 59.

En conclusion, vivre cette Fête-Dieu pour la communauté salésienne de Liège, c’est aussi s’engager et réussir la re-création de leur implantation liégeoise du Laveu vers le projet de tiers-lieu « Passage 59 », un lieu de vie, de solidarité, de transmission, de collaboration. Aujourd’hui, à côté d’une importante activité scolaire, le site abrite sur près de 12.000 m2, une vingtaine d’associations, une bibliothèque, un centre multimédia. Des milliers de personnes y sont accueillies chaque année. Mais les bâtiments sont dans un état vétuste et il faut les rénover. C’est dans ce cadre qu’un projet de reconfiguration des lieux est né. Objectif, créer un véritable projet global et citoyen, au cœur du quartier du Laveu, à deux pas de la gare. L’ensemble du site nécessite de gros travaux (pour un budget total estimé à 15 millions d’euros) qui se dérouleront sur une dizaine d’années. La première phase des travaux permettra dès 2025 de réhabiliter l’ancien CEFA pour l’affecter à un habitat groupé locatif d’une douzaine de logements de tailles variables.

Le père Xavier Ernst explique : « Il s’agissait de garder le nom « Don Bosco », au moins dans le sous-titre. Ensuite, « Tiers-Lieu » dit explicitement l’objectif du projet. Le nom « Passage », lui, indique un lieu ouvert, avec une idée d’âges (intergénérationnel) et de trajectoire, de rencontres possibles, formelles et informelles. Nous sommes tous de passage, et en même temps des « pas sages » (en route vers la sagesse…). La transition (sociale et environnementale) que nous souhaitons y vivre, c’est aussi un « passage » vers… Et « passage », c’est le terme français qui traduit « Pâques » : nous voulons inscrire ce lieu dans de nombreuses « résurrections » pour jeunes et moins jeunes dans les 100 prochaines années… Et le 59 ? c’est bien sûr l’adresse !»

Revue de presse