P. Jean-Marie Petitclerc sur RCF : « Une rencontre prometteuse »

Chaque mercredi matin, RCF diffuse sur ses ondes nationales la chronique des Salésiens. Cette semaine, le père Jean-Marie Petitclerc, salésien de Don Bosco, éducateur, coordinateur du réseau Don Bosco Action Sociale (DBAS), nous propose : « Une rencontre prometteuse ».

A la fin de la semaine dernière, 80 chefs des établissements scolaires du réseau salésien se sont retrouvés en Alsace pour réfléchir ensemble à la mise en œuvre du projet éducatif et pastoral salésien, ce qui nécessite un important effort de formation des équipes enseignantes et de vie scolaire. L’accent a également été mis sur la nécessaire collaboration entre établissements scolaires et établissements d’action sociale, lorsqu’ils se situent sur le même territoire. Nous savons combien le monde de l’enseignement et le monde de l’éducation spécialisée sont porteurs de deux cultures professionnelles différentes, qui rendent parfois le partenariat difficile, et ce sont les jeunes qui en font les frais ! Rappelons combien sont peu nombreux les jeunes confiés à l’aide sociale a l’enfance qui fréquentent les lycées d’enseignement général, et encore moins les établissements d’enseignement supérieur. Comme si dans notre pays l’échec scolaire des jeunes placés était une fatalité ! Cette rencontre en Alsace fut, pour les chefs d‘établissements de notre réseau, l’occasion de pouvoir échanger sur leurs pratiques éducatives, et beaucoup se sont réjouis de l’attente grandissante des familles à leur égard, bon nombre d’établissements ayant des listes d’attente…

La crise que traverse aujourd’hui l’Eglise, avec la publication du rapport « Sauvé », ne va-t-elle pas miner cette confiance des familles ?

Je ne le pense pas. Je crois que nos concitoyens sauront raison garder, en n’identifiant pas l’ensemble des prêtres à ces auteurs d’actes abominables. La confiance dans les institutions ecclésiales d’éducation, je pense à l’école catholique et au mouvement scout, ne me semble pas devoir être ébranlée, tant la demande des familles est grande à leur égard. Mais la vigilance est de mise, car la publication de ce rapport nous fait prendre conscience de l’ampleur des souffrances chez ces victimes d’abus sexuels, d’autant plus grandes peut être lorsque l’auteur est un prêtre en qui elles avaient mis toute leur confiance. Combien il est important, dans ce lent processus de reconstruction de l’estime de soi, qui a été profondément atteinte par ces abus, que soit reconnue par la communauté tout entière leur statut de victime.

Quelles leçons tirer pour l’accompagnement des enfants et adolescents ?

Un important accent doit être mis sur la formation à l’accompagnement éducatif, qui nécessite un bon positionnement de l’adulte vis-à-vis de l’enfant : il s’agit pour lui, comme le disait Xavier Thévenot « d’être suffisamment proche, pour ne pas être indifférent, et suffisamment distant pour ne pas être indifférencié ».

Ceci ne concerne pas uniquement les institutions ecclésiales ?

Bien sûr que non…et je souhaite que l’effort de transparence qu’a effectué l’Eglise, avec la mise en place de cette commission indépendante, soit également de mise au ministère de l’Education nationale, de la jeunesse et des sports, de la santé et de la justice, eux aussi responsables d’établissements accueillant des jeunes en internat. Je songe en particulier à certains récits glaçants d’enfants placés dans d’anciennes institutions de l’Education surveillée. Et combien sont également importants les travaux de la commission, mise en place par le secrétaire d’Etat a la protection de l’enfance, sur le thème des violences incestueuses, quand on sait que plus de 80% des auteurs d’abus sexuels sur les enfants appartiennent à la sphère familiale. Le chantier est immense. La prévention des abus sexuels, c’est l’affaire de tous !
Jean-Marie Petitclerc

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