P. Xavier de Verchère sur RCF : « Gad Elmaleh, un humoriste en conversion »

Chaque mercredi matin, RCF diffuse sur ses ondes nationales la chronique des Salésiens. Cette semaine, le père Xavier de Verchère, salésien de Don Bosco, prêtre, aumônier général des Scouts et Guides de France, nous propose : « Gad Elmaleh, un humoriste en conversion ».

Vous avez dit … un humouriste en conversion ? Il ne s’agit pas d’une reconversion professionnelle mais d’une conversion, d’un « coming-out » spirituel ! Dans nos hebdos ou sur internet, on ne peut pas le rater ! Il s’agit de Gad Elmaleh. L’humouriste bien connu, issue d’une famille juive s’est convertit au catholicisme et a décidé de raconter son histoire dans ce film « Reste un peu » qui vient de sortir : « J’ai demandé le baptême et je vais me faire baptiser » dit-il à son frère ! Une histoire vraie où la figure de Marie est importante.
Pour tourner ce film, mi fictif, mi réel, il a demandé à ses proches – ses parents, sa sœur, des amis – de jouer leur propre rôle… sans trop les prévenir de ce qu’ils allaient trouver. Et ça a marché ! Il voulait « être authentiques » dit-il. Le comique surgit quand chacun réagit à chaud sans vraiment tout comprendre. Sa sœur lui demande : « Pourquoi tu ne nous fais pas une crise de la cinquantaine comme tous ces mecs ? » ; ou sa mère : « Tu changes de Dieu, tu changes de parents, tu te fais adopter ! » ; et enfin son père de se demander si l’influence de Trump n’est pas derrière tout ça… Comme souvent, le rire vient du décalage.

A travers ce témoignage, Gad Elmaleh nous apprend-t-il quelque chose d’important sur la conversion ?
Il montre que la conversion est un chemin. Dans l’évangile, metanoia signifie « changer d’état d’esprit ». Ce changement, cette remise en question, permet de faire un détour. « Pour voir le trésor qui est en toi, le détour est obligatoire » explique son ami rabbin Pierre-Henry Salfati qui joue dans le film. Cet exode intérieur devient voyage : un voyage à l’extérieur de soi pour revenir à soi. En somme, le questionnement personnel passe aussi par le questionnement sur le Tout-Autre, sur Dieu.
Mais avec Gad Elmaleh, l’humour n’est jamais loin. Enfant, on lui disait en pointant une église avec le doigt : « Ne rentre jamais dans cet immeuble ! » Il explique : « J’ai pourtant ouvert la porte… et ça été le point de départ d’une révélation qui ne m’a jamais quitté ! »

Spiritualité et humour auraient des connivences ?
Humour et amour de Dieu se marient très bien ensemble. Des théologiens ont même travaillé la dimension christique du clown qui nous fait tant rire. Le clown fait rire parce qu’il est vrai et décalé et un peu ridiculisé. Son ridicule montre en miroir nos faiblesses, nos lâchetés mais sans nous accuser. Pour Don Bosco et François de Sales, l’humour est un puissant pédagogue. Dieu est le Dieu de la joie, de la bonne humeur ! Un « saint triste est un triste saint » et une spiritualité sans humour apporte peu d’amour. Le film de Gad Elmaleh vient à point nommé. Alors les mots de vérité, d’authenticité et de transparence riment avec crise et douleur dans notre Eglise, ici l’authenticité rime avec humeur. Un film profond, drôle et émouvant, qui lancera les discussions à table et plaira aux fans du dialogue interreligieux.

P. Xavier de Verchère

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