Sœur Catherine Fino sur RCF : « De la solidarité à la fraternité »

31 décembre 2020

Sœur Catherine Fino sur RCF : « De la solidarité à la fraternité »

Chaque mercredi matin, RCF diffuse sur ses ondes nationales la chronique des Salésiens. Cette semaine, soeur Catherine Fino, salésienne de Don Bosco, théologienne à l’Institut Catholique de Paris, nous propose « de la solidarité à la fraternité ».
Nous venons de vivre un Noël étrange, semi-confiné, des fêtes familiales sous la menace de la contagion. Un Noël angoissé pour tous ceux que la pandémie a fragilisé économiquement et dont l’avenir est devenu incertain, un Noël précaire. 

Devons-nous nous réconforter en nous rappelant que nous fêtons l’anniversaire d’une naissance bien précaire elle-aussi ? … dans un pays où un régime autoritaire imposait un recensement et un voyage dans des conditions éprouvantes, avec un hébergement incertain jusqu’au dernier moment, une naissance cachée au fond d’une étable, sous le régime de l’exclusion et de l’invisibilisation, comme on dit aujourd’hui. Et ce seront bientôt trois migrants en fuite vers l’Egypte, chassés par la violence politique.

Mais sont-ils si vulnérables ? Les jeunes parents ont trouvé la force d’insister jusqu’à trouver un espace suffisamment sécure pour la nuit, ils ont éprouvé le réconfort de la chaleur de l’étable, et bientôt la valeur de leur enfant nouveau-né et la dignité de leur nouvelle famille sont reconnues grâce à la solidarité des précaires, des bergers eux-aussi tenus à l’écart de la ville. Il y aura même l’inattendu des cadeaux et le clinquant de la fête, par laquelle se proclame la joie et le désir de vivre, et l’avenir qui s’élargit à la dimension des contrées lointaines des riches visiteurs d’un soir. Mais aussi la joie de les recevoir, de donner de la joie, même dans leur abri précaire. Et la force de leur récit de vie qui nous réjouit et nous encourage par-delà les siècles.

Miracle de la foi, ou vérité d’humanité ? On croirait entendre le témoignage de Jean-Marc Boiselier (du Secours catholique) sur l’expérience des ateliers d’écriture : « Ces hommes et ces femmes ont fondamentalement bien plus besoin d’être pris en considération plutôt que d’être pris en charge ». Joseph Wrezinski (ATD ¼ Monde) précisait la conversion à opérer : « En solidarité, l’autre (…) est compagnon avec nous, il a quelque chose de commun avec nous. Ici, ce n’est pas cela ! L’autre a droit sur nous, – et ce que lui n’a pas, il a le droit de nous le demander -, et ce que nous n’avons pas, nous avons le droit de le lui demander. C’est cela la fraternité, responsabilité commune de partage des uns et des autres » (Le droit d’être un homme, extrait de la conférence du 9 novembre 1980).

Les enquêtes nous disent que la Génération Covid est fortement affectée par l’épidémie, mais elles montrent aussi que ces jeunes sont nombreux à s’engager dans des actions pour l’environnement, la culture et les loisirs, ou de solidarité avec les plus isolés ou les plus précaires. Or, nous dit Guillaume Légaut (directeur général de l’UCPA), ces jeunes sont moins en quête de moyens d’action qu’à la recherche d’« espaces qui font dialoguer les différences, se relier des potentiels et permettent de prendre des risques ensemble ». L’espérance de Noël est bien vivante : les jeunes sauront passer « de la solidarité à la fraternité » qui donne à chacun la dignité et la joie d’aimer !

Catherine Fino

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