Salvador – Terre des Jeunes : une association pour les jeunes de la rue

14 juin 2017

En 2011, dans le cadre de ses études en sociologie sur les enfants des rues, Simon-Pierre Escudero part au Salvador pour un travail recherche. À ce moment là, plus aucune institution ne travaille directement auprès de ces enfants. Depuis, il a fondé une association et il travaille dans les “quartiers chauds” avec Victoria, salésienne coopératrice, salvadorienne.

 

Comment est née l’association Terre des Jeunes ? Quel est votre rôle ?

Les premières années, j’étais encore à Paris. Depuis novembre 2015, je vis au Salvador pour consacrer tout mon temps à nos projets. Je suis bénévole, je vis du travail de Brigitte, mon épouse, salvadorienne. Victoria, cooopératrice, est Responsable de projet et salariée à mi-temps, mais elle en fait beaucoup plus !

Par exemple, nous avons en charge trois filles de 5, 9 et 12 ans qui vivaient dans la rue avec leurs parents alcooliques. La maman a eu sa première fille à 14 ans, c’est très courant ! Nous avons pris en charge leur désintoxication dans deux centres différents et l’hébergement des enfants chez une tante, ainsi que la scolarisation et le suivi par un éducateur.

« La maman a eu sa première fille à 14 ans, c’est très courant ! »

 

Quel est le cœur de votre projet ?

Terre des jeunes 

L’association Terre des Jeunes veut protéger et promouvoir les droits des enfants et des jeunes qui vivent ou travaillent dans la rue de San Salvador. Elle a été créée en France pour des facilités juridiques.

Pour adresser vos dons :
Fondation Don Bosco – « Terre des Jeunes ».

L’association : terredesjeunes.wordpress.com 

Nous travaillons autour de trois droits : la santé, l’éducation, et l’identité. Le droit à la santé permet d’approcher et « d’accrocher ». Ce sont les premières étapes de l’ accompagnement des jeunes. La santé, parce que en raison de leur apparence on leur refuse l’accès aux Centres hospitaliers publics. Nous avons mis en place un partenariat avec une clinique privée qui nous permet de passer rapidement et gratuitement avec les enfants.

Beaucoup n’ont pas d’identité ! Sans acte de naissance, ils ne peuvent faire valoir aucun droit ! Ni l’école, ni l’hôpital, ni travail déclaré et protégé. Ils ne peuvent se défendre des violences subies … Nous avons réussi à trouver des avocats qui nous aident. Les démarches sont longues et coûteuses.

« Beaucoup n’ont pas d’identité ! Sans acte de naissance,
ils ne peuvent faire valoir aucun droit ! »

Enfin, nous tâchons de sensibiliser la population au droit à l’éducation. Nous orientons les enfants vers des écoles publiques. Pour les plus âgés qui sniffent de la colle et ne peuvent se plier à un horaire, nous mettons en place des activités d’éducation par le jeu et une école d’alphabétisation avec des horaires souples. Cette école est située en face d’un poste de police, en territoire neutre, un espace qui n’appartient à aucun des gangs qui se partagent les quartiers.

Quel est le contexte de violence dans lequel vous travaillez ?

 Conseil des droits de l’homme de l’ONU

En Septembre 2016, Simon-Pierre a participé à un panel d’échanges sur « les jeunes et les droits de l’Homme » lors de la 33e session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève. Il a décrit la situation des droits des enfants à El Salvador et proposé des recommandations aux représentants des Nations-Unies. Il était soutenu par deux associations salésiennes accréditées auprès de l’ONU.

Le Salvador est un des pays les plus violents au monde, alors qu’il n’est pas en guerre ! Les fameuses « maras », sur lesquelles il y a de plus en plus de reportages, sont nées au Salvador et sont devenues des gangs transnationaux. Le Guatemala, le Honduras et El Salvador forment ce que nous appelons « le triangle de la mort ».

 

« La rue est un espace hors la loi. »

La violence n’est pas seulement celle des gangs, elle est généralisée. Pour les chauffeurs, les piétons n’existent pas, c’est la loi du plus fort ! Combien de gavroches fauchés ou blessés sans que personne ne réagisse. Un conducteur a tiré trois balles sur un laveur de vitres qui avait cassé son rétroviseur : il est parti tranquille !

La rue est un espace hors la loi. Il nous est arrivé de nous retrouver là où il ne faut pas, et de recevoir des menaces de mort, ou de devoir annuler des activités. Pourtant, nous ne nous sentons jamais autant en sécurité dans la rue que quand nous sommes avec les enfants : ils ont une capacité incroyable à protéger ceux qu’ils apprécient !

De quoi avez-vous besoin pour que le projet se développe ?

Il faut davantage d’éducateurs salariés pour répondre aux besoins de nombreux jeunes. D’autant plus que la rue évolue d’un jour à l’autre, elle est imprévisible, et si nous ne sommes pas présents au bon moment, des occasions d’accompagnement se perdent.

 

International