Florian, volontaire à Madagascar

28 janvier 2016

Florian, volontaire à Madagascar

Florian Lucchini est bien connu dans le réseau du Mouvement Salésien des Jeunes (MSJ) ainsi qu’au VIDÈS ! Sa dernière aventure à Madagascar en juillet 2014 auprès des enfants incarcérés l’a tellement marqué, qu’il a décidé de consacrer six mois auprès des jeunes de Mahajanga dans un centre Don Bosco. Voici quelques lignes sur sa nouvelle vie.

 

 

« Dimanche 8 novembre 2015, 5h30 du matin à l’aéroport de Marseille. Un dernier regard sur ma ville à travers le hublot, la gorge nouée. Je viens de passer un des moments les plus durs de ma vie. Je me retrouve très vite pour 11h d’avion, et plein de questions en tête. Arrivé à l’aéroport d’Antananarivo, capitale de Madagascar, à 1h du matin je rencontre le Père Julien, directeur de la communauté de Majunga, où je vais passer ces six prochains mois.

 

J’entends : « on est heureux d’avoir un français avec nous »

« Le Centre Don Bosco comporte la communauté avec cinq salésiens, quatre prêtres et un frère, l’aspirandat où logent les aspirants et le Lycée Don Bosco, où 320 jeunes étudient. Il comporte six filières professionnelles : Ouvrage Bois, BTP, Ouvrage Métallique, Fabrication Mécanique, Froid et Climatisation, et Electromécanique.

 

« C’est à l’oratorio que je rencontre les quinze aspirants, la première étape pour se lancer dans la vie salésienne. Ces jeunes, qui ont entre 18 et 23 ans, ont tous pour but de devenir salésien. Dès le premier jour, j’entends : « on est heureux d’avoir un français avec nous », « on a besoin de toi pour améliorer notre niveau de français ». Avec eux je me sens à l’aise tout de suite. Quel magnifique accueil !

 

On me donne 4h de cours de français par semaine avec les aspirants !

« Les premiers jours je ne fais pas grand-chose. Mais très vite on me donne 4h de cours de français par semaines avec les aspirants. Mon gros problème, c’est que je ne suis pas prof ! Alors quelquefois, j’aime bien faire des jeux avec eux, en français bien sûr. Je les fait parler un peu la langue de Molière. Et puis j’apprends beaucoup sur leur culture, sur l’histoire du pays, et donc la nôtre aussi.

 

Je reste un peu frustré au départ… j’adore l’animation

Mon projet comme volontaire, c’était de pouvoir faire de l’animation, et avec l’oratorio, cet immense espace, et les 700 enfants qui y jouent, j’allais bien m’éclater. Mais avec trois jours d’ouverture par semaine.. il ne me reste que le dimanche où je pourrai faire de l’animation. Sur le coup, j’étais un peu frustré, car j’adore l’animation. Mais comme le dis Sœur Marie Bé1 : « une mission ça ne se choisit pas, ça se reçoit ». Donc s’ils ont besoin de moi pour du français, eh bien qu’il en soit ainsi. J’aide comme je peux. Mais je ferai tout mon possible pour organiser un Waki Waki en début de l’oratorio, c’est au moins ça !!!

 

Les jours passent et mon emploi du temps reste trop vide ! Je repense aux témoignages d’anciens volontaires, notamment à celui de Guillaume, qui était dans la même communauté il y a quelques années. Je me mets à la recherche d’occupations éducatives !

 

Je développe alors des animations à l’orphelinat Don Bosco

Maintenant, mon emploi du temps est très rempli. Je vais très souvent avec les électromécaniciens au lycée et les fait parler en français ! J’ai été pendant six ans dans cette section en France au lycée Don Bosco de Marseille. Je les aide aussi dans leur matière principale. Je me rends à « l’orphelinat Don Bosco » tous les samedis, à cinq minutes à vélo de la communauté. Les enfants sont toujours très contents de me voir. Ce n’est pas tous les jours qu’ils ont l’occasion de jouer avec un « Vazaha ».

 

« Ils sont 17 enfants, la plupart entre 5 et 7 ans. La première rencontre fut très intense. Je me suis très vite retrouvé avec 4 ou 5 enfants agrippés à moi, jouant à cache-cache, derrière mon dos. Certains ont été abandonnés à la naissance à cause de leur handicap, l’un d’eux a été retrouvé au milieu des ordures, un autre sur la plage. Des histoires comme cela, il y en a beaucoup !

 

Je devrais être bilingue à la fin de mon volontariat

J’apprends tous les jours de nouveaux mots malgaches. Entre les aspirants et les lycéens, je devrais être bilingue d’ici la fin de mon volontariat. Je trouve que c’est aussi un respect d’apprendre leur langue. Je viens dans leur pays, eux doivent apprendre ma langue pour progresser dans la vie, donc je me dois d’apprendre au moins quelques mots. Puis ça fait toujours sensation quand, au lycée, je sors un « à plus tard » ou même parfois un « taisez-vous » en malgache. Ça les fait rire, et ça contribue beaucoup à mon acceptation.

 

Je ne pensais pas me retrouver un jour à corriger des copies

Pendant les cours, certains me donnent des textes à vérifier. Je ne pensais pas me retrouver un jour à corriger des copies, que je n’ai même pas demandé d’ailleurs. Ce n’est pas en France que l’on verrait cela ! Ils ont envie de progresser, et ils font tout pour cela. Je corrige sur le temps de mes soirées, et même si je préfèrerais regarder un film sur mon ordinateur, c’est toujours avec bon cœur que je me plonge dans mes corrections.

 

Quel plus beau sentiment que de se sentir utile, aimé et accepté ?

Ma mission principale, ce sont les aspirants. Ces jeunes malgaches qui veulent devenir salésiens et qui n’ont aucune confiance en eux. Mon gros défi : leur faire prendre conscience qu’ils sont bourrés de talents, qu’ils peuvent faire de grandes choses, et que dans la vie, il faut se surpasser pour se découvrir. Je passe beaucoup de temps avec eux, que ce soit en cours ou dans la vie de tous les jours. Je les aide aussi quand je peux dans leurs tâches quotidiennes. Et même si ça les dérange de laisser un vazaha éplucher des pommes de terre, je pense qu’ils sont heureux que je participe. C’est important, pour moi, de leur montrer que si j’étais venu pour avoir mon confort et mes habitudes françaises, je serais resté en France.

 

J’aime bien ma vie ici et c’est en grande majorité grâce aux aspirants. Quel plus beau sentiment sur terre que de se sentir utile, aimé et accepté ! Tous les jours, ils me remercient d’être avec eux, de les aider en français. Mais c’est moi qui les remercie infiniment de l’accueil qu’ils me font. J’ai fêté mon premier mois sur l’île rouge avec eux. J’ai mangé à leur table, et je leur ai fait découvrir le gâteau au yaourt. Au début, ils étaient gênés car ils mangeaient seulement du riz accompagnés de quelques légumes à chaque repas. Mais là aussi, il a fallu que je leur fasse comprendre que si je voulais manger français, je ne serais pas venu à Madagascar. Je suis très heureux de partager, toutes les semaines, ce moment avec les aspirants.

 

De temps en temps, je dis un mot du soir… c’est pour moi un honneur

Je leur fait aussi, de temps en temps, le mot du soir, si personne de la communauté n’est disponible. C’est toujours pour moi un honneur quand ils me demandent cela. Me tenir devant eux, leur dire une parole avant qu’ils se couchent, sachant que ce sont les dernières phrases qu’ils entendent avant d’aller dormir. Pour moi, le mot du soir est une parole de sagesse, et c’est réservé à Jean-Marie Petitclerc2, ou quelqu’un d’aussi grand que lui, pas à moi.

 

J’ai oublié de dire : ils lisent Don Bosco Aujourd’hui. Ils me connaissaient avant que je n’arrive grâce à la lecture du site ! Je leur fais découvrir le MSJ, le Campobosco, et toutes les activités salésiennes auxquelles je participe en France. »

 

 

Florian Lucchini
28 janvier 2016

 

 

 

1 : Sœur Marie-Bé est responsable du Volontariat salésien international, le VIDÈS <revenir à la source>

2 : Le père Jean-Marie Petitclerc est notamment directeur du Campobosco.

 

 

Pour aller plus loin

Sur la page publique Facebook « Mon Aventure Malgache » de Florian

Le VIDÈS, Volontariat salésien international

 

 

 

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