Grandir Dignement : depuis dix ans, avec Hélène et David, tendre la main aux jeunes en prison

18 décembre 2021

Grandir Dignement : depuis dix ans, avec Hélène et David, tendre la main aux jeunes en prison

C’est à la suite d’une année à Madagascar avec le VIDES (volontariat des sœurs salésiennes, cf note en bas d’article) qu’Hélène et David Muller, tous deux éducateurs spécialisés, ont décidé de créer Grandir Dignement. L’association, qui fête ses 10 ans, agit désormais à Madagascar, en France et au Niger. Retour sur une formidable aventure.

Tout commence en 2009 à Madagascar. Hélène et David, qui y vivent une expérience avec le volontariat salésien (voir encadré) visitent un centre de rééducation de l’administration pénitentiaire, qui accueille 100 enfants âgés de 8 à18 ans. « Leurs conditions de vie étaient insalubres et les jeunes étaient totalement livrés à eux-mêmes « , se souviennent Hélène et David. Marqués par cette visite, ils souhaitent agir, pour redonner une véritable dignité humaine à ces jeunes. En collaboration avec la responsable de la prison, ils mettent en place un projet éducatif et social avec la création de formations professionnelles, de suivi éducatif et d’animations pédagogiques…

David et Hélène, lors de la réception du prix, en 2013.

Un an après, Grandir Dignement est née. Les deux convictions que portent Hélène et David figurent dans le nom de l’association : Grandir et Dignement.  « Pour nous, il était plus que nécessaire de permettre aux enfants, et tout particulièrement les enfants les plus fragiles, de devenir des citoyens engagés ayant pleinement leur place dans la société. […] Quels que soient les actes commis, quelles que soient les origines des enfants, les droits de l’enfant, tout comme les droits de l’homme, ne se méritent pas, ils ne sont pas soumis à conditions, ils ne sont pas négociables, ils sont la base d’une société viable et équilibrée. »

Les débuts sont malgaches : des actions et collaborations sont mises en place avec l’Administration pénitentiaire et le ministère de la Justice du pays. D’autres rejoignent David et Hélène. L’association grandit. Et son travail est salué. Ainsi, en 2013, Grandir Dignement reçoit le prix des droits de l’homme de la République française, décerné par la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH). « Une fierté pour l’équipe, s’exclame David. Ce prix nous a permis d’être reconnu dans notre mission ». Pour l’anecdote, Hélène avait hésité à déposer cette candidature. « Je trouvais cela un peu prétentieux comme démarche, se rappelle-t-elle. Mais en la réalisant, j’ai pris conscience que cela dépassait maintenant le projet éducatif pour devenir un projet pour les droits humains. »

Trois lieux de missions

Depuis 2016, Grandir Dignement s’est développée et internationalisée. L’association est maintenant présente dans trois pays : à Madagascar, au Niger et en France. Les actions sont variées et s’adaptent selon les besoins des jeunes et des pays. Madagascar, c’est 1 000 mineurs incarcérés, 80 % des mineurs en détention préventive et bien souvent, une non-séparation entre les mineurs et les majeurs. Grandir Dignement intervient dans quatre établissements pénitentiaires, soit entre 250 et 300 jeunes âgés de 8 à 18 ans. Ses actions ? Accompagner les jeunes dans le post-carcéral, fournir un repas équilibré, assurer une présence médicale et un suivi pour chaque jeune, trouver des alternatives à la détention, permettre un suivi éducatif avec une scolarisation et des propositions de formations professionnelles…

Au Niger, c’est environ 900 mineurs qui séjournent dans les établissements pénitentiaires, dont 86 % en détention préventive. Grandir Dignement assure dans trois établissements pénitentiaires un suivi judiciaire, un accompagnement vers l’insertion socioprofessionnelle, un appui alimentaire, des formations professionnelles et des sessions d’alphabétisation pour faciliter la réinsertion des jeunes dans la vie active.

Enfin, en France, environ 3 000 mineurs sont incarcérés, soit 1% de la population carcérale, selon l’Observatoire Internationale des prisons. L’association est présente principalement à Metz, Fleury-Mérogis et Nancy et propose trois accompagnements possibles : un parcours complet aidant à la remobilisation du jeune dans le temps et lui permettant une meilleure réinsertion ; un parcours sous forme de modules s’adaptant au jeune et à sa structure d’accueil ; un espace d’accueil permettant de donner des moyens concrets pour prendre en main ses projets personnels et professionnels. L’association intervient aussi auprès du grand public pour sensibiliser sur la question de la justice des mineurs.

Et Don Bosco dans tout ça ? « Grandir Dignement, c’est un peu salésien ! » répond Hélène avec le sourire. Comme Jean Bosco, dont la vocation est née dans les prisons de Turin, Hélène et David ont à cœur de s’appuyer sur la pédagogie salésienne. Ils ont donc rejoint le réseau Don Bosco Action Sociale (DBAS), dont le coordinateur est le père Jean-Marie Petitclerc. Et s’appuie sur la charte du réseau, construite autour de trois piliers : le respect de la dignité de chaque enfant ou jeune en prenant compte de son histoire personnelle ; l’accompagnement de l’enfant ou du jeune dans le développement de ses compétences corporelles, intellectuelle, spirituelle, affective ou sociale ; la considération du jeune comme acteur de son propre développement personnel.

Prix Cognacq-Jay

Pour son 10e anniversaire, l’association a reçu un joli cadeau : elle a reçu le prix Cognacq-Jay, pour son parcours alliant insertion et engagement solidaire pour les 16-25 ans en conflit avec la loi dans l’est de la France. Bon anniversaire, Grandir Dignement ! automne !

Marie-Hermine GAY

(1) Chaque année, des jeunes désireux de vivre un volontariat s’engagent chez les sœurs salésiennes ou chez les salésiens, à l’étranger ou en France, pour une période de 6 à 10 mois, voire davantage. Un stage de préparation est organisé en juillet dans une communauté de France. Ce volontariat est organisé sous l’égide d’une association, le Vidès France-Belgique, rattaché au Vidès international. A leur retour, les volontaires vivent un week-end de relecture pour rendre compte de leurs expériences et les faire partager. Plus d’infos auprès de sœur Maria del Pilar Alonso ou de sœur Chantal Fert. Ou sur le site www.vides-france-belgique.com

 

Oeuvres salésiennes