Brésil : à Manaus, avec le père Felipe, le pari de l’espérance

27 mars 2021

Brésil : à Manaus, avec le père Felipe, le pari de l’espérance
Le 13 février, des milliers de paquets alimentaires sont arrivés à Manaus

Le père Felipe

Depuis quelques jours, la communauté salésienne implantée à Manaus, capitale du vaste Etat brésilien de l’Amazonas, respire de nouveau. Manaus a autorisé la venue des enfants de 3 à 5 ans à l’école et devrait élargir la mesure aux moins de 14 ans. Le signe d’une accalmie très attendue par le père Philippe Bauzière, alias père Felipe : « Nous avons perdu notre directeur, père Gilberto et le père Bento (voir encadré) en moins de 10 jours. Tout est allé très vite. On manquait d’ambulance, d’oxygène et de médecins. ». Au sein de la communauté, les plus jeunes étaient même séparés de leurs aînés pendant plusieurs semaines pour les repas et les prières. Mais début février, quatre d’entre eux ont reçu leur première dose de vaccin. « On se sent un peu plus libre maintenant. La vie continue », raconte Felipe, né à Tournai (Belgique) en 1968.

« Rêver le futur » avec les jeunes

Quelques élèves, en temps de pandémie, devant le collège

La vie continue et la province s’organise pour animer la paroisse et préparer l’emploi du temps du collège et de la faculté. Le manque de contact avec les jeunes se fait sentir mais l’équipe éducative fait son maximum. « Les enseignants appellent leurs élèves et utilisent même les réseaux sociaux pour communiquer avec eux. », explique le père Felipe, ordonné prêtre en 1998. Les professeurs font face à de vrais défis pour rejoindre les jeunes issus de familles défavorisées qui n’ont pas souvent le matériel nécessaire pour suivre les cours en ligne. Les apprentis suivent, eux-aussi, une formation à distance qui a été allongée à cause du virus. « On prépare plus de 300 étudiants de 15 à 22 ans au monde du travail, pour l’après-coronavirus ». Pour les plus jeunes, l’œuvre sociale salésienne propose un parcours pour « rêver le futur ». C’est le nom de ce projet éducatif pour les préparer au monde demain et lutter contre la désoccupation qui touche de nombreux jeunes au Brésil, souvent dans les familles les plus pauvres.

Une situation politique qui n’aide pas

Sur la place de la cathédrale, au mois de février, les habitants de Manaus font la queue, sous la pluie, pour recevoir un colis alimentaire

« À cause de la crise, la situation financière de certaines familles est poignante. Les gens n’ont plus rien », s’indigne Felipe. Depuis janvier, des familles entières se retrouvent à la rue. D’autres se rendent dans les hôpitaux pour trouver quelque chose à manger. « Nous n’avons pas les mêmes aides qu’en France et la situation politique n’arrange rien. Nous en sommes à notre troisième ministre de la Santé », poursuit le directeur de l’œuvre sociale salésienne à Manaus.

Le président, Jaïr Bolsonaro, a longtemps dénoncé les « pleurnicheries » de la population pendant que les gouverneurs des États tentaient d’imposer des règles contre l’avis du gouvernement pour éviter la propagation du virus. Une situation qui crée une distorsion de l’opinion, selon Felipe, alors que « les politiques devraient parler d’une seule et même voix ». Aujourd’hui, face à une situation hors de contrôle, le président brésilien arbore régulièrement le masque et fait désormais campagne pour la vaccination.

La solidarité, motif d’espérance

Une partie de la communauté avec les 5 pré-novices arrivés fin février à Manaus

En attendant un retour à la normale, à Manaus, la communauté continue d’agir. La psychologue du collège accompagne les jeunes à leur demande plusieurs fois par semaine. Des colis alimentaires de 16 à 20 kilos ont été offerts aux plus démunis. L’œuvre sociale salésienne a permis la distribution de milliers de paquets auprès de 1200 familles qui ont pu en bénéficier tout au long de la pandémie. Ces actions ont rassemblé des dizaines de bénévoles. Pour Felipe, « cette solidarité, c’est le plus grand motif d’espérance qui existe pour le monde d’après. ». Au cours de ces derniers mois compliqués, c’est cette espérance qui a guidé la communauté et Felipe le reconnait volontiers : « en tant que chrétien, nous ne pouvions pas tomber dans la désespérance, c’est l’essence même de notre foi. »

 

Joseph MAGDELAINE

 


Originaire de Ypres (Belgique), le P. Bento a passé toute sa vie salésienne au Brésil

 

Benoit Le Fevere de Ten Hove est décédé à l’âge de 75 ans des suites du covid. « Le père Bento avait le charisme de Don Bosco. Toute sa vie a été donnée pour les jeunes. Il avait ce feeling particulier pour les comprendre, confie le père Felipe. C’était un modèle pour moi. Il savait tirer le meilleur des jeunes ». Né en Belgique, le père Bento a passé la majeure partie de sa vie au Brésil où il fondé quatre œuvres sociales, notamment à Porto-Velho et Manicoré.

 


 

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