Journée d’étude sur les priorités du travail auprès des Mineurs Non Accompagnés

9 novembre 2018

Journée d’étude sur les priorités du travail auprès des Mineurs Non Accompagnés

Ils sont de plus en plus nombreux dans nos maisons d’action sociale et dans nos écoles salésiennes. Une journée d’étude a été organisée au Centre Jean Bosco de Lyon le 5 octobre dernier pour partager les expériences, confronter les réponses, se questionner sur le travail humain et social auprès des Mineurs Non Accompagnés.

 

Ils étaient trente-huit participants, venus des quatre coins de France et de Belgique, éducateurs et professeurs, bénévoles, religieux salésiens, tous très concernés par l’accueil des migrants Mineurs Non Accompagnés.

Pierre-Jean Allard, salésien de Don Bosco, présidait les travaux. La Province de France – Belgique Sud a demandé à ce jeune religieux, juriste de formation, de faire un master 2 en droit des étrangers. En effet, depuis quelques années, la prise en charge des MNA est devenue une réalité incontournable. Don Bosco nous encourage à regarder vers ces jeunes fragilisés, à les rejoindre et à croire en eux : ils doivent devenir acteurs de leur vie et source de rajeunissement pour nos sociétés.

 

Statistiques 

MNA pris en charge en France : 13.008 en 2016, 25.000 en 2017

En 2017 : 50.000 jeunes se sont présentés comme MNA, mais 14.908 ont eu droit à la protection de l’Aide Sociale à l’Enfance.

29.600 personnes en 2017 ont reçu le statut de réfugié pour 115.000 demandes.

95% de garçons, 5% de filles, mais beaucoup de celles-ci ne sont pas enregistrées, souvent nous les retrouvons prises dans des réseaux de prostitution.

Salariés et bénévoles font face aux questions des MNA sur le sens de la vie

La première chose à travailler avec eux, c’est le sens de la vie. Don Bosco commençait par cela. Ces jeunes ont derrière eux une histoire traumatisante qui laisse des traces, et qu’il leur est souvent difficile de partager. Il n’y aura donc pas de résilience ni de restauration de leur identité s’il n’y a pas une motivation, une envie de futur, un objectif concret, de quoi construire du sens. La présence des bénévoles dans les établissements a justement cette dimension du sens, par la liberté d’agir gratuitement, de témoigner des valeurs humaines. Car les professionnels de l’éducation et du social risquent, eux, d’être accaparés d’abord par les papiers qu’il faut mettre en règle.

Pour sensibiliser les jeunes… 

Se mettre dans la peau d’un migrant, être surpris par les événements du trajet, obéir ou désobéir aux interlocuteurs : cette sensibilisation permet aux jeunes de découvrir les conditions de vie des migrants et leur parcours avec un esprit critique.

Cela à travers une sensibilisation et un jeu de rôle. Un kit avec livret pour l’animateur, passeports, casquettes, documents, etc., livré dans une valise, est disponible.

 

Pour commander le kit de sensibilisation (photo ci-dessous) :

Sur La Route Avec Les Migrants

ou

Salésiens de Don Bosco
Sur la route avec les Migrants
393 bis rue des Pyrénées
75020 Paris
France

 

« Les institutions sont confrontées à une arrivée de plus en plus importante de jeunes se prévalant MNA »

Ibrahim Amadou, qui prépare un doctorat en Droit, portant sur la protection au niveau national et international des MNA à l’Université de Toulon, a apporté des réponses précieuses pour se débrouiller dans la jungle d’une législation d’une grande complexité, difficile à comprendre, comprise et appliquée différemment – certaines fois avec souplesse et bienveillance, dans d’autres cas de façon rigide et méfiante – selon les départements. Les institutions sont confrontées à une arrivée de plus en plus importante de jeunes se prévalant MNA, et sont plus poussées à vérifier la véracité de leurs propos qu’à offrir une protection effective pour tous.

Mme Aïda Laudicina, directrice de la maison sociale Laurenfance de Lyon, s’est attachée à décrire le travail des éducateurs à travers le parcours symptomatique d’un jeune malien dont l’identité est profondément délabrée par son parcours migratoire. Elle a évoqué le « syndrome d’Ulysse » développé par un psychiatre espagnol, Santiago Gamboa. Le parcours du héros grec a les allures d’un guide de survie pour le migrant : par son intelligence capable d’inventer des solutions face à l’inconnu, grâce à sa ruse, à sa créativité ingénieuse, sa capacité de s’adapter.

L’équipe éducative favorise des parcours individualisés

L’après-midi, monsieur Jacques Bailleux, directeur de la maison d’action sociale de Notre Dame de Montmélian (Val d’Oise) a exposé le dispositif mis en place pour répondre aux besoins de ces jeunes différents des cas sociaux issus du territoire. L’institution a fait le choix de les regrouper, non plus dans une unité de vie classique en mixité avec des jeunes mineurs français, mais sur différents sites, en semi autonomie, car ces jeunes ont appris à se débrouiller et ont acquis des réflexes de responsabilité. L’équipe éducative favorise des parcours individualisés pour respecter leur histoire. Il met en évidence une difficulté qui sera souvent évoquée : ces jeunes arrivent vers l’âge de 15-16 ans, et il leur reste peu de temps avant leur majorité, 18 ans, âge où l’Etat cesse de les prendre en charge !

Le lycée technique et professionnel est particulièrement adapté pour mettre en projet les jeunes

 Action salésienne internationale

Les salésiens affrontent le problème des Mineurs Non Accompagnés depuis des années, notamment dans les immenses camps de réfugiés en Afrique, les villes frontières du Mexique avec les Etats-Unis, au Liban et en Turquie…

Lors de la Journée Internationale pour les droits des Migrants de décembre 2016, Don Bosco International a proposé un « guide » pour le travail avec les mineurs à travers la figure du tuteur bénévole.

L’Italie a créé l’« Observatoire Salésien pour les Droits des Mineurs » et un réseau de tuteurs volontaires, grâce à l’instrument de l’adoption activé par le droit italien. Rien que dans la région de Rome, plus de 1000 tuteurs ont été formés pour accompagner les jeunes… et leur permettre de rêver.

 

Daniel Gouilly, directeur de l’Institut Lemonnier à Caen, met en évidence comment le lycée technique et professionnel est particulièrement adapté pour mettre en projet ces jeunes qui lui sont confiés par des institutions d’accueil. Ces jeunes sont moteurs, car ils veulent apprendre, et ils provoquent les professeurs à travailler leur matière, changer leurs modèles, acquérir de nouvelles compétences, comme par exemple des connaissances en langue anglaise ou l’accompagnement. L’Internat est un atout, car l’école devient pour ces jeunes un lieu de vie, ce qui permet de les sécuriser et de mieux les connaître. Un fonds de solidarité est mis en place pour permettre à ces jeunes de poursuivre leurs études après leurs 18 ans.

Les participants se sont répartis en quatre groupes pour échanger les expériences concrètes, les avancées, les difficultés, les questions, les souhaits et propositions. Quelques décisions évidentes : mutualiser les informations, en particulier pour les démarches administratives, afin d’éviter à chacun de refaire la course d’obstacles de son côté, faire connaître des avocats qui ont une expérience dans le droit des étrangers et connaissent les voies pour débloquer des dossiers, élargir les connaissances en profitant de l’expérience internationale : les Italiens et les Espagnols ont été confrontés avant nous à ce phénomène des MNA.

Pour la famille salésienne, tous les jeunes sont accueillis sans discrimination. Don Bosco disait : « Il suffit que vous soyez jeunes pour que je vous aime. »

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Oeuvres salésiennes