Après la rentrée… mon fils n’a pas d’amis 

4 octobre 2018

Après la rentrée… mon fils n’a pas d’amis 

« Quand notre fils n’a pas été invité à l’anniversaire où la majorité des enfants de la classe sont invités, on commence à s’inquiéter ». Que dire à l’enfant qui se sent exclu ? « Tu dois être gentil »… « tu devrais inviter untel mercredi et aller au cinéma ». « Il faut, tu dois… » Cela va mal avec l’amitié. Car il faudrait en avoir envie. Mais comment donner du désir ? « Vas-y ! Dépasse un peu ta timidité ». Ce n’est pas évident non plus : « Je ne vois pas l’intérêt. Je préfère rester avec vous. »

 

L’isolement a toujours existé. Mais aujourd’hui les jeunes y sont davantage confrontés … car le nombre minimum d’amis est multiplié par 2, 10, ou 100. Les collégiens ont tendance à mettre des étiquettes qui se rapportent à la capacité à se faire des amis. Il y a les Bolos, les Populaires, les Intellos…, mais aussi : les bouffons, et les Mythos. Le Populaire a la cote, tandis que les Bolos, … sont carrément dénigrés, comme les Idiots. Pour Michel Fize interviewé dans le quotidien La Croix la retenue n’existe plus. « Autrefois, on pouvait penser qu’un tel était un idiot, mais on ne le lui disait pas. Désormais, chacun dit ce qu’il pense en toute impunité. » …

« Ce serait mieux que tu sois ami avec l’Intello
plutôt que le bouffon de la classe… non ? »

Mendiants d’amis

L’attitude des parents n’est pas toujours adaptée : « Ce serait mieux que tu sois ami avec l’Intello plutôt que le bouffon de la classe… non ? » Or certains enfants ne sont pas acceptés par ceux qu’ils aimeraient. Pour accompagner l’ado qui mendie l’amitié, le bon moyen est de parler clairement avec lui de la question du regard des autres et d’expliquer les avantages et les inconvénients s’il continue à mendier cette amitié.

Auto exclusion

Les remèdes se trouvent parfois chez les jeunes eux-mêmes. Il s’agit d’apprendre à reconnaitre un élève en situation difficile, d’adopter des attitudes d’aide et de savoir moduler son intervention selon la personne ou la situation. Faire participer les jeunes est important. Car on a remarqué dans de nombreux établissements que les solutions mises en place par les adultes produisent souvent les effets inverses de ceux attendus. Un enfant isolé aidé par un adulte devient rapidement un Bouffon aux yeux des autres. L’intervention de l’adulte redouble son handicap.

Donner un avant-gout

Dans un établissement salésien, à Toulon, on a réservé un banc pour se faire des amis : le banc de l’amitié. L’enjeu est de parler avec la personne qui est assise sur ce banc, qu’on le connaisse ou non. Au niveau du lycée, c’est le film primé au Festiclip 2017, « Et si on en parlait », qui sensibilise à l’auto exclusion. Le film réalisé par les élèves du Campus de Pouillé présente une jeune fille s’opposant sans cesse à ses camarades de classe, créant sa propre exclusion. L’attention d’un élève l’aide à parler et à retisser des liens.

Il ne s’agit donc pas d’aller contre la tendance du jeune isolé mais de lui permettre d’être attentif à des marques d’amitié. Des petites questions peuvent aider le jeune à la lecture de signes positifs…. Plutôt que des injonctions, invitons-le à observer : « Tu t’es senti accueilli ? » ou bien «  Qui est-ce qui t’a accueilli le jour de la rentrée ? Cela a dû te faire du bien ! » Et si l’enfant remarque que l’attitude d’accueil et d’attention d’une personne lui a fait du bien, proposer : « Toi, tu oserais faire la même chose ? »

 

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