Que faire face à des élèves au comportement difficile ? Sanction éducative, autorité accordée, miséricorde inventive… les réponses d’Emmanuel Besnard, salésien de Don Bosco

24 novembre 2024

Que faire face à des élèves au comportement difficile ? Sanction éducative, autorité accordée, miséricorde inventive… les réponses d’Emmanuel Besnard, salésien de Don Bosco

Salésien de Don Bosco, le père Emmanuel Besnard a été interrogé par la journaliste Virginie Leray, pour la revue « Enseignement catholique Actualités », dans le cadre d’un hors-série intitulé « Élèves à comportement difficile : quelles solutions ? », disponible en PDF (4 euros) ou en version papier (8 euros) via ce lien.
Le directeur du service formation des Maisons Don Bosco explique en quoi il est essentiel que les éducateurs restent présents auprès des élèves dont le comportement les met en difficulté.

Quelle posture avoir face aux comportements difficiles ?
E. B. : Avant tout, une posture de respect inconditionnel qui fait écho à la manière dont la tradition chrétienne distingue la personne de ses actes, pour ne pas l’enfermer. Dans l’Evangile, les pécheurs ne sont-ils pas sans cesse relevés ? Jésus ne nous demande-t-il pas d’accueillir les plus petits ?
Une autre clé est de comprendre l’histoire personnelle de l’élève et son vécu avec ses pairs. Parfois, les enseignants prennent pour eux certaines attitudes oppositionnelles, alors que le jeune cherche surtout à s’affirmer par rapport aux autres ou à ne pas se mettre au travail pour se préserver de l’échec. Croiser les regards en équipe, avec la vie scolaire, et s’appuyer sur l’expertise des parents permettent d’affiner cette compréhension de l’élève et de chercher des solutions à plusieurs. Enfin, l’inconfort pouvant être source de créativité, ces élèves offrent aux éducateurs l’opportunité d’améliorer leurs pratiques.

Comment rendre une sanction éducative ?
E. B. : On perçoit la sanction comme un aveu d’échec, alors qu’elle peut contribuer à la croissance du jeune. Par opposition, la punition, dont « la logique expiatoire » a été mise en valeur par le chercheur Eirick Prairat, active la culpabilisation des personnes et peut susciter de l’humiliation. La sanction porte sur des actes et permet de les dépasser pour se tourner vers le futur, dans une perspective activante et responsabilisante. En y adhérant, le jeune reconnait qu’il a mal agi et s’engage à se corriger. De plus, dans un contrat soutenu par une alliance éducative, il importe de fixer au jeune un objectif atteignable, dont il perçoit le sens et qui participera à restaurer son estime de lui-même.

Père Emmanuel Besnard, salésien de Don Bosco.

Comment procéder ?
E. B. : Sur les contenus de sanction, on peut demander à un jeune qui a dégradé quelque chose d’aider à réparer ou donner à faire un travail sur la partie d’un cours qu’il a perturbé… Je me souviens d’un élève qui, ayant démontré en cours de véritables talents d’animateur, s’est vu confier la garde des enfants du personnel, un samedi matin de Journée portes ouvertes… Surprendre un peu des jeunes rodés aux sanctions peut aussi les aider à avancer: c’est cet esprit de miséricorde inventive que je conseille aux éducateurs d’adopter ! Il convient aussi de ne pas oublier de clôturer la sanction par une parole de restauration qui ouvre une nouvelle page. Par exemple, si un travail a été donné en retenue, il importe de faire un retour au jeune sur sa production.

Les éducateurs doivent en somme faire comprendre à ces jeunes qu’ils ont du prix à leurs yeux…
E. B. : On observe en effet que prendre en compte la parole des jeunes dans les pratiques de sanction rend celles-ci plus fécondes. L’existence d’espaces d’expression ouverts aux points de vue divergents favorise des effets réflexifs, toujours plus opérants que des effets de soumission comportementale.
Des commissions éducatives, voire des conseils de discipline (sans exclusion définitive à la clé), peuvent jouer ce rôle si on ne les conçoit avant tout pas comme des instances de renforcement du pouvoir des adultes. Il existe une différence entre pouvoir de soumission et autorité. D’une certaine manière, cette dernière est accordée par ceux qu’elle entend faire grandir.
Dans le réseau salésien, on parle « d’autorité accordée »: c’est la qualité d’une relation qui se construit sur le long cours et par du temps partagé qui permet d’enraciner l’autorité. Faire autorité auprès des jeunes, cela commence par reconnaître qu’une partie de cette autorité leur revient.

Avec ce numéro hors-série, l’équipe d’Enseignement catholique Actualités a souhaité contribuer à la réflexion de manière concrète et pragmatique, par des exemples de terrain (notamment au collège-lycée Don Bosco de Landser) et des témoignages d’acteurs engagés, à la question des élèves à comportement difficile. Hors-série disponible en PDF (4 euros) ou en version papier (8 euros) en cliquant ici.

 

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