Question d’éducation : Etre gentil, pas facile à vivre ?

20 août 2018

Question d’éducation : Etre gentil, pas facile à vivre ?

Apprendre la gentillesse à ses enfants, n’est-ce pas les envoyer comme des agneaux au milieu des loups ? La méchanceté est bien présente dans notre monde compétitif et dur où tous les coups semblent recommandables. Faut-il alors leur appendre le calcul, la recherche de son intérêt « bien compris » ? La réponse est claire : inutile d’en rajouter !

Pourquoi la gentillesse fait-elle honte aujourd’hui ?

La mode est au cynisme de celui qui ne fait pas de cadeau, sinon à soi-même. “Cessez d’être gentil, soyez vrai”, titrait un livre plein de conseils pour regonfler le moral des cadres et développer l’estime de soi. La gentillesse apparaît comme une faiblesse. D’ailleurs, on n’est jamais gentil tout court : on est “pas assez gentil”, ou “trop gentil”. Etre gentil, ça commence par la naïveté, et on finit “pigeon”. Et ça, c’est l’horreur !

 

Etre gentil est une vertu

Il faut redonner à la gentillesse ses lettres de noblesse. Autrefois, ne disait-on pas un “gentilhomme” pour désigner un homme rempli de nobles qualités humaines ? Il faut vraiment retrouver cette vérité perdue : au fond de nous-mêmes, nous aspirons tous à faire le bien, à être gentils. La méchanceté, c’est, étymologiquement, “ce qui tombe mal”. Le propre de la méchanceté consiste à avoir d’emblée perdu la partie, en se manifestant de manière violente, faute d’avoir résolu le problème qui s’est posé. La gentillesse suppose une maîtrise de soi, que le méchant n’a pas.

 

Un intérêt sans calcul

La gentillesse, c’est quand on a découvert le plaisir de donner, quand on préfère l’action bénévole plutôt que le profit pur et dur. C’est l’intuition que la confiance est plus productive. La gentillesse est un bon antidote au pessimisme, parce qu’elle nourrit la joie en nous. Quoi de mieux pour renforcer notre estime de nous-mêmes ? La gentillesse, c’est quand on veut et comme on peut. On n’a pas le devoir d’être gentils, mais on en a le doux pouvoir. Elle ne fait pas partie d’une morale du devoir lourde à porter, mais d’une morale légère de la liberté.

 

Elle agit par capillarité

La gentillesse appelle la gentillesse. Elle agit par capillarité. Elle est une révolution douce qui renferme une promesse : celle d’un mieux vivre ensemble. Elle conduit à la sagesse. Elle est une porte d’entrée de la vie spirituelle.

La gentillesse n’exclut pas la fermeté, elle exige le droit et s’appuie sur lui. Elle se travaille, et notre époque a développé des outils à la portée des éducateurs et des parents : les chartes des droits de l’homme et plus spécifiquement de l’enfant, le travail du langage et la prise de conscience de la façon dont on parle, la gestion des conflits, l’art de la médiation, les techniques de non-violence.

Ainsi, la gentillesse offre des chances de mieux maîtriser les situations difficiles. Elle est comme un levier d’Archimède : un petit geste peut faire bouger des poids énormes, parce que les relations deviennent désirables, agréables, joyeuses, fructueuses.

La gentillesse est une forme d’intelligence : celle du cœur, qui engendre un art de vivre, plein de bon sens, l’art d’être humain parmi ses semblables.

 

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