Question d’éducation : Mon fils me ment. Que dois-je faire ?

23 janvier 2014

Question d’éducation : Mon fils me ment. Que dois-je faire ?

Peur d’être sanctionné, de décevoir, de ne plus être aimé, de ne pas obtenir la promotion attendue ou le cadeau souhaité… de nombreux jeunes préfèrent mentir. Comment l’adulte peut-il se positionner face au mensonge d’un jeune ? Réponse de Luc Hepoelh, salésien de Don Bosco, éducateur spécialisé. Pour les jeunes, comme pour l’adulte, il est bien plus facile au premier regard de voiler la réalité par une petite infraction à la vérité, plutôt que d’assumer l’acte posé. Mais le mensonge entraine le mensonge.

 

 

La manière d’accompagner le jeune qui s’enferme dans ce mode de fonctionnement varie en fonction des peurs qui l’habitent et des émotions qu’il génère envers celui à qui il ne veut pas exprimer la vérité.

Un stratagème pour se cacher

Se pose alors la question du « pourquoi » : pour quelle raison utilise-t-il ce stratagème ? C’est dans l’approche compréhensive des motivations, des raisons qui l’ont mobilisé que l’adulte concerné pourra au mieux ajuster son accompagnement. Il est évident que toutes ces situations sont uniques et les stratégies multiples.

Nous savons bien, et lui aussi, qu’à un moment la vérité apparaîtra. Il est souvent constaté que lors du mensonge ne compte que le moment présent ; on fit abstraction des conséquences qu’entraînera le mensonge. Reste bien la peur immédiate de la sanction ou de la déception.

 

Comprendre ce qui a motivé le mensonge par une écoute bienveillante

Dans ma pratique éducative, j’essaie le plus possible de ne pas porter de jugement (tu m’as déçu, je ne peux plus te faire confiance), ni de réduire le jeune à l’acte qu’il a posé (tu es un menteur), mais de comprendre ce qui a motivé son acte. Lorsque je dis comprendre, je ne donne pas mon adhésion au comportement, mais je vise à être suffisamment à l’écoute pour accueillir ses raisons : peur de la sanction, peut-être aussi de moi ?

Cette première phase d’écoute bienveillante, permet souvent d’aborder les conséquences du mensonge : perte de confiance, suspicion, rupture de relation, éloignement, incompréhension.

 

Il s’agit de remobiliser le jeune dans la relation qu’il tentait de fuir

Dans une seconde phase, élaborer avec le jeune un espace de réparation de « reliance » de ce qui a été abîmé dans cet acte. Très souvent ce lieu de parole permet au jeune de prendre conscience des enjeux d’une relation construite et des raisons qui l’ont entraîné à la biaiser. Il est régulier d’entendre le jeune proposer alors une sanction-réparation qui le remobilise dans la relation à laquelle il tentait justement d’échapper, de fuir.

 

Il est important de comprendre ce que nous ressentons, nous, adulte

La troisième phase demeure le temps de la relecture personnelle pour l’adulte afin de chercher à comprendre ce que « mon fils me ment » crée en moi comme sentiment. Est-ce de la colère, de la tristesse, de la peur ? Faire ce travail sur moi permettra de mieux me comprendre, de comprendre ce que je ressens, de voir ce que je souhaite comme évolution dans l’intervention que j’aurai avec lui et de chercher les mots pour lui transmettre correctement mes sentiments, mes inquiétudes.

 

Il est important de comprendre ce que nous ressentons pour ne pas nous laisser submerger par nos sentiments et avoir une réaction inappropriée. Laissons la possibilité à notre enfant de parler en vérité. De l’amener à la compréhension des conséquences du mensonge afin qu’il puisse lui-même trouver la manière de rétablir le lien rompu. Cette proposition d’accompagnement vise à aider l’adolescent à grandir vers la maturité adulte.

 

Luc Herpoel
salésien de Don Bosco,
éducateur spécialisé
chef de service
au Valdocco de Lyon.

30 janvier 2014

 

 

 

 

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