Aide sociale à l’enfance : comment améliorer ce qui dysfonctionne ? | RCF

22 mai 2024

Aide sociale à l’enfance : comment améliorer ce qui dysfonctionne ? | RCF

Mercredi 22 mai 2024, l’émission Je pense donc j’agis, l’émission quotidienne de RCF, en codiffusion avec Radio Notre-Dame était consacrée aux enfants placés, alors qu’une commission d’enquête parlementaire vient de démarrer ses travaux sur le sujet.

Aujourd’hui, en France, 370 000 enfants bénéficient d’une mesure de protection de l’enfance, des enfants que la Justice doit protéger. La moitié est accueillie soit au sein de famille d’accueil, soit en foyer, rappela Madeleine Vatel, journaliste à RCF. « Parfois, ils y trouvent une seconde chance. Mais parfois c’est la double peine, l’institution qui devait les protéger, les éloigner de la violence va les y replonger. Les défaillances sont-elles des cas isolés ou un système qu’il faut revoir ?« .

Quatre invités ont pu prendre la parole :
Pierre-Alain Sarthou, directeur général de la CNAPE, Convention nationale des associations de protection de l’enfant
Marie-Angèle Gandarez, en formation d’aidante dans les milieux de la santé mentale et protection de l’enfance, membre du Comité de vigilance des anciens enfants placés
Lucas Cortella, travailleur social depuis quelques années, membre du Comité de vigilance des anciens enfants placés
– soeur Anne-Flore Magnan, religieuse salésienne de Don Bosco, éducatrice spécialisée, directrice d’un internat

 

Soeur Anne-Flore fut invitée, tout d’abord, à présenter l’internat Don Bosco de Ganshoren, où elle vit et travaille : « c’est un internat social qui a vocation à accueillir tous les jeunes de 7 à 21 ans. Le cœur de l’action est d’accueillir des jeunes en difficulté. 70% d’entre eux sont placés par les services sociaux ou le juge. Et 30% à la demande des parents. Nos jeunes sont répartis en groupe de vie, avec des éducateurs, la cuisinière, des bénévoles (accompagnement scolaires, activités, sorties…) et la communauté religieuse, qui a un rôle important« , expliqua celle qui est éducatrice spécialisée de formation.

La sécurité des enfants

Elle évoqua ensuite les difficultés du secteur : « Ce qui permet de changer la vie d’un enfant, c’est la rencontre avec des adultes qui donnent envie d’être adultes, stables, sécurisants, dans une structure sécurisante. Et hélas, aujourd’hui, des structures ne le sont pas en France et en Belgique francophone. Il faut dire ici qu’on a plus de critères aujourd’hui dans un camp scout l’été (par exemple, un ratio d’1 adulte pour 12 enfants) que dans une structure d‘aide sociale à l’enfance. »

« La mission fondamentale de ces foyers est de répondre aux besoin fondamentaux de ces enfants, et le premier, c’est la sécurité. Ca ne peut se faire que si les adultes présents ont le temps de s’en occuper, s’ils sont assez nombreux« , compléta Pierre-Alain Sarthou.

La notion de présence, chère à Don Bosco

« J’insiste sur la présence, très chère à Jean Bosco et à notre pédagogie. La qualité de la présence adulte envers les jeunes et la responsabilisation des jeunes envers les autres. Ce qui fait un parcours réussi, c’est un parcours où l’enfant va être sécurisé. Il va pouvoir se poser, respirer, redevenir un enfant« , compléta sœur Anne-Flore Magnan, qui a prononcé en ce mois de mai 2024, ses vœux définitifs dans la congrégation des salésiennes de Don Bosco. « Un enfant qui change d’école au gré des placements, c’est à chaque fois lui qui doit s’adapter. Ces enfants victimes des dysfonctionnements des adultes, c’est à eux qu’on demande un effort (…) Un jeune en difficulté, c’est un jeune qui est « empêché » de se construire et d’aller bien. Aucun enfant ne vient au monde avec l’envie de mettre le bazar à l’école, d’être insultant ou violent. Il y a des choses qu’il traverse qui viennent susciter ça. Quand un enfant ne connait que des ruptures, des vides, des déplacements, comment peut-il se construire dans la vie ? »

Un vrai plaidoyer pour le métier d’éducateur spécialisé. Et pour la pédagogie salésienne.

Il est possible d’écouter ici l’intégralité de l’émission.

 

Revue de presse