P. Jean-Marie Petitclerc sur RCF : L’ « Amorevolezza », la place de l’affection dans l’éducation

30 avril 2021

P. Jean-Marie Petitclerc sur RCF : L’ « Amorevolezza », la place de l’affection dans l’éducation

Chaque mercredi matin, RCF diffuse sur ses ondes nationales la chronique des Salésiens. Cette semaine, le père Jean-Marie Petitclerc, salésien de Don Bosco, éducateur, coordinateur du réseau Don Bosco Action Sociale (DBAS), nous propose : « L’Amorevolezza, la place de l’affection dans l’éducation ».

« Sans affection, pas de confiance, sans confiance, pas d’éducation. » Tel est le fil rouge de la pensée éducative de Don Bosco. Rappelons qu’après la grande rationalisation du siècle des lumières, ce pédagogue a réhabilité l’affectif dans la relation éducative. Car celui-ci, qu’on le veuille ou non, est présent, et mieux vaut donc être capable de le gérer correctement plutôt que vouloir le nier. Je pense pour ma part que, si l’école aujourd’hui rencontre parfois tant de difficultés dans la gestion de groupes d’adolescents provocateurs, c’est que bon nombre d’enseignants ont été formés à la négation de cette dimension affective de la relation pédagogique. J’entends si souvent dire en salle de profs : « On n’est pas là pour les aimer ! » Pour Don Bosco, le lien de confiance avec le jeune ne peut s’établir que s’il sent que l’on porte sur lui un regard de bienveillance. Pour définir cette « affection », Jean Bosco utilisait le mot, malheureusement intraduisible en français d’« amorevolezza ».

 

Que signifie-t-il ?

C’est une affection (amore) éclairée par la volonté (volezza), autrement dit une affection raisonnée. Il s’agit pour l’éducateur de maîtriser son affectivité à l’égard du jeune, afin de trouver ce point de bonne distance et de bonne proximité avec lui. L’art de l’éducation  consiste  d’abord en l’art du positionnement : être suffisamment proche de l’enfant pour ne jamais être indifférent, et suffisamment distant pour ne pas être indifférencié. Trop de distance peut créer de la violence, le jeune voulant attirer l’attention sur lui, mais trop de proximité également, le jeune voulant se dégager de cette gangue affective qui l’emprisonne. Aussi faut-il trouver ce point de juste distance.

 

Quel est-il donc ?

La difficulté, c’est qu’il diffère d’un enfant à l’autre, l’histoire de chacun étant  complètement singulière. Ainsi, si je prends l’exemple du geste simple consistant à poser la main sur l’épaule d’un enfant, ce peut être un geste d’une très bonne proximité à l’égard de celui qui ressent le besoin que soit manifestée l’affection qu’on lui porte, mais d’une très mauvaise distance à l’égard de celui qui, ancienne victime d’abus sexuel, ne peut accepter qu’on le touche. Voilà pourquoi Don Bosco ne cessait de dire : « L’important n’est pas que le jeune soit aimé, mais qu’il se sache aimé ! »

Autrement dit, l’important ne réside jamais dans le sens que l’éducateur donne à ses mots ou l’intention qu’il prête à son geste, mais dans la manière dont l’enfant comprend le  mot utilisé et interprète le geste posé.

Lorsque j’interviens en école d’éducateurs spécialisés et qu’on m’interroge sur la possibilité de « toucher » l’enfant, je réponds « cela dépend », et quand on me demande alors « de quoi ? », je réponds : « du ressenti de l’enfant ». La boussole de l’éducateur doit toujours consister en le ressenti de l’enfant.

Je conclurai sur un point qui me paraît essentiel : l’inscription de l’éducateur dans une équipe appelée à relire sa pratique, car on est parfois soi-même un mauvais juge pour apprécier la justesse de la distance. Jean Bosco ne cessait d’insister sur cette dimension de l’équipe. J’irais jusqu’à dire que la pédagogie salésienne ne peut être mise en œuvre que par une équipe éducative, car elle pourrait ne pas être exempte de dangers si elle était mise en œuvre par un éducateur isolé.

Jean-Marie Petitclerc

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