Chef d’établissement, une belle aventure

23 septembre 2013

Chef d’établissement, une belle aventure

« Je considère avec Nadine, mon épouse, avoir donné notre vie au monde salésien » dit Alain Thiébaut qui dirige aujourd’hui l’école de Veyrier, en Suisse.  Quel regard porte-t-il sur sa mission ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je suis issu d’une famille athée

Je suis issu d’une famille athée. Papa, maman travaillaient à la fonderie. Dans mon quartier, il y avait deux bandes. C’était comme la guerre des boutons : la bande à Thiébaud et la bande à Rogno. Ça castagnait… j’ai été recousu douze fois… je me rappelle d’un instituteur qui me foutait des baffes, qui m’avait dit que j’étais une graine de prison. Et à un moment donné, j’ai croisé Maurice qui m’a dit : « Écoute, j’ai besoin d’un coup de main pour la mécanique, et puis on mangera ensemble ». Comme j’avais fait le c…, et qu’il n’y avait pas toujours de quoi manger à la maison, j’y suis allé. Et puis Maurice a commencé à me parler de Jésus. J’ai suivi le caté et, à douze ans, j’ai demandé à recevoir le baptême. Papa m’a dit : « T’as le droit. » Et je me suis aperçu que je m’étais forgé une image faussée de mon père. Dès ce jour-là, ça a tout changé à la maison ; ma sœur a été baptisée après moi. Mon père est venu à mon baptême, à mon mariage aussi ; … et là, tout doucement, il a cheminé.

 

Ma vie donnée au monde salésien

Je considère avec Nadine, mon épouse, avoir donné notre vie au monde salésien. Je ne pourrais plus être un éducateur qui ne soit pas salésien. Mes amis me disent : « T’es notre Don Bosco ! ». Pour moi, c’est d’être joyeux, attentif… Et mon souci c’est la transmission du charisme salésien à toute l’équipe.

 

La place de la prière dans ma vie

 

J’aime prier la Genèse. C’est une leçon d’éducation dans le domaine de la création ; il ne faut pas bousculer les choses ; ça alimente chez moi une affirmation. Je ne crois pas au hasard. C’est un monde organisé, pas n’importe comment, organisé sur l’amour de Dieu pour les hommes.

 

 

« Ce qui m’accroche dans le système préventif de Don Bosco :
l’affection maîtrisée »

 

Il y a « l’amorevolezza ». Dans ce terme, il y a une question d’équilibre à tenir, c’est-à-dire d’affection maîtrisée. Ça ouvre sur la liberté et la fraternité. Ma vie a été marquée par Jean Vanier, un ami avec qui j’ai travaillé 3-4 ans. Je peux prendre, dans mes bras, une femme de ménage, un enfant ou un vieillard, comme Jean Vanier le fait, avec cette affection, mais mesurée. Quand on écoute le récit de Don Bosco, on le sent ça ; il essaie de tenir l’équilibre sur une corde ; c’est l’équilibre dans une animation d’une maison.

J’ai été aussi marqué par la confiance et l’écoute que Don Bosco manifestait au contact des jeunes. Et je passe un temps fou à écouter les enfants. Ceux-ci libèrent ainsi une parole dans la confiance.

 

Ma pratique de la pédagogie salésienne : l’accueil, le mot du jour, la mise en valeur des jeunes

La notion d’accueil est importante. J’apprends à être patient face à la provocation. Il y a une citation que j’aime beaucoup et que je médite souvent : « L’essentiel n’est pas ce que l’on est, mais ce que l’on devient » C’est l’illustration de toute espérance.

Le mot du matin existe tous les matins. Dans chaque classe, l’enseignant pose un regard chrétien sur l’actualité du monde, comme l’actualité de la cour de récréation. Il arrive aussi que des élèves de CM2 viennent dire un mot du matin aux plus petits.

Le midi durant le repas, les enfants passent à tour de rôle sur la scène. Là, ils sont heureux de chanter devant les autres. Les timides osent aussi. Ils prennent confiance en eux et trouvent leur place dans le groupe.

 

Ce que j’aimerais transmettre : les sens de la fête

Même si l’avenir semble incertain, qu’il est difficile aujourd’hui de se repérer dans les valeurs humaines, il y a un outil formidable que Don Bosco avait découvert et qu’on utilise dans nos maisons salésiennes, c’est la fête.

 

C’est vrai que ce n’est pas toujours évident. Je me rappelle quand j’ai fait le clown lors d’une fête de l’école et que je venais d’apprendre que Nadine était atteinte du cancer du pancréas, on a quand même fait la fête. La fête, elle te décape, te déshabille, et ça te permet de communier. Elle te permet de surmonter les angoisses ; s’il nous est donné de faire la fête, c’est qu’il y a une graine d’espérance quelque part.

 

 

 

Propos recueillis par Vincent GRODZISKI

26 Septembre 2013

 

 

 

Témoignages