Du Campobosco 2015 aux rues de Colombie, Jefferson toujours aussi engagé auprès des jeunes

16 janvier 2022

Du Campobosco 2015 aux rues de Colombie, Jefferson toujours aussi engagé auprès des jeunes
Jefferson, devenu éducateur chez Don Bosco.

Jefferson, devenu éducateur chez Don Bosco.

Vous souvenez-vous de Jefferson, ce jeune colombien ? Il était venu passer un mois parmi nous, en 2015, lors du bicentenaire de la naissance de Don Bosco pour lancer le Programme Défi Citoyenneté. Qu’est-il devenu six ans après ? Simon-Pierre Escudéro, qui l’avait accompagné durant son périple, nous rappelle aussi son histoire.

Présent en tant que grand témoin du Campobosco en août 2015, Jefferson avait ensuite parcouru plus de six mille kilomètres pour partir à la rencontre des jeunes et des équipes éducatives du réseau scolaire et social salésien. Jefferson avait touché les communautés par son parcours, d’enfant des rues à la Mairie de la République des enfants du père Javier De Nicolo, salésien de Don Bosco. Accompagné de Juan et Diana, tous deux professeurs, son séjour franco-belge ne pouvait s’arrêter qu’à leurs seuls témoignages. Jefferson engageait une véritable réflexion sur la place des jeunes dans la relation et les projets éducatifs, au sein des établissements. Il démontrait concrètement – il en était la preuve – que les jeunes étaient capables de prendre collectivement en main le quotidien de leur vie dans les diverses structures. Juan et Diana, eux, témoignaient de la place des adultes dans la relation et de l’accompagnement à entretenir auprès des jeunes. Le Défi Citoyenneté est alors lancé avec cette question cruciale : Comment donner davantage de place et de responsabilité aux jeunes dans les maisons salésiennes ? Un état des lieux des bonnes pratiques est fait dans l’ensemble du réseau scolaire et social, à l’occasion de trois rassemblements.
Six ans après, le Défi Citoyenneté continue dans le réseau Don Bosco. Des projets sont consolidés, d’autres voient le jour, un label est créé.

 

Mais qu’est devenu Jefferson ?

Il faut revenir à la fin du mois d’août 2015. Après avoir vécu l’expérience du Campobosco, la délégation colombienne profite de quelques jours avant la rentrée scolaire pour se rendre, à la fois sur le lieu des Becchi où Don Bosco a passé son enfance, et aussi sur son lieu de mission à Turin. Assis sur la prairie du Colle Don Bosco, Jefferson partage son rêve de poursuivre des études d’éducateur : « Si je suis ici, c’est grâce au P. Javier De Nicolo et à Don Bosco, aux éducateurs qui ont donné leur vie pour les jeunes. » Il veut se mettre dans leurs pas, au service de la jeunesse colombienne en difficulté. Pour que son rêve devienne réalité, une mobilisation se met en place en lien avec les jeunes et les maisons salésiennes. Cela va permettre de réussir à trouver des fonds pour financer ses études sur cinq ans. Il fait même une sixième année de spécialisation dans le domaine du droit auprès des jeunes mamans.
En 2021, Jefferson obtient son diplôme d’éducateur. Il reconnaît qu’il a eu souvent des doutes, et en particulier quand il a reçu son premier bulletin de notes ; celui-ci n’était pas exceptionnel. Il s’est demandé alors si il en avait vraiment les capacités intellectuelles pour réussir. Pour un enfant qui a grandi dans la rue, obtenir un Bac est déjà un exploit. Rares sont ceux qui ont pu obtenir un diplôme supérieur. Il a trouvé la force de continuer grâce au soutien des personnes qui lui sont venues en aide.

 

Éducateur chez Don Bosco

Aujourd’hui, il se retrouve autour du Père Luis Fernando, salésien de Don Bosco, avec d’autres amis qui sont pour la plupart d’anciens enfants des rues. Ils ont lancé le projet « Semillas de la 14 » : un travail de rue et d’animations auprès de jeunes, proche de l’œuvre salésienne. En parallèle, l’ancien maire de la République des enfants s’investit dans un projet plus avancé, avec la même équipe et le P.Fernando : la « Maison d’Accompagnement aux Adolescents et Jeunes Migrants Vénézuéliens ».
Ces deux projets de présence éducative sur le quartier « la 14 » se formalisent au fur et à mesure du temps passé auprès des jeunes ; ceux-ci expriment alors de mieux en mieux leurs besoins. Pour soutenir ses projets, Jefferson s’est mis en lien avec la Fondation Don Bosco de France. Il y a d’abord un travail de finalisation des objectifs et aussi une recherche de fonds pour pérenniser leurs activités éducatives au service de la jeunesse.

Jefferson, en disciple du P. De Nicolo, montre une fois de plus combien un jeune qui se sait aimé est capable à son tour de donner sa vie pour le bien de la jeunesse.

Simon-Pierre ESCUDERO

Le projet Semillas de la 14 en Colombie, en lien avec l'oeuvre Salésienne de Don Bosco.Le projet « Semillas de la 14 » :
Dans le quartier 14, les enfants et adolescents s’adonnent aux petits boulots liés au trafic de drogue. Ils ne vont plus à l’école et sont livrés à eux-mêmes.
En leur proposant des activités régulières, les éducateurs espèrent connaître davantage les enfants et adolescents et porter une parole et un regard différents sur leur avenir. L’œuvre salésienne, en soutenant le projet, donne de la crédibilité aux jeunes éducateurs sur le quartier, sorte de laisser-passer. Leur présence est alors mieux respectée par les plus grands. Afin de garantir la pérennité de ce projet qui s’appellera « Semillas de la 14 » (Graines de la 14), en lien avec l’œuvre salésienne, Jefferson et ses amis en définissent les objectifs. Utilisant les compétences acquises lors de ses études, il effectue en ce moment une enquête de terrain avec la population pour proposer des activités et une prise en charge adaptée aux besoins et aux profils des enfants et adolescents.

 

Le projet« Maison d’Accompagnement aux Adolescents et Jeunes Migrants Vénézuéliens »Le projet« Maison d’Accompagnement aux Adolescents et Jeunes Migrants Vénézuéliens », où les Salésiens de Don Bosco viennent en aide aux jeunes migrants vénézueliens.
En 2020, 1 720 000 Vénézuéliens ont été recensés en Colombie, dont 330 000 résidant aujourd’hui dans la capitale colombienne. Ces migrants, régulièrement sans papier et mineurs, envoyés souvent seuls par leur famille, se retrouvent dans les favelas des quartiers conflictuels.
Il s’agit dans un premier temps d’avoir une présence éducative sur la favela grâce au travail de rue. En observant, les jeunes éducateurs se sont rendu compte qu’en fin de journée, les Vénézuéliens se retrouvaient pour jouer au basket. Ils ont donc investi cet espace pour entrer en relation avec eux. En gagnant leur confiance, ils ont proposé aux adolescents qui vivaient sans leur famille de venir habiter dans une maison gérée par les salésiens et où un éducateur pouvait être présent. Six jeunes ont alors accepté de vivre cette expérience, actuellement en phase de test. Pour les raccrocher au monde scolaire, ils ont accès à l’école « Juan Bosco Obrero » où ils peuvent trouver une formation professionnelle.

 

 

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