Don Bosco en son temps : Leonardo Murialdo et Don Bosco

6 juillet 2017

Quoique très différents par leurs origines sociales et leur éducation, Saint Jean Bosco et Saint Leonardo Murialdo se sont rencontrés dans le souci de l’éducation des jeunes pauvres et abandonnés. Ils noueront une grande amitié et collaboreront jusqu’à la fin.

 

Durant toute la semaine, Don Bosco allait à la recherche des jeunes qui vagabondaient dans les rues de la ville et il allait visiter les fabriques et les ateliers. Les gamins qui fréquentaient le Valdocco étaient désormais plusieurs centaines, l’oratoire était devenu trop petit, et Don Bosco faisait le projet d’un autre oratoire. Après moultes recherches, il avait fixé son choix sur un terrain proche de la zone de Porta Nuova, mais la propriétaire demandait une somme que Don Bosco ne pouvait pas offrir. Un jour, lors d’une de ses multiples tentatives pour faire baisser le prix, le ciel bleu se chargea soudain de nuages lourds et un orage violent éclata subitement. Prise de frayeur, la dame pria : « Mon Dieu, sauvez-moi de la foudre ! », et elle ajouta : « Don Bosco, donnez-moi ce que vous pouvez pour le terrain et la maison ». Aussitôt le ciel bleu réapparut !

Don Bosco y fonda l’Oratoire de San Luigi. Il lui fallait maintenant un prêtre pour en prendre la responsabilité. La rencontre de don Leonardo Murialdo fut providentielle. A brûle pourpoint, il l’interpella : « Monsieur l’abbé, payez-moi à dîner ». Au cours du repas, il fit comprendre l’urgence de trouver un prêtre pour diriger l’Oratoire de Porta Nuova.

Don Bosco et Don Murialdo s’appréciaient

Leonardo Murialdo était né à Turin le 26 octobre 1828, dans une famille aisée qui comptait neuf enfants. Orphelin de père à l’âge de 5 ans, il avait été éduqué dans une institution religieuse. Comme don Bosco, l’absence d’un papa lui avait donné une grande sensibilité qu’il développa, une fois prêtre, en exerçant une paternité spirituelle pour les jeunes pauvres et défavorisés.

Il avait été ordonné en 1851, et avait commencé son apostolat dans le quartier difficile de Vanchiglia, à l’Oratoire de l’Ange Gardien fondé par don Giovanni Cocchi et dirigé à ce moment par son cousin prêtre Roberto Murialdo. Il y avait côtoyé de grandes misères, on lui avait confié le soin d’enfants orphelins. Il avait hébergé dans sa propre maison un jeune ramoneur à bout de ressources.

Don Bosco et Don Murialdo ne pouvaient pas ne pas se rencontrer… et s’apprécier. L’apôtre du Valdocco le chargea de la direction de l’Oratoire Saint Louis qu’il venait de fonder dans les environs de la gare de Porta Nuova. Leonardo accepta et se mit au travail aussitôt. Les locaux étaient étroits, mal équipés. Don Murialdo puisa dans sa fortune personnelle pour les aménager, et notamment pour embellir la chapelle. Il resta à ce poste jusqu’en 1865. A ce moment, il sentit la nécessité de reprendre des études de théologie morale à St Sulpice, à Paris. Il y fera la connaissance des Conférences de St Vincent de Paul.

Former des travailleurs solidaires

A son retour à Turin, il accepta la direction du Collège des « Artigianelli », dédié à l’éducation des jeunes ouvriers et artisans. Il y mettra tout son cœur et toutes ses forces durant 34 ans, consentant d’énormes sacrifices.

Très tôt, il fonda la Confrérie laïque de Saint Joseph dont le but est l’aide et le salut de la jeunesse pauvre et abandonnée. Il ne pensait pas seulement aux besoins urgents : il voyait bien l’émergence de la classe ouvrière, et il voulait former des travailleurs solidaires et conscients de leurs droits. Il rejoignait ainsi les initiatives de Don Bosco alors en train de structurer son enseignement professionnel. Don Leonardo s’est occupé des femmes et des enfants au travail, créant l’Union des Ouvriers Catholiques en 1871. C’est grâce à lui que le mouvement associatif ouvrier catholique fit ses premiers pas dans la capitale du Piémont.

 

Il fut parmi les promoteurs des bibliothèques populaires catholiques et il fonda l’Association de la Bonne Presse, ainsi que le journal « La Voix de l’Ouvrier » (devenu actuellement « La Voce del Popolo », « La Voix du Peuple ». Il voyagea souvent dans le Sud de l’Italie pour connaître la réalité un peu partout. En 1873, il fonda la Pieuse Société de Saint Joseph. Pour ses multiples réalisations, Léonardo imita Don Bosco en organisant des loteries. Malgré la masse énorme de ses initiatives, il était resté un prêtre simple, joyeux dans sa mission.

 

En 1885, il tomba gravement malade. Les médecins unanimes n’avaient plus aucun espoir. Don Bosco, qui avait 70 ans, l’apprit. Il lui rendit visite pour lui donner sa bénédiction. Il l’assura que sa vie serait encore longue, parce qu’il avait encore beaucoup à accomplir. Ce jour là, la fièvre diminua et finit par disparaître, jusqu’à la parfaite guérison.

Infatigable, il participa à de nombreux congrès, et il fut précurseur sur certains points en Italie : la création d’un Office de logements sociaux, une Maison familiale pour ouvriers, les catéchismes du soir pour les jeunes ouvriers, la Ligue du Travail. Il écrit au maire pour dénoncer l’exploitation des jeunes travailleurs et présente un projet de réforme qui prévoit l’obligation scolaire jusqu’à 14 ans, l’abolition du travail nocturne, le respect du jour de repos, la journée de travail de 8 heures.

Il s’éteignit le 30 mars 1900, après une vie d’activité intense nourrie par la prière.

 

Famille Salésienne