Quand deux enfants juifs étaient cachés parmi les élèves de Ressins : une plaque commémorative pour se souvenir du Jeudi de l’Ascension 1944

11 mai 2024

Quand deux enfants juifs étaient cachés parmi les élèves de Ressins : une plaque commémorative pour se souvenir du Jeudi de l’Ascension 1944

Quatre-vingts ans après l’envahissement par les Allemands de la maison salésienne de Ressins à la recherche d’armes et d’enfants juifs, une plaque commémorative a été inaugurée cette semaine. Ce jour-là, deux Salésiens furent arrêtés. Ils ont été reconnus en 1996 « Justes parmi les nations ».

Jeudi 18 mai 1944, jeudi de l’Ascension, les cloches sonnent à 5h30 du matin. Que se passe-t-il au lycée Étienne-Gautier de Ressins, la maison salésienne située tout près de Roanne, sur le territoire de la commune de Nandax ? La Gestapo soupçonne l’établissement de garder des armes pour la résistance locale.


Les Allemands débarquent en nombre et évacuent avec brutalité les 150 internes de leurs dortoirs. « Rapidement, les portes claquent violemment, poussées à grands coups de bottes. Dans les escaliers, c’est la cohue. En quelques instants, les 150 élèves en tenue de nuit, tremblant de froid et de peur, sont rassemblés dans la cour intérieure sous la menace des armes« , raconte Frédéric Valois, professeur d’histoire, dans le quotidien Le Progrès.

 

Claude et Jean-Jacques

Tandis que les officiers fouillent le château à la recherche d’armes, les élèves sont contrôlés un par un par le chef de la Gestapo. Parmi eux, deux enfants juifs sont cachés, sous une fausse identité. Claude Heim et Jean-Jacques Berthier, de son vrai nom Israël Avidor, vont passer des minutes interminables. Le SS doute d’abord de leurs papiers, les questionne. Ils répondent d’une voix claire. Le soldat allemand les laisse partir. La Providence a gagné.

Deux salésiens arrêtés
Deux salésiens, le père Victor Kolmer, directeur, 56 ans (il était arrivé à Ressins en 1937 et fut le premier directeur salésien de la maison), et son adjoint, le père René Delafosse, sont arrêtés. Ils sont relâchés quelque temps après.
Dans la maison, ils sont les seuls à connaître la véritable identité d’Israël Avidor. Ils l’avaient recueilli un an plus tôt. Agé de 16 ans, Israël avait fui, avec ses parents, les pogroms de Pologne au début des années 1930 pour s’installer à Roanne où ils habitaient 12 rue Chassin-de-la-Plasse.

Une plaque commémorative
Mercredi, 80 ans après ce terrible épisode de la vie de la maison salésienne de Ressins, une cérémonie a réuni député (Antoine Vermorel-Marques), membres du conseil municipal de Nandax, chef d’établissement et équipe éducative de Ressins, ainsi que des élèves, sous le signe du souvenir.
Une plaque commémorative de ce 18 mai 1944 a été inaugurée et la chorale du lycée a interprété le Chant des Partisans.


En 1946, Israël Avidor part avec 750 rescapés des camps de concentration à bord d’un rafiot délabré. Sa femme et lui deviennent citoyens de l’Etat d’Israël naissant et font partie des fondateurs du kibboutz Kfar Hanassi, en Galilée.
Quant aux pères Kolmer (décédé en 1972) et Delafosse (décédé en 1970), ils ont été reconnus en 1996 Justes parmi les nations par Yad Vashem, institut international pour la mémoire de la Shoah. Une place de Mulhouse porte le nom du père Kolmer. En 2023, un nouveau bâtiment de la maison salésienne Don Bosco de Landser, en Alsace, a été baptisé Victor-Kolmer.

Pour en savoir plus sur le père Victor Kolmer, cliquer ici.
Et pour le père René Delafosse, cliquer ici.

 

 

Oeuvres salésiennes