L’ACIRPE, un tremplin pour reprendre goût au travail

5 mai 2016

L’ACIRPE, un tremplin pour reprendre goût au travail

La petite entreprise d’insertion, l’ACIRPE, située à Francheville à côté de Lyon, est gérée par le Valdocco. Elle salarie aujourd’hui quinze personnes en situation de précarité. Son nouveau chef de service, Mickaël Crublet, applique un type de management inspiré de la pédagogie de Don Bosco.

 

Quels sont les objectifs de l’ACIRPE ?

L’ACIRPE (Atelier Chantier d’Insertion Récupération) accompagne les salariés en réinsertion, une quinzaine environ, vers un retour à l’emploi. Ce qui les caractérise tous, c’est qu’ils ont besoin d’être « reboostés ». L’ACIRPE est un tremplin. Beaucoup manquent de confiance en eux, dans leur capacité à être employés à nouveau.

 

L’ACIRPE est maintenant à Francheville

 

ACIRPE, Atelier Chantier d’Insertion spécialisé dans les activités de recyclage, a inauguré, le 18 septembre, ses nouveaux locaux à Francheville où il vient d’emménager dans le cadre de son développement. De 8 salariés en insertion en 2014, ACIRPE en compte aujourd’hui 12 et prévoit d’en accueillir 18 à la fin de l’année.

 

Ce projet est devenu réalité grâce au soutien et à la confiance de nombreux financeurs, fondations, élus, partenaires, entreprises, au-delà de l’association-mère Le Valdocco, et à la mobilisation de nombreux salariés, bénévoles, amis du Valdocco.

Comment accompagnez-vous le retour à l’emploi ?

Dans notre perspective de développement, nous avons embauché une conseillère en Insertion Professionnelle. Il ne faut pas pour autant confondre l’ACIRPE avec Pôle Emploi car c’est par le travail qu’on aide les personnes à remettre le pied à l’étrier. L’un d’eux disait récemment : « ça a changé ma vie de me lever le matin pour venir travailler. » Ils apprécient aussi la dimension « développement durable » qui donne du sens à leur travail. L’ARCIPE essaye de rejoindre l’être humain dans sa dignité, l’aide à se sentir utile.

 

En quoi consiste le travail de récupération ?

Le pain invendu des boulangeries est transformé en chapelure pour des éleveurs, les bouchons en plastique sont triés puis envoyés à une usine qui refond le plastique pour fabriquer des salons de jardin pour l’été, les palettes de bois servent à habiller les gros containers à bouchons pour les rendre plus agréables. Il y a aussi une importante activité de lavage de gobelets en plastique : une société vend ou loue des gobelets pour de grandes manifestations comme des congrès, des matchs, des concerts… Les propriétaires ou locataires de ces gobelets demandent à l’ARCIPE de les récupérer, les laver et les leur rapporter.

 « Un management basé 
sur la confiance et sur l’alliance »

 

Comment mettre en place un management « salésien » ?

Notre pédagogie s’inspire largement de celle de Don Bosco appliquée à des adultes. Elle répond à la question : « Comment mettre en place un management basé sur la confiance et sur l’alliance ? » Contrairement à un management traditionnel avec une hiérarchie verticale, j’ai mis en place une hiérarchie horizontale : « je fais « avec », je ne suis pas au-dessus à dire comment faire.

 

Le but est de rendre les salariés pleinement acteurs. Il faut jouer sur la motivation pour les aider à reprendre confiance en eux. J’essaye d’avoir avec eux une relation de confiance tout en gardant un juste équilibre : il faut de la rigueur, sans rigidité. Il faut de la fermeté parfois, car le cadre rassure. Il faut de la souplesse sans tomber dans le laxisme. Et tout cela passe par l’écoute.

 

 

 

Accueil des condamnés

 

Habilité en 2015, l’ACIRPE accueille désormais des condamnés au Travail d’Intérêt Général (TIG). Le TIG est une mesure de prévention de la récidive : « Sanctionner en faisant exécuter, dans une démarche réparatrice, une activité non rémunérée, au profit de la société. » Les demandes arrivent par des conseillers de l’antenne de Lyon du Service pénitentiaire d’Insertion et de Probation du Rhône (SPIP) qui suivent chacun des condamnés au TIG. En 2015, ACIRPE a accueilli 4 personnes majeures.

Et comment cela se traduit-il ?

La fermeté par rapport à quelqu’un qui arrive toujours en retard c’est par exemple un salaire diminué pour cause d’absence. Un cadre est nécessaire pour ne pas trop déstabiliser, au moins au début. Un des salariés disait un jour : « on se rend compte que les chefs réfléchissent là où ils vont nous mettre au travail. » Un autre disait en faisant le lien avec le sens de sa vie : « J’suis aux bouchons et ça m’aide à faire du tri dans ma vie » et un autre : « trancher le pain, c’est aussi apprendre à trancher dans sa vie, à prendre des décisions ».

 

Cela passe par une bonne communication avec les salariés.

Des temps de formation à la communication sont aménagés pendant le temps du travail à raison d’une matinée par quinzaine, par exemple. Apprendre à gérer les émotions, à faire la différence entre un ressenti personnel et une situation objective.

 

Les cadres savent qu’ils sont devant un public fragile et ils font tout pour prévenir les risques physiques mais aussi psycho sociaux : ne pas mettre les personnes dans un endroit où ils vont être mal à l’aise, faire attention à ne pas mettre en tandem des personnes qui ont des difficultés relationnelles. Tout cela demande de l’organisation et de l’anticipation pour créer un bon climat de travail.

 

 

Propos recueillis par Joëlle DROUIN
5 mai 2016

 

 

 

 

Société