Pour une écologie authentique

4 août 2017

« Tout changement a besoin d’un chemin éducatif » plaide le Pape dans l’encyclique « Laudato Si’ ». Elèves en établissement agricole ou horticole, enseignants, mouvements de jeunesse, sont attentifs aux évolutions de l’écologie, mais il reste beaucoup à faire. Dans le réseau des établissements Don Bosco, on avance.

 

Il ne suffit plus d’avoir grandi dans une ferme, pour être paysans. On ne naît pas paysan, on le devient.

Conversion ou évolution

On devient paysan par l’acquisition de nouveaux savoirs. Cela conduit parfois à une nouvelle vision du métier. Le parcours de Jean-François Ballandras en est un bel exemple. Il a été chef d’exploitation de la ferme de Ressins. Il a commencé sa « conversion » quand il est devenu professeur en 1993. Actuellement à la retraite, il est attentif à l’évolution du lycée Etienne Gautier. « Vers 1960, tout s’est accéléré : culture intensive, sélection à outrance, mécanisation, concentration des terres, et finalement informatique. Or, le mouvement actuel ne permet pas aux organismes de suivre, de s’adapter. Les problèmes de santé se multiplient. La fertilité diminue. Il faut retrouver le rythme de la terre. »

Jean-François constate que les mentalités évoluent lentement, la remise en question est difficile. Il y a une hostilité au « bio ». Néanmoins, quand le lycée de Ressins a organisé le « Festival de l’Agriculture et du Paysage », des élèves ont osé montrer que leurs parents « font dans le bio » en tenant leur stand. Des ateliers abordaient les thèmes de l’aménagement paysager, du rucher. Le Forum des alternatives était présent, on y parlait de biodynamie, de plantes qui nous « parlent » de la qualité des sols et du changement climatique, d’agroforesterie, de biodiversité, etc. Des professeurs montrent la voie.

Parmi les lycées agricoles
du réseau Don Bosco 

Lycée Etienne Gautier de Ressins (Loire)
L’Institut Lemonnier (Caen)
Lycée horticole de Lyon-Pressin
(Saint Genis-Laval)
Le Campus de Pouillé (Angers)
Lycée Costa de Beauregard (Chambery)

Faire alliance avec le vivant : il faut respecter le cycle de la matière organique

Bernard Siveton est professeur de sciences au lycée Etienne Gautier de Ressins. Il exploite une entreprise d’élevage de vaches laitières, vend du lait, de la viande et du miel. Il propose une initiation à la vie rurale avec son « Gîte des Agrodélices du Forez ».

« Aujourd’hui, la production est abondante. Ils s’agit de se nourrir avec des produits de qualité. Cela repose sur le respect des sols – qui sont travaillés par des organismes vivants, vers, insectes, molécules. Ici on ne bouleverse plus la terre par des labours trop profonds : il faut respecter le cycle de la matière organique, l’infiniment petit, qui est créateur. C’est au système racinaire d’aller puiser les substances nutritives.

« L’enjeu de l’agriculture est de trouver un accord entre les semences et la façon de cultiver en respectant les paysages. Il s’agit ainsi pour chaque région de développer l’agriculture appropriée à sa terre. Dans la Loire, par exemple, il n’est pas question de grands espaces céréaliers. Une politique agricole qui soutiendrait les exploitations moyennes favoriserait l’emploi et maintiendrait le peuplement des campagnes. »

 

« L’important, c’est de produire du bon »

Difficile pour les jeunes de se positionner dans cette crise majeure d’un métier millénaire. Quel avenir ? Il faut avoir la foi !

Félix est en Bac Scientifique, Erwan en Bac STAV, Pierre-Marie en Bac Professionnel « Conduite et Gestion d’une Entreprise Agricole ». Ils ont entre 18 et 20 ans. Aucun des trois ne compte « reprendre » une ferme. Pierre-Marie, pourtant, était venu à Ressins avec le projet de reprendre celle de son oncle. Il travaillera dans l’entreprise familiale de fabrication de confitures du terroir.

Tous ont à cœur d’être à la fois paysans et innovants.

A l’école, on leur parle d’agrobiologie, de développement durable, mais ils restent persuadés que seule l’agriculture traditionnelle, pratiquée sur de grandes surfaces, peut répondre aux besoins d’une population de plus en plus nombreuse. Les lycéens ont fait des stages dans des fermes bio qui transforment le lait ou la viande. « C’est bien, mais ce n’est pas pour tout le monde. Cela demande plus de main d’œuvre, il y aura saturation. Et les grandes surfaces vont « s’imposer » avec leurs produits bios entre guillemets. L’important, c’est de produire du bon. » Pour le moment, la moitié des élèves est convaincu que l’agriculture biologique pourra changer les choses. Tous ont à cœur d’être à la fois paysans et innovants.

 

Pour aller plus loin

Les Journées Paysannes, l’agriculture à la lumière de l’Evangile.

Livre : Pierre Rhabi, Vers la sobriété heureuse, Babel, Actes Sud 2010.

Colibris, un mouvement citoyen

Demain, un film documentaire français réalisé par Cyril Dion et Mélanie Laurent, pour imaginer des solutions sociales et environnementales aux défis d’aujourd’hui.

Limite, revue d’écologie intégrale, publiée par de jeunes chrétiens engagés

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