Thierry Marx, chef étoilé : « Oui, Don Bosco est un modèle »

11 février 2016

Thierry Marx, chef étoilé : « Oui, Don Bosco est un modèle »

Créateur d’une école dans le 20ème arrondissement dont il est originaire, Thierry Marx considère la cuisine comme « un lien naturel et social qui peut rassembler les hommes ». C’est un homme des plateaux TV, connu du grand public. Mais ce que l’on sait moins, c’est qu’il a été au patronage salésien du quartier Ménilmontant à Paris.

 

 

Don Bosco Aujourd’hui : Faire confiance, susciter le désir, ce sont les points-clés de votre projet pédagogique ?

Thierry Marx : Oui. Aider les jeunes à bâtir un projet, à faire naitre le désir du projet. Quand il y a un projet, on n’est plus dans le comment on fait les choses, mais pourquoi on doit les faire. C’est ça qui est important, cette notion du pourquoi. Pourquoi je me mettrais à apprendre à lire et à écrire…. Quelle importance ? Mais j’ai un projet ! Et une des clés de ce projet, c’est la lecture. Du coup, tout devient facile. C’est cette énergie qui m’intéresse. C’est l’énergie du pourquoi.

 

 

C’est cette énergie que l’on devrait remettre en œuvre. Sinon les frustrations deviennent trop importantes et on n’arrive pas à passer au-dessus. Ce qui fait traverser les frustrations, c’est le projet.

 

 

D.B.A. : Vous venez d’une origine sociale très modeste. Qu’est-ce qui vous a permis de vous mettre en projet ?

T. M. : J’ai eu de la chance. J’ai rencontré des adultes, de vrais adultes, des gens qui avaient eu des trajets, de vraies vies. Des boulangers, des métallos. Ils m’ont montré des chemins que j’ai choisis, ils m’ont appris les codes.

 

Quand je suis revenu dans mes quartiers de jeunesse, je me suis rendu compte qu’on avait dilué l’adulte. Les personnes ont des emplois précaires. Il n’y a plus de possibilité d’évolution sociale. Les jeunes n’ont plus l’occasion de rencontrer des personnes qui ont des parcours bien vécus.

 

« Le jeudi, on se retrouvait tous au patronage Don Bosco »

 

Il est bien plus difficile pour les adultes aujourd’hui de montrer la voie pour des jeunes qu’auparavant. Dans mes écoles, je fais appel à des formateurs qui ont un vrai parcours de vie. Pour moi, c’est important.

Je dis aux politiques : remettons la marche économique en place et refaisons l’exemplarité des adultes, remettons l’escalier social en place, donnons une chance – égale pour tous – pour que chacun puisse avancer dans ses projets.

 

D.B.A. : Le patronage Don Bosco à Ménilmontant est un lieu que vous avez connu, fréquenté ?

T. M. : J’ai grandi dans le 20è arrondissement de Paris, au 140 rue du Ménilmontant. Le jeudi, on se retrouvait tous au patronage Don Bosco, toutes communautés confondues. C’était drôle : on apprenait le football, la musique… A cette époque-là, on ne parlait pas d’intégration. On se retrouvait avec des gens qui venaient du Maghreb et d’Afrique noire, des personnes issues des communautés juives. On se trouvait là pour partager des valeurs simples, des valeurs qui font qu’on se construit ensemble. J’ai eu beaucoup de regrets au moment de la disparition de ce patronage.

J’ai essayé de militer à un moment donné pour garder cette force vive. C’était un phare pour nous dans les années 70. C’était notre cour de récréation, on y vivait la connaissance de l’autre.

 

 

« Oui, Don Bosco est un modèle. »

 

 

D.B.A. : Lutter contre le désœuvrement des jeunes, mettre en place des conditions d’embauche acceptables… C’est un peu ce que faisait Don Bosco.

T. M. : Oui, c’est un modèle. Qu’est-ce que Don Bosco a cherché à faire ? Construire des hommes libres, les instruire. Cette formation permet d’éviter l’écueil de la frustration et d’aller suivre n’importe quel gourou venu. Il faut montrer aux jeunes qu’ils peuvent être des hommes libres et indépendants. Il y a un travail de longue haleine à faire pour remettre le travail à sa place, et surtout l’égalité. On est tous inégaux face à la vie. L’écriture de fraternité est quelque chose à quoi je tiens toujours. Ce n’est pas une écriture qui se saccade selon les époques, c’est une écriture en continu. Osons l’autre. C’est cela : Osons les autres.

L’engagement de Don Bosco, l’engagement que nous mettons en place dans les écoles, c’est l’environnement. L’environnement, ce n’est pas seulement les eaux et forêts. L’environnement, c’est l’homme. Les hommes.

 

 

Propos recueillis par Hélène BOISSIERE MABILLE
10 février 2016

 

 

Cuisine mode d’emploi
L’école de Thierry Marx

 

Située dans un quartier populaire de Paris, Ecole Mode d’emploi, est une école gratuite et exigeante, de commis de cuisine. Elle est ouverte à tous. En particulier aux personnes au parcours fragmenté. Les formations sont payées grâce aux apports de la mairie du XXè arrondissement, des mécènes, de l’État. La formation a du succès. Et pour cause : en deux mois, les stagiaires apprennent 400 recettes de cuisine. Cinq formations ont lieu par an et 95 % des stagiaires retrouvent ensuite un emploi.

 

 

 

A lire aussi sur Don Bosco Aujourd’hui….

  • Jean-Marie Peticlerc a reçu le prix de l’éthique 2013, des mains de Thierry Marx

 

 

 

Société