Sœur Anne-Flore, la basketteuse parisienne fan du PSG, a choisi de se mettre au service des jeunes, en suivant le Christ
9 mai 2024
Photo : Luc-Emmanuel Ponchard
Le 10 mai, à Bruxelles, Anne-Flore Magnan est devenue sœur salésienne pour l’éternité en s’engageant par les vœux définitifs. Comment est-elle arrivée à une telle décision ? Quel a été son parcours ? N’est-ce pas, d’une certaine façon, une folie ?
Anne-Flore a 36 ans. Elle est née à Paris « la plus belle ville du monde » nous dit-elle, dans une famille de religion catholique par tradition sociale. Elle fait un peu de catéchisme mais n’y voit aucun intérêt et ne continue pas.
En revanche, un événement la marque, fortement : l’arrivée d’un panier de basket dans la cour de récréation de son école primaire ! Anne-Flore devient passionnée de ce sport, le préfère largement à ses cours qu’elle « sèche » sans complexe. Un jour, un copain lui propose de venir jouer sur le terrain de l’aumônerie. Elle accepte pour le basket, mais ignore totalement ce qu’est une aumônerie : « Je trouvais hyper bizarre ces jeunes qui priaient, chantaient. » Au bout de six mois, elle se décide à entrer dans le local et découvre une nouvelle réalité. « J’étais hyper active, il y avait en moi de la colère, de la violence qui explosait, mais l’aumônerie était le seul endroit d’où on ne me virait pas à tout bout de champ », se souvient-elle.
Un jour de révolte, elle est envoyée dans le bureau du prêtre responsable et, derrière lui, sur le mur, elle voit un grand portrait. Ce prêtre, le père Régis Lecourt, lui dit que c’est Don Bosco, dont il met la pédagogie en œuvre dans son aumônerie. C’est pour Anne-Flore le début d’une grande amitié avec le saint de Turin.
Une transformation au contact de Dieu et des jeunes
C’est au camp de ski que se fait le déclic vers la foi : « Au début, je pensais aller faire une semaine de ski avec des copains. Je n’avais pas vu la partie « aumônerie » de ce camp : on avait tous les jours messe, temps de prière et une nuit d’adoration ! C’est là que j’ai ressenti l’amour et la présence de Dieu. C’était aussi mon premier contact avec sa Parole. » On lui propose de devenir animatrice. Elle, l’indomptable, se croit tout à fait illégitime pour ce type de fonction, on croit en elle, elle n’en revient pas. Elle accepte de relever le défi et y trouve beaucoup de bonheur. Cette mise en responsabilité pour les autres transforme sa vie et elle s’engage dans le scoutisme.
Après son bac, elle prend conscience de sa sensibilité pour les jeunes en difficulté et se lance dans une formation d’éducatrice spécialisée. Quand la question se pose à elle de devenir religieuse, elle fait tout pour la fuir. Un prêtre lui parle des sœurs salésiennes de Don Bosco. Elle ne veut pas en entendre parler… mais un jour, elle se décide quand même à chercher leur site sur internet et dépose un message : « J’aimerais mieux vous connaître ».
La provinciale lui propose de prendre un an pour aller au bout de la question. Elle accepte, persuadée que la réponse sera non. Et pourtant, à la fin de l’année, elle découvre qu’elle a envie d’être religieuse salésienne.
Sept ans plus tard, la voici impatiente d’arriver à cette étape d’éternité que sont les vœux définitifs : « La notion d’éternité, c’est ce qui est inaltérable. C’est le plongeon dans l’éternité de Dieu en permanence. Dieu s’engage avec moi et moi avec lui. Mon histoire avec Dieu, c’est une histoire d’amour. Faire ses vœux perpétuels, c’est célébrer ce que Dieu est capable de faire dans la vie de quelqu’un. »
Vendredi 10 mai 2024, devant de nombreux membres de sa famille et de la famille salésienne, et devant une quarantaine d’autres sœurs salésiennes, elle a tenu à remercier sa famille (notamment sa maman et son frère), ses amis, les jeunes rencontrés (« Chacun d’eux forge mon « être » éducatrice, chacun d’eux m’apprend à aimer« ), les sœurs salésiennes, ses amis (« Certains amis sont devenus famille. Certains sont un point d’équilibre quand il m’est donné de passer du temps avec eux, avec leurs enfants. Ils sont un complément essentiel à ma vocation religieuse.« ) et… la famille salésienne : « Elle est un don pour les jeunes, mais aussi pour l’Église universelle. Qui prendra soin des jeunes les plus en difficultés si ce n’est pas elle ? Qui donnera une place à ces jeunes dans l’Église et dans la société si ce n’est pas elle ? Donne-nous Seigneur d’être à la hauteur des jeunes que tu nous confies et savoir être famille pour chacun. »
Joëlle DROUIN