Dois-je accueillir le copain ou la copine pendant les vacances ?

24 juin 2014

Dois-je accueillir le copain ou la copine pendant les vacances ?

La question se pose un jour ou l’autre dans les familles, ce n’est pas neuf. Comment accueillir la demande de son adolescent ? Trop de réticence, et le dialogue établi patiemment au fil de longues années risque d’être abimé. Tout accepter d’emblée ressemble à une démission des responsabilités de parent.

 

 

 

La relation amoureuse à 14-15 ans, n’est évidemment pas la même qu’à 17-18 ans, où, en principe, la maturité affective est plus grande. Il faut adapter l’accompagnement de son enfant en fonction de sa situation et trouver un nouvel équilibre dans la relation. C’est le moment de lui dire qu’il a grandi, que l’on reconnait sa relation affective forte avec un garçon ou une fille, et que c’est le moment de grandir en responsabilité vis-à-vis des autres. Il est important que l’enfant sente dans l’échange d’avantage une confiance qu’une crainte.

 

Une question !  Qu’est-ce qu’aimer ?

Le parent doit aussi bien laisser le jeune agir que lui suggérer des interrogations qu’il devrait se poser sur sa relation. Par exemple, préciser ce que l’on appelle ouverture et fermeture dans une relation à deux. La richesse d’une amitié ou d’un amour, c’est de pouvoir l’ouvrir à d’autres. On peut vivre sa relation comme dans une bulle : dans ce cas, on se ferme à la vie, qui est bien plus riche que le seul couple. On passe à côté des joies de la vie de famille ou de la solidarité d’un groupe qui apporte de l’équilibre. S’aimer, c’est réaliser des actions ensemble, se donner des objectifs à partager : aller au cinéma à deux c’est bien, mais inviter des amis pour une soirée jeux c’est mieux. Et en expliquer les raisons…

Aborder ces sujets avec son enfant, c’est courir le risque de passer pour un vieux qui ne comprend rien ! Ce risque diminue si vous n’avez pas attendu son adolescence pour aborder ces sujets sensibles. Prenez patience, ayez confiance dans vos convictions ou vos intuitions. Maintenez la relation, et attendez le moment de remettre le sujet sur la table sous une autre forme, et pourquoi pas en abordant la situation du cousin avec sa copine ! …

 

Exprimer sa confiance, même si…

Il est important que l’adolescent se sente toujours en relation de confiance avec sa famille… C’est elle qui sera sa bouée de secours si un jour la relation actuelle vient à se briser. Peut-être faudra-t-il alors accueillir le chagrin d’amour tel que le jeune le vit, l’écouter pleurer son histoire (sans insister sur le fait qu’on l’avait averti) ? Il faudra sans doute l’aider à relativiser et passer le mauvais cap, sans jugement.

 

Le parent doit éviter toute intrusion dans la relation amoureuse de son enfant, c’est son jardin secret, il ne partagera que ce qu’il en voudra. Pourtant en tant que parent il convient d’accompagner son enfant avec empathie, même si la situation est quelquefois difficile à vivre pour toute la famille, notamment pour les frères et les sœurs.

 

Si vous encouragez la relation, vous pousserez votre enfant vers une relation « amoureuse » qui peut ne pas être la bonne, et vous mettrez votre ado en difficulté relationnelle. Et dans le cas où vous vous opposez à cette relation, notamment avec un jeune que vous n’appréciez pas particulièrement, votre enfant risque de s’éloigner de vous et vous ne verrez rien de son évolution. Tout se passera en dehors de la relation de confiance qui doit exister entre vous et lui. Les exemples difficiles à vivre ne manquent pas, comme des jeunes garçons ou filles de 14-15 ans qui deviennent parents sans le vouloir, car les parents n’étaient pas informés de l’avancée de relation qu’ils entretenaient… Cela n’arrive pas qu’aux autres !

 

 

Nous ? Des vieux ringards ?

Alors se pose la question de ce que j’accepte sous mon toit. La tradition de l’institution Eglise est quelquefois mal adaptée aux jeunes d’aujourd’hui. Dans certaines familles, la convention porte vers le « jamais avant le mariage » ! Soyons réalistes, aujourd’hui les jeunes peuvent être amenés à vivre une première relation sexuelle dans un lieu mal adapté : il n’y aura aucune garantie que la relation amoureuse soit intelligente et construite !

 

Pour autant dois-je tout autoriser sous mon toit ? Certainement pas ! Chaque famille suivant son histoire établira les règles qu’elle entend faire appliquer en gardant à l’esprit que le ou la jeune que l’on accueille sous son toit possède une autre histoire, une autre famille, une autre façon de faire. Le dialogue devra être clair avec les deux jeunes ensemble pour construire une relation durable entre les parents et le « couple d’amoureux ». Ne pas hésiter à expliciter et reconnaitre les différences entre les familles, sans jugement de valeur. Faire comprendre aux jeunes qu’ils devront, plus tard, à leur tour, créer eux-mêmes leurs propres règles s’ils veulent vivre ensemble. Pour l’heure vous souhaitez que leur attitude soit celle-ci ou celle-là… Soyez exigeant mais restez ouvert à la négociation…

 

Alors… on dort où ?

Dites clairement ce qui est acceptable pour votre famille, compte tenu des frères et sœurs, et peut-être de ceux qui vous accueillent pendant ces vacances, par exemple les grands parents. Posez les règles. C’est un constat que l’adolescent aura peut-être du mal à vivre, mais il est capable de comprendre vos raisons qui ne sont pas les siennes. Patience ! … C’est le moment d’exprimer vos convictions sur la relation affective et sexuelle entre un homme et une femme. En réalité, il est toujours préférable de prévenir et d’aborder « les questions qui fâchent » avant que la situation ne s’impose… Cela se passe autour d’un repas, d’un verre ou d’un café plutôt que devant une espèce de tribunal…

 

Il n’y a pas de réponse simple à la question, mais on peut mettre un peu de raison dans le moteur de l’affection. D’un côté, nous favorisons l’autonomie de nos enfants, d’un autre côté, nous avons parfois le devoir de les protéger contre eux-mêmes. L’équilibre est à trouver à chaque fois, et d’un enfant à l’autre, ce ne sera pas pareil.

 

 

 

Jean François Meurs, sdb

 

à partir des témoignages de
Denis et Bénédicte Lefevre
salésiens coopérateurs, Poitiers

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