J’ai peur de voir mon enfant partir en voyage de classe.

26 mai 2017

J’ai peur de voir mon enfant partir en voyage de classe.

L’éloignement de l’enfant, lors d’un départ en voyage scolaire ou en centre de vacances, constitue souvent une source d’angoisse pour lui et pour ses parents. Suite aux attentats, cette sensibilité s’est accrue. Alors, peur ou confiance ?

Angoisse, pour l’enfant tout d’abord, qui doit affronter la peur de l’inconnu, l’insécurité causée par la perte de ses repères habituels, l’obligation qui sera sienne d’être en lien avec des personnes qu’il ne connaît pas, camarades de son âge et adultes. Mais aussi pour ses parents qui ont l’impression de perdre la maîtrise de ce qui pourrait arriver, et l’inquiétude conduit parfois à envisager le pire.

Angoisse légitime

Une telle angoisse est renforcée par le climat actuel, rendu lourd par la menace terroriste dont le politique et les médias nous entretiennent tous les jours. La stratégie des terroristes consiste en effet à instiller la peur. Et ce serait céder à leur pouvoir que de changer notre mode de vie.

Aussi combien est-il important aujourd’hui pour les parents de ne pas se laisser submerger par cette peur au point de ne plus permettre à l’enfant de sortir du cercle familial. Il nous faut en effet rappeler l’importance, pour le développement de l’enfant, de ces sorties qui lui permettent d’élargir son horizon et de développer ses compétences relationnelles. De telles expériences contribuent à préparer son insertion dans la société. Rappelons en effet qu’éduquer (littéralement « conduire hors de ») consiste à préparer l’enfant, une fois sorti du ventre de sa mère, à sortir du cercle familial pour prendre place dans la société des hommes et des femmes de son temps.

« De telles expériences contribuent à préparer son insertion dans la société. »

Confiance nécessaire

Alors, même si la peur est légitime, – et il convient de transmettre à l’enfant des conseils de prudence (obéissance aux consignes de sécurité données par les adultes, connaissance des risques causés par des rencontres dangereuses) -, il est important de l’aider à maîtriser son angoisse de partir plutôt que la renforcer par la perception qui sera sienne de notre inquiétude.

Quelques conseils, qu’il faudra bien sûr adapter à l’âge de l’enfant, peuvent être utiles : lui faire découvrir par quelques photos (aujourd’hui c’est facile avec internet) le lieu où il va se rendre, créer du lien, avant le départ, avec les adultes qui seront responsables de lui, lui exprimer votre fierté de le voir grandir au point de pouvoir vous quitter et le rassurer sur le maintien du lien avec vous malgré la distance. Mais il ne faudrait pas (c’est le risque couru aujourd’hui avec le téléphone portable) que la permanence du lien l’empêche d’effectuer son expérience de l’autonomie.

Un mot-clef résume l’ensemble de ces conseils : la confiance. Vous devez manifester votre confiance à l’égard de votre enfant et à l’égard des adultes qui, en votre absence, vont en porter la responsabilité. Rappelons-nous en effet, – ce sera le mot de la fin -, que « sans confiance, pas d’éducation » comme le disait si bien Don Bosco.

Jean Marie Petitclerc,
Salésien de Don Bosco,
Auteur de la pédagogie de Don Bosco en 12 mots-clés

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