« La paix soit avec vous… Pourquoi êtes-vous bouleversés » ?
15 avril 2024
Image : Duccio di Buoninsegna : Apparition aux Apôtres attablés, détail de la face arrière du retable « La Maestà », 1308 – 1311 – Sienne, musée de l’œuvre du Dôme
« Comme ils en parlaient encore,
lui-même fut présent au milieu d’eux, et leur dit :
‘La paix soit avec vous !’
Saisis de frayeur et de crainte,
ils croyaient voir un esprit.
Jésus leur dit :
‘Pourquoi êtes-vous bouleversés ?
Et pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre cœur ?
Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi !
Touchez-moi, regardez :
un esprit n’a pas de chair ni d’os
comme vous constatez que j’en ai.’ »
— Evangile selon saint Luc, 24, 36-39
Voilà des paroles qui tombent bien en ce temps pascal, temps de la lumière, temps où la vie éclate et se déploie même dans la nature. Cependant, dans cet Évangile, il y a comme un mélange : frayeur, joie, étonnement, crainte, paix. Quel paradoxe !
Tout cela parait surprenant ! Oui, la résurrection de Jésus, victoire de la vie sur la mort et du bien sur le mal peut sembler en contradiction avec l’actualité et certaines réalités obscures de nos vies. Et pourtant, c’est bien au cœur de notre réalité parfois déconcertante que Jésus ressuscité nous rejoint et nous adresse une parole rassurante : « la paix soit avec vous » !
Dans le tumulte du quotidien, de ce que nous pouvons lire, voir, entendre ou vivre, sur les chemins de nos vies parfois agitées par les tempêtes de la maladie, de la séparation, de la guerre, de l’incertitude du lendemain, de la peur, de l’échec, ces paroles nous rejoignent comme un baume apaisant après un choc, « lui-même est présent au milieu de nous et nous dit : la paix soit avec vous ». La paix soit avec toi qui vis telle ou telle autre situation !
Lève le regard, fais un pas de plus en sa présence, « le Seigneur accorde à son peuple la puissance, le Seigneur bénit son peule en lui donnant la paix », nous dit le psalmiste. (cf Ps 28, 11).
Oui, pourquoi être bouleversés ? Pourquoi avoir peur ? Pourquoi être craintifs ?
Jésus nous offre la paix en germe, grand don de son amour ! Lui qui est passé de la mort à la vie en passant par l’obscurité du tombeau sait bien de quoi est-ce qu’il parle.
Pendant le temps de la montée vers pâques, nous nous sommes mis en chemin dans l’espoir de faire jaillir et rayonner cette paix.
Au cours d’un temps de réflexion autour du cheminement intérieur personnel vers la Pâques, plusieurs élèves d’un groupe de catéchèse de 6ème ont choisi de vivre : « moins de méchanceté », « moins de paroles blessantes », « moins de jugement des autres », « faire le jeûne de mes colères », « moins de critiques et plaintes », « moins de temps d’écran, moins de jeux vidéo » … J’ai été particulièrement impressionnée par la profondeur de cette démarche.
En effet, ces choix qui habitent le cœur de ces adolescents démontrent un immense désir de se tourner vers l’autre, de grandir dans l’amour de l’autre. Ce chemin d’apprentissage de l’amour est un chemin de paix ! Choisir résolument de passer du côté de la paix, d’abord en soi-même et ensuite autour de soi, pourrait permettre à la paix de gagner de plus en plus de côte.
J’aime bien le principe de la pierre jetée qui s’enfonce dans l’eau produisant des anneaux sur une surface d’eau calme et lisse, chaque anneau faisant passer à son voisin un peu d’énergie.
« La paix soit avec vous … »
En ce temps pascal, la paix est comme ce caillou jeté à l’eau par Jésus, dans l’eau de nos vies ; l’énergie du caillou que nous avons absorbée est appelée à se propager autour de nous, chaque vaguelette entrainant une autre vaguelette, propageant alentour un peu de paix reçue.
Pâques : laissons germer, grandir et fleurir cette paix au fond de nous et elle rayonnera autour de nous car, « qui sème la paix, moissonne le bonheur » (Ostin O’Malley).
Et si on devenait tous, chacun à son niveau, des passeurs de paix ?
Soeur Edith Mawakam
Salésienne de Don Bosco
Communauté de Lyon