Marie-Dominique Mazzarello par Sr Sandrine Gilles

13 mai 2021

Aujourd’hui nous fêtons sainte Marie-Dominique Mazzarello (9 mai 1837-13 mai 1881, co-fondatrice des sœurs salésiennes avec Don Bosco). Que peut nous dire Marie-Dominique en ce temps de pandémie, de crise économique alors que nous vivons au rythme des confinements, déconfinements partiels, re-confinement, re-déconfinement… ? Peut-être qu’elle peut nous apprendre à rebondir dans l’épreuve.

Des épreuves, Marie-Dominique en a connues. En 1860, à 23 ans, elle tombe malade du typhus. Même si elle guérit, elle perd ses forces physiques et tout ce qui faisait ses repères dans la vie. Elle ne peut plus travailler dans les vignes avec son père comme elle en avait l’habitude et se retrouve obligée de réorienter ses projets de vie et de tracer un autre chemin. Quand elle devient religieuse, elle doit affronter l’hostilité, les calomnies, les médisances… Plus tard, quand l’Institut des Filles de Marie Auxiliatrice se développe. Elle vit un nouveau déracinement avec le déménagement de Mornèse à Nizza en 1879. Elle quitte tout ce qu’elle a toujours connu pour pouvoir grandir.

Toutes ces expériences ont en commun l’incertitude : l’incertitude face à l’avenir, mais aussi l’incertitude du présent. Que devient ma vie ? Que deviennent mes projets ? Vers quoi est-ce que je me dirige ? Marie-Dominique peut nous apprendre à traverser cette incertitude.

Face à ces expériences d’épreuve et d’incertitude, elle réagit en mettant en œuvre trois attitudes.
La SIMPLICITÉ.

Marie-Dominique réagit avec simplicité. Elle regarde ce qui arrive avec beaucoup de bon sens et de réalisme. Elle ne va pas cacher les difficultés. Au contraire, elle les regarde en face et n’hésite pas à appeler un chat un chat. Mais, en même temps, elle ne fait pas tourner tout autour de ces difficultés. Elle n’en fait pas un motif de plaintes et de lamentations continuelles. Elle ne tourne pas autour de la blessure, du manque. Après avoir nommé les choses, elle avance.

Elle choisit d’avancer par la CONFIANCE.

Une seconde caractéristique de sa manière de rebondir dans l’épreuve, c’est en effet cette confiance en Dieu et dans les autres qu’elle conserve tout au long de sa vie. Marie-Dominique a confiance en Dieu car, tout au fond d’elle-même, elle se sait profondément aimée. Elle peut donc faire appui sur cet amour de Dieu pour elle. Confiance dans les autres : Marie-Dominique n’a jamais avancé seule. Dès le départ de son œuvre, elle travaille avec son amie Pétronille Mazzarello et, rapidement, avec quelques autres jeunes femmes de Mornèse. Lorsqu’elles commencent à vivre avec quelques jeunes orphelines, cela crée des tensions et des calomnies dans le groupe de jeunes femmes dont elles faisaient partie. Certaines pensent que Marie-Dominique veut se mettre en avant. Elle est écartée le temps que les esprits s’apaisent. Malgré cet exil douloureux, elle peut continuer grâce à la confiance en Pétronille et en la communauté éducative naissante autour de l’œuvre.

Cette confiance et cette simplicité permettent de mettre en œuvre toutes les ressources de sa CRÉATIVITÉ.

Quand Marie-Dominique est confrontée à la pauvreté, qu’on vient la trouver en lui disant : « Il n’y a rien à manger pour ce soir pour les jeunes et pour les sœurs », elle transforme ce problème en fête. « Allons dans les bois avec les élèves et ramassons les châtaignes ! » Les jeunes courent, crient, s’amusent comme des petites folles et cela devient une fête. Quand il faut faire la lessive à la rivière (qui ne se trouve pas tout près de la maison), elle transforme cela en excursion, en occasion de rire, de plaisanter, de se connaître autrement. Après la maladie, au moment de réorienter sa vie, là aussi c’est sa créativité qui entre en jeu. Comment puis-je encore être au service des jeunes, de mon village ? Je vais apprendre la couture afin de pouvoir apprendre aux filles un métier pour qu’elles puissent vivre leur vie dignement et leur donner une éducation : leur apprendre à aimer le Seigneur et surtout leur apprendre qu’elles sont aimées, leur donner cette confiance en elles.

Bref, Marie-Dominique utilise ces trois attitudes pour rebondir dans l’épreuve : la simplicité de regarder et dire les choses comme elles sont sans pour autant les ressasser, la confiance en Dieu, dans les autres, dans ses propres capacités, et la créativité. Puissions-nous, nous aussi, nous lancer en toute simplicité, en toute confiance et en toute créativité en nous appuyant sur le socle de l’amour du Seigneur et en gardant en main la boussole de l’amour des autres ! Bonne journée et bonne fête !

Sr Sandrine Gilles

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