Dix jeunes salésiens de Don Bosco en formation au Maroc : le dialogue dans un monde musulman

30 janvier 2018

Dix jeunes salésiens de Don Bosco en formation au Maroc : le dialogue dans un monde musulman

« À ceux qui cherchent la paix, l’Eglise désire répondre dans un dialogue fraternel » (Concile Vatican II) : c’est l’esprit et la raison de la communauté et de l’école salésienne de Kénitra, au Maroc. Début janvier, 10 jeunes salésiens y sont allés dans le cadre de leur formation religieuse. Témoignage d’Emmanuel Petit.

 

Pendant notre rencontre avec les parents d’élèves de l’école Don Bosco de Kenitra, le personnel enseignant et éducatif, les paroles ont fusé : « Lorsque je sens que ça ne va plus à la maison, je dis à mes enfants : « Attention !, je vais te changer d’école », et tout rentre dans l’ordre ! » « Ici, l’éducation c’est pas du jeu, c’est du sérieux ». « Il y a 1001 écoles pour apprendre, mais pour éduquer, il y a Don Bosco ! »

« Il y a 1001 écoles pour apprendre, mais pour éduquer, il y a Don Bosco »

Comment mieux dire combien la pédagogie salésienne est appréciée à l’école de Kénitra ? Nous avons pu le constater par nous-mêmes : dès le premier pas sur la cours, tous les enfants se pressent pour venir nous saluer. L’ambiance de famille, l’engagement des adultes, et l’entraide des jeunes sont immédiatement palpables. Le « système préventif » vécu par don Bosco s’est merveilleusement planté et épanoui en cette terre Nord Africaine. Pourquoi ? Certainement parce que nous nous retrouvons quand, nous « protégeons et promouvons ensemble, pour tous les hommes, la justice sociale, les valeurs morales, la paix et la liberté. »

« La pédagogie de Don Bosco apporte quelque chose d’universel »

A côté de l’école et du collège, il y a la JUK : 150 élèves en électricité-maintenance, la JUK-Spel, et 30 élèves en aide-à-la-personne, la JUK-CFF. Ce sont au même titre deux magnifiques pépites. Trois anecdotes suffiront pour l’illustrer. Nous étions invités à donner le mot du matin aux jeunes de la JUK-Spel, et nous avons vu le père Isidore, salésien et directeur, sortir dans la rue appeler ses élèves : un vrai pasteur ! Un de ses adjoints n’est pas en reste : « Cette école donne le goût d’apprendre. Les jeunes se rendent compte que, finalement, ils ne sont pas bêtes. La JUK donne cette opportunité de reconnaître ses propres capacités. » De même à la JUK-CFF, les 30 élèves trouvent une formation d’éducatrice. L’une d’entre elles témoignaient : « Depuis le début de cette formation, même ma vie de mère, je la vis différemment ! » Sans compter qu’elles animent régulièrement les petits de la maternelle de l’école Sainte Famille, rattachée à l’ensemble Don Bosco.

 

« Ma plus grande joie, ce sont ces 3000 jeunes à la messe de Noël à Casablanca »

3000 jeunes à la messe… Comment ? Parle-t-on bien du Maroc ? Nous vous citons l’archevêque de Rabat, qui part cette année à la retraite, bientôt remplacé par… un salésien espagnol qui a dirigé l’école de Kénitra pendant sept ans, le Père Cristobal. Il ne s’agit pas d’une horde soudaine de vacanciers, mais des milliers d’étudiants qui viennent de toute l’Afrique subsaharienne étudier au Maroc, dans ses universités prestigieuses. Parmi eux, de nombreux chrétiens. A tel point que le diocèse a relancé la pastorale des vocations, avec un salésien d’ailleurs, le Père Samuel, arrivé il y a un an à Kenitra. Imaginez la fierté de l’archevêque lorsqu’il a entendu à la conférence des évêques africains : « Nous devons à l’Eglise du Maroc une grande reconnaissance. En effet, nous envoyons au Maroc des adolescents, ils nous reviennent en adultes sûrs de leur foi, et investis dans leur communautés. »

Arrivent aussi des migrants, en transit ou choisissant de s’installer. Le gouvernement Marocain en a déjà régularisé 25000, et pense à plus. Certains sont aidés par les salésiens, qui ont investi dans un appartement à cent mètres de la communauté, pour les accueillir et les accompagner. Ils trouvent du travail souvent dans les BTPs, accueillis par des anciens conscients des enjeux.

 

Le dialogue inter-religieux fait partie de la mission évangélisatrice de l’Eglise

Nous avons touché du doigt cette réalité du dialogue inter-religieux à Rabat : depuis quelques années, il y a un centre œcuménique de niveau universitaire, dirigé par un pasteur de l’Eglise Unie de France, passé par la commission biblique internationale. Le centre dispense la licence canonique de théologie. Bien entendu, les cours sont adaptés pour prendre en compte la réalité de l’Afrique du Nord, ce qui invite à une ouverture très enrichissante. Ajoutons un module très appréciée des animateurs de toutes ces églises évangéliques créées pour et par les étudiants subsahariens. Ainsi se retrouvent sur les mêmes bancs des gens de tous horizons chrétiens, souvent jeunes, et qui vivent en deux ans un intense temps de conversion et de maturation, souvent avec de grandes responsabilités. Passionnant pour les formateurs !

Famille Salésienne