Don Bosco en son temps : Faà di Bruno

20 juillet 2017

« Aux tout premiers temps de l’oratoire, on voyait arriver presque tous les lundis un capitaine du génie, lequel, après avoir déposé son épée, se confessait, servait la messe et communiait. Nous en étions tous édifiés » raconte le Père Jean-Baptiste Francesia.

 

C’était le capitaine Faà di Bruno, professeur de mathématiques à l’université. Don Bosco et lui furent de grands amis.

Francesco Faà di Bruno est né à Alessandria le 9 mars 1825, dans une famille aristocratique, dernier des douze enfants de Ludovico Faà di Bruno et la très noble Carolina Sappa dei Milanesi. Bruno est une petite commune du pays d’Asti où se trouvait le château familial. En 1846, il termine 5 années d’études à l’Académie militaire de Turin avec le grade de lieutenant du Royal Corps d’Etat-major. Il a 21 ans. Il participe avec ardeur à la première guerre d’indépendance italienne (1848). Très doué pour les mathématiques, il est nommé officier d’état-major, spécialisé en géographie et en cartographie. Il travaille avec Le Verrier : leurs calculs conduisent à la découverte de la planète Neptune par Galle en 1846.

Elégant officier

Elégant officier de l’armée, Francesco Faà di Bruno fait sensation dans les salons de l’aristocratie piémontaise. Pourtant, il préfère fréquenter le Valdocco et se trouver au milieu des garçons qui mettent de l’animation dans les cours de Don Bosco. Francesco a toujours été attiré par la prêtrise, et Don Bosco l’encourage en ce sens.

Lors de la défaite de Novare (1849), il est témoin de la souffrance et de l’angoisse des jeunes soldats blessés ou mourants et cela refroidit son enthousiasme ; il est lui-même blessé. Décoré, il est nommé capitaine. En 1853, il quitte l’habit militaire, et il interrompt ainsi une brillante carrière : le mouvement du « Risorgimento », la renaissance du sentiment national, prenait une tournure décidément anticatholique, et cela ne lui plaît pas ! D’autre part, il se passionne pour les mathématiques. Il s’installe à Paris où il obtient la maîtrise en mathématiques et astronomie. Rentré à Turin, il est professeur à l’Université, mais jamais il ne sera professeur en titre à cause de l’atmosphère anticléricale. C’est l’époque où la science et la foi paraissent incompatibles. Il publie sur divers sujets et poursuit ses recherches, notamment sur une formule mathématique qui porte son nom.

Professeur et prêtre

Influencé par Don Bosco, il se laisse toucher par la situation sociale déplorable de l’époque, spécialement des femmes, fragilisées par leurs conditions de vie : domestiques, filles-mères, prostituées, femmes âgées ou infirmes. Pour elles, il crée en 1859 une œuvre qu’il met sous le patronage de sainte Zita, patronne des domestiques, pour leur promotion sociale et spirituelle. « Il organise la naissance d’une véritable “ville de la femme”, équipée d’écoles, d’ateliers, de pensionnats, d’une infirmerie, ayant tous leur propre règlement. Dans cette initiative courageuse et prophétique, il se donne tout entier et dépense tous les biens de sa famille. » (Jean-Paul II lors de sa béatification en 1988). Pour l’aider dans ce travail en faveur des femmes, il crée la congrégation des “Sœurs Minimes de Notre-Dame du Suffrage”.

En 1862, il fonde un lycée privé où Don Bosco enverra ses meilleurs élèves qui doivent obtenir des titres reconnus par l’Etat. Faà di Bruno ne pense pas seulement aux jeunes : il ouvre un pensionnat pour les prêtres qui doivent vivre loin de chez eux, parfois au milieu de personnes hostiles, pour des raisons d’études ou divers engagements.

Scientifique reconnu

Il fait construire, d’après ses propres dessins, une église dédiée à Notre Dame du Suffrage près de Sainte Zita. Cette œuvre contribue à faire mûrir en lui la vocation sacerdotale. En 1875, – il a 50 ans -, il décide de devenir prêtre. Ce projet rencontre l’opposition de l’archevêque Lorenzo Gastaldi pour qui un laïc professeur d’université et homme de foi est un témoignage plus utile. Francesco Faà cherche des appuis : chez le père Carpignano, son confesseur, qui est aussi celui de Gastaldi, chez l’évêque d’Alessandria, et chez Don Bosco. Sur conseils de certains, il se rend chez le pape lui-même. Il est muni d’une lettre de Don Bosco adressée au vicaire de Rome Mons. Giulio Lenti : « Je prends la liberté de présenter un des meilleurs catholiques de notre ville… Je vous le recommande afin que vous l’assistiez dans sa demande…». Dans une lettre où il répond à Francesco Faà, il l’assure que le pape le connaît plus qu’il ne croit. Don Bosco sert encore de médiateur au moment de l’ordination elle-même qui a lieu à Rome en octobre 1876. Cette année-là, le savant publie également son ouvrage scientifique le plus important : “Théorie des formes binaires” (Paris 1876).

En 1888, âgé de 63 ans, il meurt brusquement, suite à une infection intestinale. Son ami Don Bosco l’avait précédé de deux mois le 31 janvier. Sa congrégation sera enfin reconnue en 1893 avec les premières professions religieuses.

 

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