La foi de Guy Dermond. Les jeunes l’appellent : Rabbi

2 janvier 2014

La foi de Guy Dermond. Les jeunes l’appellent :  Rabbi

Certains l’appellent « Rabbi Guy », car l’hébreu nourrit son quotidien et fait partie de son personnage. Le Père Guy Dermond, salésien de Don Bosco, animateur au Centre Spirituel Don Bosco de Farnières, s’immerge dans la langue de l’Ancien Testament depuis des années et en a fait la pierre d’angle de sa vie spirituelle et de son enseignement.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

NOUVEAUTE !
sur le site

 

Vous pouvez lire et « respirer » les textes de Guy Dermond dans la rubrique « Spiritualité » sur notre site. Tous les 15 jours de nouveaux textes sont publiés.

 

« Respiration » ce sont des textes pour faire une pause spirituelle dans sa journée, à lire seul ou à plusieurs.

 

DBA : Comment en es-tu arrivé à étudier l’hébreu ?

Guy Dermond : Quelque chose m’a toujours manqué dans la prière des psaumes, je n’étais pas super emballé par les textes, et dès avant la théologie, je trouvais que la connaissance de l’Ancien Testament restait très pauvre, les commentaires répétaient des généralités. Ne parlons pas des dogmes, dont les formules figées et abstraites ne sont d’aucun éclairage pour la vie concrète. Alors que je vivais dans la communauté de Bruxelles-Centre, des amis m’ont poussé à aller écouter les conférences de M. Abecassis. Durant trois ans, ses commentaires sur les liens entre le Nouveau et l’Ancien Testament m’ont beaucoup éclairé. J’ai décidé d’étudier la langue, et j’ai commencé avec les sœurs de Sion, dont sœur Hélène Fournier, une personne remarquable.

 

DBA : Quelles ont été tes découvertes ?

G.D : J’ai d’abord compris que rien ne valait de pouvoir partir du texte lui-même plutôt que de ses traductions et commentaires. La plupart des traductions des psaumes, par exemple, se font à partir du texte latin ou grec, et sont marquées par les sensibilités de ces deux cultures. Les choix des traducteurs sont tributaires des centres d’intérêt et des questions de cette époque. Repartir du texte permet d’être attentif à de nouvelles significations à partir des situations et des questions actuelles. Ainsi, la Bible restera toujours inépuisable, source de nouveauté, ouverte à la créativité.

 

« J’écris sous une poussée intérieure, dans un élan de prière »

 

J’ai commencé par retraduire les psaumes ou le Cantique, puis à réécrire ces textes, comme le suggère la tradition juive, en les actualisant. M’est venue ensuite l’idée d’écrire mes propres textes, des poèmes, à partir de mes rencontres, de la contemplation de la nature, d’expériences personnelles. J’écris sous une poussée intérieure, dans un élan de prière. Cette créativité est née peu à peu, après une bonne dizaine d’années d’étude. 

 

DBA : Ce travail permet-il de mieux rencontrer Dieu ?

G.D. : En effet, ce travail permet de travailler nos images de Dieu dans le sens d’une ouverture, d’une sortie d’une religion qui culpabilise ou infantilise. Des « notions » changent. Par exemple, le mot « sauver » devient : « ouvrir des espaces de liberté ». Ce n’est pas la guérison miraculeuse qui est mise en vedette, mais le déclenchement d’une vie plus intense. Dans cette perspective, même dans la mort, il y a un espace de vie, on peut vivre un passage plus intense, plus authentique.

 

DBA : Les évangiles ne sont pas écrits en hébreu, mais en grec. Comment l’hébreu a-t-il une influence sur la lecture du Nouveau Testament ?

G.D : Les images foisonnent dans la Bible. Il faut se méfier du sens littéral et des images : la colombe intervient pour parler de fidélité, de connaissance lucide. Marcher sur les eaux comme le fait Jésus n’est plus un exploit qui dérange les lois de la physique : il faut comprendre que Jésus n’est pas englouti par ses angoisses, ses peurs, ses déceptions, ses révoltes, mais il maîtrise ses émotions, il domine le mal. Après cela, il marche vers son destin, qui se jouera à Jérusalem, avec énergie et détermination : le texte dit qu’il durcit son visage, et de fait, il aura à partir de ce moment davantage de phrases coupantes, d’affirmations absolues. Ce n’est plus le moment d’annoncer la paix, il parle alors de glaive et de catastrophe.

 

DBA : Comment le travail de l’hébreu est-il un atout pour la pastorale des familles et particulièrement pour ton travail avec les jeunes.

G.D : La nouveauté joue beaucoup, ils n’ont jamais entendu ce type d’explication et cela renouvelle leur intérêt. Evidemment ce n’est qu’un registre de mes enseignements, mais les habitués attendent ce moment, c’est aussi un peu un jeu… Par contre, l’anthropologie qui est sous-jacente au texte de la Genèse et à la Bible, et qui est symbolisée dans le chandelier à sept branches, est vraiment pour moi, et pour les participants, une base de réflexion sur soi, sur les autres et sur Dieu. Et le chandelier est un bon ancrage pour la mémoire. Je travaille les émotions à partir des deuxième et cinquième jours de la création. Lorsque j’explique l’importance et la valeur du nom, je fais une célébration où les trois lettres du mot « shem » sont dessinées avec des lumières ou avec des papiers de couleurs. Les jeunes sont curieux, et ils sont avides de trouver de nouvelles clés pour ouvrir de nouvelles portes.

 

Jean-François MEURS

19 décembre 2013

 

 

 

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Famille Salésienne