Lionel Gireault : le point de vue d’un directeur des études sur le colloque international

5 novembre 2015

Lionel Gireault : le point de vue d’un directeur des études sur le colloque international

Que peut retenir un directeur des études d’un colloque international sur Don Bosco ? Pour Lionel Gireault de l’Institut Lemonnier, la participation au colloque des 14-16 octobre a été un véritable ressourcement. Soucieux de faire vivre les intuitions pédagogiques de Don Bosco au sein du lycée professionnel de Caen, ce colloque des 14-16 octobre a été pour lui une occasion de « vérifier le cap avant de reprendre la route ».

 

« J’ai trouvé un ressourcement dans les mots de la pensée salésienne : la Confiance, la Raison, l’Affection, l’Alliance, l’Accompagnement, la Prévention, la Citoyenneté, la Fraternité.

 

Entre la fidélité et l’actualité des réponses

Ressourcement dans les mots, parce que les entendre de nouveau prononcés, se confronter de nouveau à eux et à leur complexité, a été l’occasion pour moi de faire un peu de clarté, de relire des situations vécues au quotidien et à chaque fois de se poser la question de la pertinence – c’est-à-dire du juste équilibre entre la fidélité et l’actualité des réponses. De ce point de vue, j’ai vécu ce colloque comme un « bain de jouvence », une occasion de m’arrêter un peu sur le chemin et vérifier le cap avant de reprendre la route.

 

Comment concilier des approches éducatives contradictoires ?

A écouter ces éminents spécialistes, je me suis pris moi-même au jeu du « débat des mots », ceux qui sont le quotidien de tout enseignant aujourd’hui.

 

Dans le « face-à-face pédagogique », la « transmission de savoirs et de savoir-faire », « enseigner », « relation maître-élève , la « réserve et la distanciation », le « que veux-tu faire plus tard ? », je crois pouvoir dire qu’ils conditionnent une relation éducative orientée toute entière vers l’efficacité, conçue comme un critère et un objectif, prélude d’une insertion sociale et professionnelle réussie… et l’on sait bien alors quelles épreuves doivent traverser les jeunes qui, pour une raison ou une autre, ne rentrent pas dans ce parcours.

 

Alors que dans le « côte-à-côte pédagogique » ; le « savoir-être » ; l’« éduquer », les « collaborateurs » ; la « proximité et la confiance » ; le « qui veux-tu être plus tard ? », je suis persuadé qu’ils portent une relation éducative toute entière orientée vers l’humain. L’efficacité n’étant ici qu’un outil au service de la réalisation de soi au milieu des autres et grâce à eux.

 

 

« C’est lorsque l’enseignant et l’élève ont conscience
d’avancer ensemble et d’apprendre l’un de l’autre,
qu’ils peuvent alors tracer de nouvelles perspectives. »

 

 

Il ne s’agit pas, bien sûr, d’opposer ces deux approches éducatives : elles doivent être considérées comme complémentaires (de même que l’efficacité économique ne peut être opposée à l’intérêt humain, mais le servir bien au contraire). Le débat se situe plutôt sur le niveau de priorité qu’on accorde aujourd’hui à l’une et à l’autre dans notre système éducatif et là, il faut bien reconnaître que la première reste dominante. La seconde approche éducative ne porte pas en elle toutes les réponses à la complexité de notre monde, mais au moins offre-t-elle un « phare », un point de référence : l’humain. C’est lorsque l’enseignant et l’élève ont conscience d’avancer ensemble et d’apprendre l’un de l’autre, qu’ils peuvent alors tracer de nouvelles perspectives, fonder des valeurs communes, proposer – pourquoi pas ? – un autre avenir.

 

Le monde de demain est à construire

Nous formons aujourd’hui dans nos écoles les acteurs du monde de demain. Nous devons avoir l’audace de leur tenir ce discours de « subversion positive » et surtout de le mettre en œuvre, en actions, au quotidien :

  • Comment, dans nos maisons, fait-on avancer l’engagement des jeunes, l’apprentissage de la citoyenneté active ?
  • Comment s’éloigne-t-on du face-à-face pédagogique pour faire vivre le « côte-à-côte » ?
  • Comment aidons-nous chaque jeune à définir qui il veut être avant de dire ce qu’il veut faire ?
  • Comment ouvrons-nous nos portes aux jeunes – et aux moins jeunes –
    dont tout le monde pense qu’ils « n’ont pas leur place ici » ?
  • Comment faisons-nous vivre, croyants et non-croyants réunis, cette fraternité

 

J’ai trouvé dans ce colloque les échos de mes propres préoccupations d’enseignant et d’éducateur et de nouvelles raisons de poursuivre l’œuvre de Don Bosco. »

 

 

Lionel Gireault
Directeur des Etudes – Lycée Professionnel Institut Lemonnier – Caen
05 novembre 2015

 

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Oeuvres salésiennes