Va quitte ton pays : en image et en parole par les élèves de Bruxelles

25 septembre 2014

Va quitte ton pays : en image et en parole par les élèves de Bruxelles

Le livre « Va quitte ton pays » est publié par l’Institut Don Bosco de Bruxelles, écrit par les élèves et édité par les étudiants de la section Art Graphique. La chose n’est pas courante. C’est le fruit d’une aventure qui a embarqué professeurs et élèves. Au départ, une campagne « Va, quitte ton pays », proposée par les responsables de la pastorale dans les écoles du pays, illustrée par les élèves du secondaire, et diffusée dans l’enseignement catholique. Elle fut primée en 2013. Aujourd’hui elle se prolonge par et dans ce livre « Va quitte ton pays. Ose un autre ailleurs ». Stéphane Allard, directeur adjoint de l’Institut, nous raconte sa genèse.

 

 

« Il y a quelques années, nous recevions un élève pour commenter un bulletin, par ailleurs satisfaisant ! Le professeur de religion avait mis un commentaire élogieux et, par curiosité sincère, une question a surgi :  » Es-tu croyant ?  » La réponse de l’élève, accompagnée d’un sourire poli et un peu gêné, consista à rappeler qu’il faisait des études scientifiques, qu’il était un  » bon élève intelligent  » et qu’il n’était donc pas du tout enclin à « croire encore à Saint-Nicolas « . Ce même élève, en récréation, quelques semaines plus tard, lisait avec attention son horoscope. La conversation qui suivit, n’eut pas pour objectif de lui faire reconsidérer sa foi en Saint-Nicolas, mais de lui faire prendre conscience qu’il avait été un peu léger sur la façon dont il avait abordé la question religieuse.

 

« Il faut commencer par rendre les choses visibles. »

 

« Le cours de religion propose des réponses, un questionnement, mais la rencontre avec ce jeune nous avait démontré que le cours de religion ne pouvait pas tout résoudre. La foi est une démarche qui se trouve au bout de l’action. Il faut commencer par rendre les choses visibles.

 

« Va, quitte ton pays » est le point de départ de l’aventure

« Marc Bourgois, responsable de la pastorale, vient à nous parler de la manière dont les campagnes de pastorale s’orchestrent au sein du Secrétariat de l’Enseignement Catholique, nous lui faisons découvrir la section industrie des arts graphiques. Un projet nait : l’école va s’occuper de la prochaine campagne de création d’affiches. La commande est importante, on la prend très au sérieux. On réunit plusieurs classes, le thème  » Va, quitte ton pays  » est le point de départ, il faut créer le reste. Comment illustrer ça ? Comment le dire, qu’est-ce que ça veut dire ? C’est l’individu par rapport à lui-même, face aux autres, c’est le déracinement, c’est l’enracinement, c’est l’étranger qui se met en danger, c’est le sens de l’accueil… le travail se fait comme si on avait eu une commande pour vendre une nouvelle voiture, mais les questions qui se posent sont d’une tout autre qualité et nous nous retrouvons devant des élèves qui vivent un vrai questionnement spirituel.

 

« L’action est ce qui a fait renaître une réflexion spirituelle dans notre école »

 

« Ce travail a apporté deux choses, aux élèves qui l’ont réalisé. La première, celle pour laquelle cette tâche avait été acceptée avec enthousiasme par l’école, c’est l’apprentissage des techniques qui permettent de transformer un  » thème  » en une réalisation graphique qui l’illustre de manière compréhensible et séduisante. La seconde, c’est d’avoir travaillé pour comprendre et vivre de l’intérieur la question d’un thème pastoral.

 

 

« Se plaindre du recul de la foi est semblable au regret de ne pas voir de fumée sortir de la cheminée alors que le problème est qu’il fait froid dans la maison. Les adultes se plaignent, les jeunes attendent ou comblent leurs manques avec les réponses toutes faites que leur propose notre société de consommation. Nos élèves croient plus en leur horoscope ou en leur chance de gagner au Loto qu’en Dieu. La réponse n’est pas dans la réponse, mais elle est dans la question, dans la manière de faire naître la question. La foi ne se donne pas, elle ne se transmet pas, elle se vit. La question a ici pris la forme d’un  » agir professionnel « .

 

« La campagne finie, la question demeure. Comment les autres écoles ont-elles vécu ce thème, les affiches ont-elles été bien comprises ? L’idée d’une suite à donner au travail germe et c’est ce livre qui en est l’expression. Quand la question se vit, elle se survit. Le projet a germé et a eu des conséquences inattendues. L’action a précédé la réflexion et c’est peut-être ce qui a pu faire renaître une réflexion spirituelle de qualité dans nos écoles, vivre et agir. »

  

 

Bernadette Devillé, directrice de l’Institut Don Bosco 

Stéphane Allard, directeur adjoint

Institut Don Bosco Bruxelle, Woluwé-Saint-Pierre

26 septembre 2014

 

 

 

VA QUITTE TON PAYS – EXTRAITS

 

« Je suis arrivé en Belgique à 12 ans et Bruxelles a contribué à l’oportunité de m’ouvrir aux autres. La campagne de création d’affiches est depuis l’image concrète de mon parcours. Elle me colle à la peau. »

Karol Cepowicz, 20 ans, p. 15

 

« Quand on parle de partir, souvent les gens prennent peur. Ils disent : Pourquoi faire ? Pour aller où ? Parce qu’ils ont peur de casser leur quotidien, ce qu’ils connaissent bien et ce qui leur est confortable. Mais je pense que partir est parfois une bonne chose. »

Anouk Lalande, 15 ans, p. 47

 

« Pour moi, étant une personne handicapée, j’attache beaucoup d’importance au sous thème « être l’étranger », il m’est souvent arrivé d’avoir le sentiment de ne pas être à ma place. »

Grégoire Carbonez, 15 ans, p. 57

 

« Va, quitte ton pays. Ose un autre ailleurs ».
Collectif, Pré-texte Don Bosco.

 Pour se procurer le livre, contacter l’école.


 

 

 

Oeuvres salésiennes