« Un copain de temps en temps, ça me fait du bien ! »

16 décembre 2008

« Un copain de temps en temps, ça me fait du bien ! »

Réponse de Roger Burggraeve, sdb. « Pour le moment, j’investis beaucoup avec mon copain. Je sais que cela ne durera pas, mais ça nous fait du bien… » Que penser de cette position ? Cette attitude est partagée par beaucoup de jeunes qui se lancent dans l’aventure des expériences sexuelles. Pourquoi ? Qu’est ce que cela leur apporte ?

 

Juste une relation intime intense

Les jeunes vivent leurs relations naissantes comme des relations d’exploration. Ils n’excluent pas un engagement possible, mais ce n’est pas leur affaire, ils ne se sentent pas capables de s’engager. Ils font preuve de réalisme : la stabilité affective qui peut garantir leur liberté de choix n’est pas encore acquise. Et donc, on continue de vivre chez papa et maman, mais on réserve le week-end pour une relation intime intense, qui n’est que cela : une expérience relationnelle affective.

 

« Enfin, j’existe aux yeux de quelqu’un »

Chacun y gagne quelque chose, une meilleure estime de soi : comme la rose du Petit Prince, j’existe comme quelqu’un d’unique, élu entre tous. J’existe aussi aux yeux du groupe : les jeunes aiment que les copains les voient ensemble, et si cela suscite de la jalousie, c’est encore mieux !

 

Une priorité : se sentir bien

 
Cette relation n’est pas vécue comme un processus d’apprentissage pour l’avenir : c’est un événement intense qui doit, dans le présent réaliser toute sa force et toute sa valeur. Carpe diem ! Il n’y a qu’une seule règle : se sentir bien. Une prioité : ça doit être cool. Il est vrai qu’implicitement, les grandes règles morales doivent être respectées : pas de violence, pas de mensonge, pas d’exploitation, et en plus, éviter le Sida et les grossesses.

 

D’autre part, il y a un contrat implicite, la relation doit être symétrique et réciproque : j’attends de toi des satisfactions, et tu es en droit d’en attendre autant de ma part. Si ce « bon ressenti » disparaît, la relation cesse, elle n’a plus de raison. Le seul avenir envisageable est de pouvoir répéter ce sentiment, et au mieux de l’intensifier. Mais, souvent, ces expériences ne sont pas envisagées comme la source d’un projet de vie, la construction d’une histoire : c’est trop risqué.

L’adulte a une parole à dire

 
Il reste que vous, en tant qu’adultes, vous avez une parole à dire sur leur expérience et les convictions qu’ils se sont forgés. Car vivre des essais et des échecs successifs, cela détruit justement ce qu’on croyait construire : dévalorisation de soi, « je ne suis pas capable d’accrocher quelqu’un pour toujours, ni d’aimer pour toujours ». Et puis, on finit par s’ennuyer ensemble car, au fond, on n’a rien à se raconter, le passé ne compte pas, ni l’avenir.

Il n’y a pas que l’amour !

 

Il faut encourager les jeunes à développer le monde enrichissant de la camaraderie et de l’amitié où l’on apprend plus librement que dans les relations intimes à manier ses propres sentiments et ceux des autres. L’école ne peut zapper ce rôle de socialisation.

 

Toutes les formes de relations sont importantes…

Les jeunes le disent : « Une des meilleures choses qui me soit arrivée est de faire partie d’un mouvement de jeunesse ». Il faut de ces lieux où l’on construit une culture de la relation.

Intervention de Roger BURGGRAEVE,

Salésien de Don Bosco

conseillé des évêques flamands

en matière de morale et de bioéthique

enseignant à l’Institut de catéchèse Lumen Vitae de Bruxelles

14 février 2013

 


 


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