Heureux les cœurs miséricordieux : et si c’était ça, la sainteté ?

4 novembre 2023

Heureux les cœurs miséricordieux : et si c’était ça, la sainteté ?

Sœur Anne-Flore Magnan.

Mot du soir prononcé le lundi 30 octobre, lors du week-end Don Bosco Jeunes et Familles de Samoëns, lors de la veillée spirituelle, autour de la cinquième béatitude, « Heureux les cœurs miséricordieux  car ils obtiendront miséricorde ».

Qu’est-ce que la miséricorde ? misère + corda, le cœur. Heureux les cœurs qui accueillent la misère, qui laissent entrer la misère qu’ils rencontrent, qu’ils vivent. Misère aux 1000 visages : misère des corps meurtris et abîmés, misère des cœurs blessés, misère de nos fragilités.

Nous pourrions dire « heureux les cœurs compatissants ».  Compatir, c’est souffrir avec. Ce verbe n’est pas rien. Souffrir avec, c’est se laisser transformer par la souffrance de l’autre, se laisser bouleverser, renverser par la souffrance de l’autre.

Une psychologue que je connais bien répète souvent qu’on ne peut pas donner ce que l’on n’a pas reçu. Je crois que c’est vrai. Comment compatir avec l’autre si on n’a pas déjà expérimenté la compassion de quelqu’un envers nous ? Comment consoler si on n’a pas été consolé ? Comment aimer si l’on n’a pas été aimé ?

Heureusement, il y en a un qui nous aime depuis toujours et pour toujours de manière inconditionnelle. Qui nous console, qui souffre avec nous, qui compatit avec nous. Dieu lui-même est touché dans ses entrailles lorsque nous souffrons. Il pleure avec nous, il se réjouit avec nous. Rien de ce que l’on vit et de ce que l’on est n’est étranger au Seigneur. Pourquoi Don Bosco insistait autant auprès de ses jeunes sur le sacrement de la confession ? Car c’est le sacrement de la miséricorde, de la compassion de Dieu pour nous. C’est Dieu qui nous prend dans ses bras pour nous dire combien Il nous aime. Et pour beaucoup de jeunes de Don Bosco, qui n’avaient plus de parents ou qui avaient connu de lourdes difficultés en famille, c’était l’occasion pour eux de goûter à cette compassion de Dieu.

Don Bosco était lui-même touché dans ses entrailles par la misère que vivaient ses jeunes. Je dois dire que c’est la caractéristique qui me touche le plus chez Don Bosco. La compassion miséricordieuse est une béatitude dynamique, en mouvement, il s’agit de faire et d’être. Se faire proche et être proche, poser des actes qui engendrent l’amour ! Oser se poser cette question en vérité : est-ce que ce que je fais fait grandir l’amour ou tue l’amour ?

La miséricorde, c’est l’état d’âme de celui qui ne peut voir la misère sans la mettre dans son cœur.

Heureux toi, le miséricordieux, heureux es-tu si la misère des autres touche ton cœur, heureux es-tu si tu ne le juges pas et si comme le Bon Samaritain, tu te fais proche, tu te penches vers l’autre, tu lui tends la main pour panser les plaies de la vie. Heureux es-tu si tu n’as pas peur de ta propre misère et ne crois pas qu’elle va éloigner Dieu. Il n’y a rien qui puisse éloigner Dieu de toi, il n’y a que toi qui puisses t’éloigner de lui.

C’est peut-être ça finalement la sainteté : ne pas s’effrayer de la misère, la nôtre, celle des autres, mais la prendre avec nous pour se laisser transformer par elle et transformer le monde. Une sorte de révolution de l’amour et de la tendresse.

 

Sœur Anne-Flore Magnan
Salésienne de Don Bosco

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