Si le covid m’avait fait perdre le goût de la vie ?

5 novembre 2020

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Voilà que ce matin, je réfléchissais au fait que le covid entraine une perte de goût. je me disais que ça devait être triste une vie sans saveur. Mais en fait, si le covid m’avait fait perdre le goût de la vie ?

Ah oui, la vie était tellement plus savoureuse avant. Il y avait un goût piquant, relevé, comme épicé des soirées entre amis qui étaient faites de fous-rire et d’histoires à gogo. Un goût tellement réconfortant, une saveur de notre enfance des déjeuners en famille, chez nos grands-parents, où ils nous racontaient leurs histoires de jeunesse. Un goût de sucré, comme un bonbon, saveur l’insouciance, temps où l’on faisait des projets sans imaginer une seconde qu’ils pourraient être remis en cause, quand on imaginait des voyages et des découvertes sans interruption.

Alors je m’imaginais au restaurant, privée de toutes ces saveurs et obligée de choisir le plat « confinement », et j’en prendrai une double-portion, évidemment. Les autres me diraient : « T’es folle, il est fade ce plat, sans saveur, ennuyeux, comme lorsque l’on oublie le sel qui pourrait relever. » D’autres le trouveraient rance, comme du beurre qui a trop trainé. « Il a un mauvais goût qui te reste dans la bouche et dont tu peux pas te débarrasser, qui dure bien trop longtemps. »

Mais aventurière, je décide de goûter à ce plat confinement en crise sanitaire. Et quelle ne fut pas ma surprise ! Je découvrais des goûts insoupçonnés. Tout d’abord, le goût de la nouveauté, comme quand on découvre un aliment pour la première fois ; ça éveille les papilles ; ça pique la curiosité. Ah oui ! Ce confinement avait ce goût d’inattendu, d’inédit. Et même si l’on parle aujourd’hui de reconfinement, je garde dans ma tête et dans mon cœur cet inédit et bien ancré en moi l’espoir qu’il ne soit pas un goût auquel on s’habitue. Mais il avait aussi le goût d’un plat qui a mijoté longtemps, un bon plat en sauce pour lequel on a pris le temps. Ce goût, de la patience, de la langueur du temps, voilà que je le redécouvrais et que c’était bon.

Ce plat avait aussi parfois un goût sucré, un goût de réconfort, le chocolat chaud sous le plaid des longues après-midi confinées à regarder des films. Ca faisait longtemps que je n’avais pas goûté cette saveur. Et j’ai redécouvert plein d’autres saveurs : la douceur du thé fumant autour de discussions avec mes proches, ceux avec qui je suis confinée. La saveur des gâteaux apéritifs des apéros en visio avec mes amis et ma famille, dont je prends soin à distance. La joie du goût du plat cuisiné, que je n’aurai jamais fait dans d’autres circonstances mais qui me permet de découvrir de nouveaux talents. La saveur de cette soupe, que j’ai pris le temps de faire et qui me permet de montrer à mes proches que j’ai envie de prendre soin d’eux.

Alors oui ! Pendant ce confinement les goûts sont différents. Ils sont inédits ; ils sont nouveaux ; ils sont parfois durs à accepter, comme un enfant qui recrache les premiers plats qu’il goute, mais ils sont aussi doux et égayent nos vies.

Non le covid ne m’a pas fait perdre le goût de la vie ! il m’en a fait découvrir d’autres, que je n’ai pas envie d’oublier. Je suis sure qu’après, comme ils le disent dans tant d’émissions culinaires, mes plats seront plus équilibrés. Alors pas de confinement sans saveur. Redonnons du goût à nos vies pour ne pas oublier de la croquer à pleine dents !

Marie

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