Une semaine avec « mon pied » (1)

6 novembre 2017

Mon cher pied,

Tu es sans doute le premier à t’étonner que je t’écrive. C’est vrai, après 19 ans de vie commune en tête à tête, ou plutôt en tête à pied, on pourrait croire que l’on n’a plus rien à se dire. Mais s’est-on jamais vraiment dit quelque chose ? Discret, tu me conduis d’un pas ferme où que j’aille, sans même broncher face à mes manques d’attention. Tu t’amuses juste lorsque, quand je trébuche, tu prends pour l’espace d’un instant la place du sommet de mon corps. Mais, humblement, tu reprends toujours ta fonction au plus près du sol. En me tenant droit sur toi qui me soutiens, je prends soudainement conscience qu’en fait c’est toi, mon pied, qui me définis. Le bipède que je suis n’aurait aucun sens sans toi. Dans les hautes profondeurs de ma boîte crânienne, il me semble alors évident que depuis ta modeste place, tu es sans aucun doute ce qui me rend le plus humain. Je me suis donc dit que je te devais bien ces quelques mots.

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