Une semaine avec « mon pied » (4)

Je me rends compte que, toi, mon pied, tu es fait pour être en contact direct avec le tangible, libre de toutes enveloppes qui protègent et enferment à la fois, chaussures dans lesquelles tu ramollis et fermentes ne te faisant plus remarquer que par un fumet nauséabond.

C’est sans aucun doute en courant libre sur les rochers, en nageant, en dansant sur le sable, en jouant au ballon dans l’herbe que tu prends ton pied ! Je te parle au singulier mais je sais que c’est avec l’intense complicité de celui qui te ressemble tellement mais qui est pourtant bien différent que tu t’amuses et avances. Tu te laisses déséquilibrer, emportant tout mon corps sachant que l’autre sera toujours là pour rétablir l’équilibre et réciproquement. Le mouvement est pour toi essentiel. Infatigable itinérant, notre devenir est sur la route et comme Abraham, tu ne sais pas résister à l’appel de Dieu.